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[CRITIQUE] : L’homme de la cave

Réalisateur : Philippe Le Guay
Acteur : François Cluzet, Jérémie Renier, Bérénice Bejo, Jonathan Zaccaï,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h54min

Synopsis :
À  Paris, Simon et Hélène décident de vendre une cave dans l’immeuble où ils habitent. Un homme, au passé trouble, l’achète et s’y installe sans prévenir. Peu à peu, sa présence va bouleverser la vie du couple.



Critique :


Du 6ème étage à la cave - toujours parisienne -, il n'y a définitivement qu'un pas que tout semble opposer au coeur de la filmographie de Philippe Le Guay, et encore plus les notions d'humanité.
De retour trois ans après Normandie Nue et toujours avec François Cluzet au casting titre, le cinéaste s'inspire d’un fait divers arrivé à un couple d'amis proches pour nourrir l'intrigue de son nouveau long-métrage, L'homme de la Cave; un thriller psychologique un brin scolaire mais surtout douloureusement inscrit dans l'air du temps, tant il convoque un antisémitisme latent qui refait peu à peu surface dans notre actualité (qu'il n'a finalement jamais totalement quitté au fil du temps), ou même à une manipulation des faits historiques mêlée à une incitation à la haine qui, qu'on le veuille ou non, est exacerbée dans l'hexagone depuis quelques temps (la crise des filles jaunes couplée à la pandémie du Covid-19).

Copyright Caroline Bottaro

Tissé autour de la façon lente et destructrice comment un négationniste et antisémite assumé s'insinue dans le quotidien d'une famille ou la mémoire de l'Holocauste est encore vivace, à coup de manipulation diverses et perverses (comme de profiter d'une jeunesse en quête de repères et facilement influençable), le film croque une réflexion passionnante même si lourde en symbolisme (même si souvent pertinent, comme la progression de la moisissure dans l'appartement Sandberg, métaphore de l'emprise malsaine qui s'immisce autour d'eux), sur la France d'aujourd'hui, la manière dont les politiques diverses ont autant construit un climat austère propice à la haine et à la méfiance/haine de l'autre qu'au négationnisme (dont la diabolisation n'a fait que renforcer son importance).
Dense quitte à parfois se perdre dans un prisme trop large pour son bien (jusqu'à un dénouement attendu brutale mais un poil décevant), roulant fièrement sa bosse avec un récit subtilement nuancé et une atmosphère anxiogène rappelant parfois le superbe Monsieur Klein de Joseph Losey; L'homme de la Cave arpente un terrain glissant très peu abordé par le cinéma hexagonal, et sans sors mieux que bien, en grande partie grâce à la partition habitée de François Cluzet, dans un contre-emploi radical, auquel répond la performance nuancée du couple Jérémie Rénier/Bérénice Bejo.


Jonathan Chevrier



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