[CRITIQUE] : Exit 8
Réalisateur : Genki Kawamura
Acteurs : Kazunari Ninomiya, Yamato Kôchi, Naru Asanuma, Kotone Hanase,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Un homme piégé dans un couloir de métro cherche la sortie numéro 8. Pour la trouver, il faut traquer les anomalies. S’il en voit une, il fait demi-tour. S’il n’en voit aucune, il continue. S’il se trompe, il est renvoyé à son point de départ. Parviendra-t-il à sortir de ce couloir sans fin ?
Si l'on est un tant soit peu honnête, que l'on soit aficionados du matériau d'origine où non, il n'y a plus forcément grand chose à atteindre d'une adaptation cinématographique d'un jeu vidéo populaire aujourd'hui, la faute à une opération de destruction massive savamment orchestrée par une Hollywood derrière quelques transpositions au mieux regardables, au pire difficilement défendables (coucou PlayStation Productions).
En ce sens, la logique voudrait qu'il soit impossible - où pas loin - d'attendre quoique ce soit d'une arrivée expéditive sur grand écran du jeu Exit 8 de Kotake Create (adoubé par la dernière réunion cannoise - en Séance de Minuit -, pour ne rien gâcher à la fête), petit jeu vidéo d'horreur indépendant au succès inattendu en 2023, par un conteur de rêves aussi éclectique que talentueux tel que Genki Kawamura (dont on avait beaucoup aimé le premier long-métrage, N'oubliez pas les fleurs), sauf que... pas du tout tant dès la bande annonce, Kawamura semblait s'être extirpé du cercle vicieux du trivial (voire même d'une vue subjective qui avait tout d'une bonne idée empoisonnée) pour signer une adaptation anxiogène et aux petits oignons, d'un songe à la répétition obsessionnelle.
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Bonne pioche, tant le film aux doux accents kafkaïen incarne un joli morceau d'horreur psychologico-existentiel et parabolique à l'efficacité redoutable, vissé sur un pitch à la fois minimaliste et solide qui assume totalement ses contours sournoisement absurdes (piégé dans un couloir de métro apparemment sans fin et cherchant désespérément la sortie numéro 8, un homme doit traquer les anomalies autour de lui - et faire demi-tour lorsqu'il en détecte une - pour s'en sortir), pour mieux triturer une angoisse quotidienne universelle (qui n'a jamais eu peur de ne jamais pouvoir retrouver son chemin ?), à travers le malheur d'une figure sensiblement passive, obligée d'agir et d'assumer ses actes comme ses responsabilités, dans cette immense purgatoire moderne et glacial tout en couloirs carrelés, métaphore du ruban de Möbius où l'irrationalité se fait rationnel.
Symbole d'un espace urbain à la fois fou et uniforme se transformant en une prison diabolique où les âmes sont cloîtrées dans une routine agressive et mortelle, Exit 8, qui a même le bon ton de ne pas se vautrer dans son dernier tiers (comme tous les clones du Cube de Vincenzo Natali, depuis deux décennies), est un petit bonbon acidulé ludique et imprévisible qui nous ferait presque reconsidérer que Châtelet-Les-Halles n'est pas le pire des enfers sur terre - on déconne, c'est faux.
Jonathan Chevrier