[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #147. Semaine du 17 au 23 octobre
Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 17 Octobre au 23 Octobre.
Dimanche 17 Octobre.
Phantom Thread de Paul Thomas Anderson sur Arte.
Dans le Londres des années 50, le couturier de renom Reynolds Woodcock et sa sœur Cyril règnent sur le monde de la mode anglaise. Ils habillent aussi bien les familles royales que les stars de cinéma, les riches héritières ou le gratin de la haute société. Les femmes vont et viennent dans la vie de ce célibataire aussi célèbre qu’endurci, lui servant à la fois de muses et de compagnes jusqu’au jour où la jeune et très déterminée Alma ne les supplante toutes pour y prendre une place centrale…
Derrière la rigueur du corset Andersonien, cinéaste où les détails n’ont jamais rien d’innocent, plane l’ombre d’une œuvre tout entière. Hitchcock. Le maitre est là, partout. Dans ce sentiment amoureux devenant perversité mortifère. Dans cette sœur semblant sortir de Rebecca. Dans cette Muse qui ici, se fait habiller pour mieux la contrôler avant qu’elle ne devienne une créature effrayante. Hitchock encore dans cette ultime scène, splendide, superbe et obsédante où la lenteur se fait suspens et nous fout quelques sueurs froides. Oui, Phantom Thread est un pur chef-d’œuvre, aussi classieux que farouchement menaçant.
Mardi 19 Octobre.
Dans le Londres des années 50, le couturier de renom Reynolds Woodcock et sa sœur Cyril règnent sur le monde de la mode anglaise. Ils habillent aussi bien les familles royales que les stars de cinéma, les riches héritières ou le gratin de la haute société. Les femmes vont et viennent dans la vie de ce célibataire aussi célèbre qu’endurci, lui servant à la fois de muses et de compagnes jusqu’au jour où la jeune et très déterminée Alma ne les supplante toutes pour y prendre une place centrale…
Derrière la rigueur du corset Andersonien, cinéaste où les détails n’ont jamais rien d’innocent, plane l’ombre d’une œuvre tout entière. Hitchcock. Le maitre est là, partout. Dans ce sentiment amoureux devenant perversité mortifère. Dans cette sœur semblant sortir de Rebecca. Dans cette Muse qui ici, se fait habiller pour mieux la contrôler avant qu’elle ne devienne une créature effrayante. Hitchock encore dans cette ultime scène, splendide, superbe et obsédante où la lenteur se fait suspens et nous fout quelques sueurs froides. Oui, Phantom Thread est un pur chef-d’œuvre, aussi classieux que farouchement menaçant.
Mardi 19 Octobre.
L’homme qui tua Liberty Valance de John Ford sur C8.
Le sénateur Randsom Stoddard a fait le déplacement pour assister à l’enterrement de Tom Doniphon. Interrogé par les journalistes sur les raisons de sa présence à la cérémonie, il raconte son arrivée dans l’Ouest. Sauvagement battu par le bandit Liberty Valance, le jeune juriste Stoddard fut alors pris en amitié par Tom Doniphon. Ce dernier lui enseigna la seule loi qui prévaut dans la région : celle des colts.
Évoquant, détaillant, analysant comment cette idée de l’Ouest, avec sa sauvagerie et sa légende est entrain de laisser place à un pays en construction, avec ses lois et sa propre histoire, L’homme qui tua Liberty Valance prend l’apparence d’un enterrement. L’enterrement d’une époque, mais plus encore d’un certain cinéma, le western et donc c’est presque les funérailles mêmes d’un cinéaste. Gorgée d’une grande mélancolie, l’œuvre est d’une splendide puissance tant elle regorge de politique et d’intime. Car c’est une lutte, ô combien Fordienne, qui se déroule au long de ce récit, le Bien et le Mal, qui ici sont plus complexes que cela, puisqu’il prend la force du Progrés et du Passé. Peut-on réellement lutter contre le changement ? Non répond Ford. Mais l’avenir est-il vraiment plus heureux ? Pas forcément répond aussi Ford.
