[CRITIQUE/RESSORTIE] : Buffalo Bill et les Indiens
Réalisateur : Robert Altman
Acteurs : Paul Newman, Joel Grey, Kevin McCarthy, Harvey Keitel, Geraldine Chaplin, Burt Lancaster,...
Distributeur : Splendor Films
Budget : -
Genre : Comédie, Western.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h00min.
Date de sortie : 24 septembre 1976
Date de ressortie : 19 février 2025
Synopsis :
1885. William F. Cody, dit Buffalo Bill, règne sur le Wild West Show, spectacle grandeur nature qui relate la vie des pionniers à l’époque de la Frontière et les exploits de son héros chevelu. Afin de renouveler son show, Buffalo Bill fait libérer Sitting Bull, le vainqueur de la bataille de Little Big Horn, pour lui faire jouer son propre rôle.
Critique :
Si l'on ne rigolait pas avec le Zohan (on a les références qu'on mérite), au cœur des années 70, on rigolait encore moins avec Robert Altman (tout ça pour une rime faisandé, vive la poésie), période faste pour un cinéaste iconoclaste qui y concocta quelques petites pépites non conventionnelles et satiriques : Brewster McCloud, McCabe and Mrs. Miller, The Long Goodbye, California Split où encore M*A*S*H et Nashville, autant de péloches qui ont bousculées le genre tout en faisant de même avec les attentes de son auditoire.
Concocté à la suite du succès des deux films précédemment cités, Buffalo Bill et les Indiens (Ours d'or à Berlin, c'est toujours sexy sur le C.V), (très) librement adapté par la pièce de Broadway Indians d'Arthur Kopit (dont il expurge tout le propos véhément sur la guerre du Vietnam, déjà sujet de M*A*S*H) et chapeauté aux côtés d'un Dino De Laurentiis pas forcément conscient de ce qu'il allait produire, était lui presque condamné à l'incompréhension et au rejet (comme à chaque fois que l'on replace l'Amérique face à ses défauts et contradictions), tant il croque moins une réflexion sur les prémisses du spectacle et du show-business, qu'une réflexion sur la fondation même du mythe américain, ce besoin irrépressible de toute une culture d'avoir ses propres mythes et sa propre histoire.
Faux western mais vraie comédie chorale captivante, sensiblement dans l'ombre du 8½ de Fellini, le film attache donc sa réflexion sur une double représentation-réalité intimement miroirs, elle tout d'abord d'une représentation fictive, la leçon d'histoire dégainée par le Wild West Show, symbole des créateurs de mythe (avec un mythe lui-même en vedette, Paul Newman), du divertissement bigger than life dont il embrasse l'imaginaire avant d'en fustiger les actions, d'en pointer tout l'aspect factice.
Puis celle, plus large, d'une société américaine qui a toujours eu soif de divertissement mais aussi et surtout, qui s'est tout autant créé une image positive d'elle-même (atténuer la violence, toujours réelle, d'un pays né dans le sang et les larmes) et du rêve qu'elle peut susciter (une envie de soutenir les histoires qu'elle voulait entendre, à l'image même d'Hollywood où se qui y est créé est plus fort même que la réalité), des représentations répétées sont devenues une vérité irréfutable, même face aux infidélités historiques qui le sont tout autant.
Une histoire fictive sur les créateurs d'histoires produite par une fabrique à histoires sortie l’année du bicentenaire (!), on a rarement connu aussi subversif, même chez un Robert Altman qui a pour habitude de découdre une à une les étoiles du drapeau américain, pour pointer la vérité derrière.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Paul Newman, Joel Grey, Kevin McCarthy, Harvey Keitel, Geraldine Chaplin, Burt Lancaster,...
Distributeur : Splendor Films
Budget : -
Genre : Comédie, Western.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h00min.
Date de sortie : 24 septembre 1976
Date de ressortie : 19 février 2025
Synopsis :
1885. William F. Cody, dit Buffalo Bill, règne sur le Wild West Show, spectacle grandeur nature qui relate la vie des pionniers à l’époque de la Frontière et les exploits de son héros chevelu. Afin de renouveler son show, Buffalo Bill fait libérer Sitting Bull, le vainqueur de la bataille de Little Big Horn, pour lui faire jouer son propre rôle.
Critique :
Faux western mais vraie comédie chorale et subversive captivante sensiblement dans l'ombre du 8½ de Fellini, #BuffaloBillEtLesIndiens démontre avec brio la propension d'Altman de découdre une à une et avec minutie les étoiles du drapeau américain, pour pointer la vérité derrière. pic.twitter.com/Pf34iEqx3u
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 23, 2025
Si l'on ne rigolait pas avec le Zohan (on a les références qu'on mérite), au cœur des années 70, on rigolait encore moins avec Robert Altman (tout ça pour une rime faisandé, vive la poésie), période faste pour un cinéaste iconoclaste qui y concocta quelques petites pépites non conventionnelles et satiriques : Brewster McCloud, McCabe and Mrs. Miller, The Long Goodbye, California Split où encore M*A*S*H et Nashville, autant de péloches qui ont bousculées le genre tout en faisant de même avec les attentes de son auditoire.
Concocté à la suite du succès des deux films précédemment cités, Buffalo Bill et les Indiens (Ours d'or à Berlin, c'est toujours sexy sur le C.V), (très) librement adapté par la pièce de Broadway Indians d'Arthur Kopit (dont il expurge tout le propos véhément sur la guerre du Vietnam, déjà sujet de M*A*S*H) et chapeauté aux côtés d'un Dino De Laurentiis pas forcément conscient de ce qu'il allait produire, était lui presque condamné à l'incompréhension et au rejet (comme à chaque fois que l'on replace l'Amérique face à ses défauts et contradictions), tant il croque moins une réflexion sur les prémisses du spectacle et du show-business, qu'une réflexion sur la fondation même du mythe américain, ce besoin irrépressible de toute une culture d'avoir ses propres mythes et sa propre histoire.
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NZ/Collection Christophel |
Faux western mais vraie comédie chorale captivante, sensiblement dans l'ombre du 8½ de Fellini, le film attache donc sa réflexion sur une double représentation-réalité intimement miroirs, elle tout d'abord d'une représentation fictive, la leçon d'histoire dégainée par le Wild West Show, symbole des créateurs de mythe (avec un mythe lui-même en vedette, Paul Newman), du divertissement bigger than life dont il embrasse l'imaginaire avant d'en fustiger les actions, d'en pointer tout l'aspect factice.
Puis celle, plus large, d'une société américaine qui a toujours eu soif de divertissement mais aussi et surtout, qui s'est tout autant créé une image positive d'elle-même (atténuer la violence, toujours réelle, d'un pays né dans le sang et les larmes) et du rêve qu'elle peut susciter (une envie de soutenir les histoires qu'elle voulait entendre, à l'image même d'Hollywood où se qui y est créé est plus fort même que la réalité), des représentations répétées sont devenues une vérité irréfutable, même face aux infidélités historiques qui le sont tout autant.
Une histoire fictive sur les créateurs d'histoires produite par une fabrique à histoires sortie l’année du bicentenaire (!), on a rarement connu aussi subversif, même chez un Robert Altman qui a pour habitude de découdre une à une les étoiles du drapeau américain, pour pointer la vérité derrière.
Jonathan Chevrier