[CRITIQUE] : Le Pardon
Réalisatrices : Behtash Sanaeeha et Maryam Moghadam
Acteur : Maryam Moghadam, Alireza Sani Far, Pouria Rahimi, Avin Poor Raoufi,...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Iranien, Français.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Iran, de nos jours. La vie de Mina est bouleversée lorsque son mari est condamné à mort. Elle se retrouve seule, avec leur fille à élever. Un an plus tard, elle est convoquée par les autorités qui lui apprennent qu'il était innocent. Alors que sa vie est à nouveau ébranlée, un homme mystérieux vient frapper à sa porte. Il prétend être un ami du défunt et avoir une dette envers lui.
Critique :
Dans une Iran ou la dureté des sanctions économiques et politiques, censées punir le régime pour son refus de se conformer aux politiques internationales, est devenue un fardeau écrasant pour ses habitants; le cinéma iranien lui, profite de ce contexte difficile pour régler ses comptes et dégainer des vérités de plus en plus implacables, aussi bien que signer des oeuvres d'une radicalité rare sur les injustices sociales qui gangrènent son cadre.
S'inscrivant pleinement dans ses deux vérités et réalités, Le Pardon des réalisatrices Behtash Sanaeeha et Maryam Moghadam (qui porte la triple casquette de co-réalisatrice, co-scénariste et actrice principale), aborde de front les questions de la peine de mort (comme le récent There is no Evil du brillant réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, Ours d'or à la Berlinale 2020) et de la condition difficile - voire même tout simplement scandaleuse puisque cloisonnée à l'extrême - de la femme dans la société iranienne, au travers du destin trouble et troublé de Mina, dont le mari à été exécuté à tort pour meurtre.
D'une crudité salvatrice, la caméra scrute le quotidien anxiogène et écrasant d'une femme sans homme - donc effroyablement démunie - dans l'Iran actuelle, Mina (courageuse mais surtout pleinement consciente des barrières invisibles contre lesquelles elle doit lutter) jonglant entre un travail épuisant rapportant peu, l'éducation d'une jeune fille sourde (dont le nom, Bita, invoque le titre d'un film relique d'une époque révolue, avant l'État islamique), le harcèlement constant d'une belle-famille menaçante et le ballotage injuste au coeur d'un système judiciaire spécifiquement mis en place contre elle, et n'admettant pas la vérité de l'innocence de son mari.
Une porte de salut pour elle prend pourtant la forme d'une arrivée impromptue, un homme mystérieux - Reza - qu'elle n'a jamais rencontré mais qui dit qu'il a une dette envers son mari, s'invitant dès lors dans son quotidien pour l'aider, la loger et même se faire aimer d'elle, avant que la vérité sur son identité soit découverte...
Symboles déchirés d'une société asphyxiant son peuple sous les failles de son système et de ses interdits, embaumé dans un cadre où le temps, le silence et le vide ont beaucoup de sens (chaque personnage est le témoin muet et plein de remords, de son parcours devie douloureusement subit); le film est d'une élégance rare face aux thèmes bouillonnants qu'il aborde avec minutie.
Un parti pris louable et totalement à mettre au crédit des deux cinéastes, tant elles apportent un soin particulier aussi bien à l'élaboration complexe de leur écriture suggestive et à l'effet iceberg - surtout émotionnellement -, aux personnages formidablement empathiques (surtout celui de Mina, magistralement incarné par Moghadam, est une héroïne aussi fragile que profondément déterminée et ingénieuse), qu'à son esthétique, soignant aussi bien sa conception sonore que sa photographie froide signée Amin Jafari (ou le blanc virginal du lait fait écho à la noirceur qui habite les âmes).
Drame socialo-judiciaire d'une tristesse oppressante, aussi sobre et réflexif que puissant dans sa manière jamais didactique de s'invectiver contre la peine de mort et la souffrance silencieuse des femmes; Le Pardon est de ces portraits édifiants et tranquillement dévastateurs de la réalité d'une Iran prête à s'effondrer à tout instant, comme les relations humaines en son coeur.
