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[CRITIQUE] : The Surfer

Copyright 2024 THE SURFER PRODUCTIONS PTY LTD AND LOVELY PRODUCTIONS LIMITED

Réalisateur : Lorcan Finnegan
Avec : Nicolas Cage, Julian McMahon, Nicholas Cassim, Miranda Tapsell,...
Distributeur : The Jokers Films
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Australien, Irlandais.
Durée : 1h39min

Synopsis :
Un homme revient sur la plage de son enfance pour y surfer avec son fils, mais un gang local les menace.

Critique :



Force est d'avouer qu'il nous est obligé de prendre pour acquis le fait que Nicolas Cage, même s'il a su retrouver le chemin de salles obscures ne voulant plus trop de lui pendant une bonne frange des années 2010, ne s'est jamais - et ne compte jamais - totalement dépêtré de la mélasse des DTV de luxe difficilement défendables qui a jonché sa filmographie récente, à tel point qu'il ne cesse de figurer à la distribution de quelques panouilles uniquement où presque bâties sur son propre nom, d'autant qu'il ne cesse d'annoncer que son temps dans le septième art, est compté.

Un tigre ne change jamais ses marques où, plus communément, un comédien aussi malin ne crache pas sur quelques chèques à multiples zéros, après tout, ça met encore un petit peu plus du beurre dans les épinards et le bonhomme n'a plus rien à prouver à personne, sauf peut-être à lui-même, quitte donc à se challenger un peu à l'occasion.

Copyright 2024 THE SURFER PRODUCTIONS PTY LTD AND LOVELY PRODUCTIONS LIMITED

Et de challenge, il en est définitivement question avec le joli morceau d'Ozploitation qu'incarne The Surfer, estampillé nouvel effort de l'honnête faiseur Lorcan Finnegan (que l'on attendait pas forcément sur un tel projet, tant mieux), qui convoque l'ultra-violence et l'ambiguïté du cinéma des 70s dans son rapport de force malade entre deux incarnations d'une masculinité toxique sournoisement célébré, au cœur d'une société patriarcale dont la perversité dépasse sensiblement les limites des plages australiennes.

Citant amoureusement Kotcheff comme Roeg dans ce qui s'affirme comme un thriller psychologique et parabolique virant organiquement vers le survival, et définitivement bien plus malin que ne le laisse présager ses prémisses mi-inquiétantes, mi-ridiculeusement sadiques (un père de famille se voit refuser le droit, par des locaux agressifs, de surfer sur la plage où il a grandi et où il envisage de racheter la maison de son enfance); le film tisse tout du long une solide descente aux enfers tout en humiliations, en violences et en obsession (quand bien même l'issue de cette odyssée schizophrène est un poil trop vite perceptible pour son bien), d'un courtier en costume débordant d'idéologie et de nostalgie (renouer avec son passé comme pour mieux tisser à nouveau des liens avec un fils qu'il ne voit que trop peu à la suite de son divorce) qui se transformant lentement mais sûrement en animal déformé par sa " mission " surréaliste.

Copyright Arenamedia

Cauchemar sauce huis clos à ciel ouvert gentiment amer et pervers (même s'il aurait pu pousser les potards encore un poil plus loin), sur la monomanie pathologique d'un homme déconstruit de manière à la fois ironique et étrange par le conformisme, dominé par la performance halluciné d'un Nic Cage des grands jours (auquel répond un terrifiant et imposant Julian McMahon bronzé et à poncho); The Surfer se fait un pur midnight movie malin et divertissant sur la mémoire refoulée, le sens moralement biaisé de l'identité locale australienne (que l'on peut plaquer à peu près partout) et les vérités néfastes - et particulièrement violente - de la masculinité toxique et de l'hypermasculinité.

Totalement le genre de séance brutale et surréaliste que l'on attendait pas, et qui vaut décemment son pesant de pop-corn.


Jonathan Chevrier