Mercredi 20 Octobre.
Le sénateur Randsom Stoddard a fait le déplacement pour assister à l’enterrement de Tom Doniphon. Interrogé par les journalistes sur les raisons de sa présence à la cérémonie, il raconte son arrivée dans l’Ouest. Sauvagement battu par le bandit Liberty Valance, le jeune juriste Stoddard fut alors pris en amitié par Tom Doniphon. Ce dernier lui enseigna la seule loi qui prévaut dans la région : celle des colts.
Évoquant, détaillant, analysant comment cette idée de l’Ouest, avec sa sauvagerie et sa légende est entrain de laisser place à un pays en construction, avec ses lois et sa propre histoire, L’homme qui tua Liberty Valance prend l’apparence d’un enterrement. L’enterrement d’une époque, mais plus encore d’un certain cinéma, le western et donc c’est presque les funérailles mêmes d’un cinéaste. Gorgée d’une grande mélancolie, l’œuvre est d’une splendide puissance tant elle regorge de politique et d’intime. Car c’est une lutte, ô combien Fordienne, qui se déroule au long de ce récit, le Bien et le Mal, qui ici sont plus complexes que cela, puisqu’il prend la force du Progrés et du Passé. Peut-on réellement lutter contre le changement ? Non répond Ford. Mais l’avenir est-il vraiment plus heureux ? Pas forcément répond aussi Ford.
Mercredi 20 Octobre.
Effets Secondaires de Steven Soderbergh sur Arte.
Jon Banks est un psychiatre ambitieux. Quand une jeune femme, Emilie, le consulte pour dépression, il lui prescrit un nouveau médicament. Lorsque la police trouve Emilie couverte de sang, un couteau à la main, le cadavre de son mari à ses pieds, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé, la réputation du docteur Banks est compromise…
Plus Soderberghien que Effets Secondaires tu meurs. En effet, le cinéaste semble convoquer tant des formes et obsessions de son passé qu’il est impossible de ne pas y voir une sorte de maxi best-of dans ce qui devait être son dernier film (il reviendra sur cela par la suite). On plonge alors dès lors dans un thriller où se croisent des relations malsaines, une société oppressive, des faux-semblants ou encore cette lutte Erin Brockovich-ienne. Mais, plus que cela, le réalisateur signe un récit toujours aussi follement inventif, qui joue avec les attentes et aime les mutations. C’est toute la force et la singularité du cinéma de Soderbergh, être foncièrement audacieux, même si souvent imparfait, voilà un metteur en scène n’ayant de cesse d’explorer toutes les possibilités qu’offre le cinéma et Effets Secondaires ne fait pas exception.
Jon Banks est un psychiatre ambitieux. Quand une jeune femme, Emilie, le consulte pour dépression, il lui prescrit un nouveau médicament. Lorsque la police trouve Emilie couverte de sang, un couteau à la main, le cadavre de son mari à ses pieds, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé, la réputation du docteur Banks est compromise…
Plus Soderberghien que Effets Secondaires tu meurs. En effet, le cinéaste semble convoquer tant des formes et obsessions de son passé qu’il est impossible de ne pas y voir une sorte de maxi best-of dans ce qui devait être son dernier film (il reviendra sur cela par la suite). On plonge alors dès lors dans un thriller où se croisent des relations malsaines, une société oppressive, des faux-semblants ou encore cette lutte Erin Brockovich-ienne. Mais, plus que cela, le réalisateur signe un récit toujours aussi follement inventif, qui joue avec les attentes et aime les mutations. C’est toute la force et la singularité du cinéma de Soderbergh, être foncièrement audacieux, même si souvent imparfait, voilà un metteur en scène n’ayant de cesse d’explorer toutes les possibilités qu’offre le cinéma et Effets Secondaires ne fait pas exception.
Thibaut Ciavarella