Jonathan Chevrier
Acteur : Maryam Moghadam, Alireza Sani Far, Pouria Rahimi, Avin Poor Raoufi,...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Iranien, Français.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Iran, de nos jours. La vie de Mina est bouleversée lorsque son mari est condamné à mort. Elle se retrouve seule, avec leur fille à élever. Un an plus tard, elle est convoquée par les autorités qui lui apprennent qu'il était innocent. Alors que sa vie est à nouveau ébranlée, un homme mystérieux vient frapper à sa porte. Il prétend être un ami du défunt et avoir une dette envers lui.
Critique :
Drame judiciaire d'une tristesse oppressante, aussi sobre que puissant dans sa manière jamais didactique de s'invectiver contre la peine de mort et la souffrance des femmes, #LePardon est de ces portraits édifiants et dévastateurs de la réalité d'une Iran prête à s'effondrer. pic.twitter.com/VFg6NulMZf
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 26, 2021
Dans une Iran ou la dureté des sanctions économiques et politiques, censées punir le régime pour son refus de se conformer aux politiques internationales, est devenue un fardeau écrasant pour ses habitants; le cinéma iranien lui, profite de ce contexte difficile pour régler ses comptes et dégainer des vérités de plus en plus implacables, aussi bien que signer des oeuvres d'une radicalité rare sur les injustices sociales qui gangrènent son cadre.
S'inscrivant pleinement dans ses deux vérités et réalités, Le Pardon des réalisatrices Behtash Sanaeeha et Maryam Moghadam (qui porte la triple casquette de co-réalisatrice, co-scénariste et actrice principale), aborde de front les questions de la peine de mort (comme le récent There is no Evil du brillant réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, Ours d'or à la Berlinale 2020) et de la condition difficile - voire même tout simplement scandaleuse puisque cloisonnée à l'extrême - de la femme dans la société iranienne, au travers du destin trouble et troublé de Mina, dont le mari à été exécuté à tort pour meurtre.
Copyright Amin Jafari |
D'une crudité salvatrice, la caméra scrute le quotidien anxiogène et écrasant d'une femme sans homme - donc effroyablement démunie - dans l'Iran actuelle, Mina (courageuse mais surtout pleinement consciente des barrières invisibles contre lesquelles elle doit lutter) jonglant entre un travail épuisant rapportant peu, l'éducation d'une jeune fille sourde (dont le nom, Bita, invoque le titre d'un film relique d'une époque révolue, avant l'État islamique), le harcèlement constant d'une belle-famille menaçante et le ballotage injuste au coeur d'un système judiciaire spécifiquement mis en place contre elle, et n'admettant pas la vérité de l'innocence de son mari.
Une porte de salut pour elle prend pourtant la forme d'une arrivée impromptue, un homme mystérieux - Reza - qu'elle n'a jamais rencontré mais qui dit qu'il a une dette envers son mari, s'invitant dès lors dans son quotidien pour l'aider, la loger et même se faire aimer d'elle, avant que la vérité sur son identité soit découverte...
Symboles déchirés d'une société asphyxiant son peuple sous les failles de son système et de ses interdits, embaumé dans un cadre où le temps, le silence et le vide ont beaucoup de sens (chaque personnage est le témoin muet et plein de remords, de son parcours devie douloureusement subit); le film est d'une élégance rare face aux thèmes bouillonnants qu'il aborde avec minutie.
Copyright Amin Jafari |
Un parti pris louable et totalement à mettre au crédit des deux cinéastes, tant elles apportent un soin particulier aussi bien à l'élaboration complexe de leur écriture suggestive et à l'effet iceberg - surtout émotionnellement -, aux personnages formidablement empathiques (surtout celui de Mina, magistralement incarné par Moghadam, est une héroïne aussi fragile que profondément déterminée et ingénieuse), qu'à son esthétique, soignant aussi bien sa conception sonore que sa photographie froide signée Amin Jafari (ou le blanc virginal du lait fait écho à la noirceur qui habite les âmes).
Drame socialo-judiciaire d'une tristesse oppressante, aussi sobre et réflexif que puissant dans sa manière jamais didactique de s'invectiver contre la peine de mort et la souffrance silencieuse des femmes; Le Pardon est de ces portraits édifiants et tranquillement dévastateurs de la réalité d'une Iran prête à s'effondrer à tout instant, comme les relations humaines en son coeur.
Jonathan Chevrier