[CRITIQUE] : Mon gâteau préféré
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Réalisatrice•eur : Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha
Acteurs : Lili Farhadpour, Esmaeel Mehrabi, Mansoore Ilkhani, Soraya Orang,...
Distributeur : Arizona Distribution
Genre : Comédie Dramatique, Drame, Romance.
Nationalité : Iranien, Suédois, Français, Allemand.
Durée : 1h36min
Synopsis :
Mahin a 70 ans et vit seule à Téhéran. Bravant tous les interdits, elle décide de réveiller sa vie amoureuse et provoque une rencontre avec Faramarz, chauffeur de taxi. Leur soirée sera inoubliable.
Critique :
Quand bien même il est assez facile de l'étiquetter comme tel, le cinéma iranien n'est pourtant pas uniquement articulé autour des réponses, souvent implacables, de nombreux cinéastes engagés (des papes que sont Jafar Panahi, Mohammad Rasoulof où encore Asgar Farhadi, aux jeunes loups tels que Saeed Roustaee, Ali Asgari, Massoud Bakhshi où même Majid Majidi) envers les violences et les injustices sociales qui caractérisent la politique en place : il lui arrive parfois d'atteindre nos salles obscures avec des œuvres plus délicates, moins frontales et radicales dans leurs discours politiques (ce qui ne les empêche pas pour autant d'être infiniment pertinentes, évidemment), toutes rappelant sensiblement le désespoir sourd et paradoxalement solaire à fois, du cinéma de feu Abbas Kiarostami.
C'est totalement dans cette dynamique que s'inscrit le très beau Mon gâteau préféré du tandem Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha, petit miracle de douceur et d'humanité pas si éloigné au fond du magnifique Mémoires d'un corps brûlant de la cinéaste costaricienne Antonella Sudasassi Furniss, qui questionnait elle aussi l'idée même de séduire passé un certain âge, un plafond de verre façon date de péremption qui équivaudrait à une retraite avant même la retraite.
À ceci près que la nuance - de taille - qu'apporte les deux cinéastes est de traiter ce sujet tabou (symbole même d'un puritanisme risible et bas du front), au cœur même d'une société iranienne tout en rigidité et en répression, où la condition des femmes est toujours marquée par un archaïsme et une misogynie sans nom.
Vissé sur l'espoir, chimérique, de penser la vieillesse non plus comme une longue errance en solitaire, mais bien comme la porte ouverte - même fugace - d'une seconde vie au sein même de son crépuscule, le film narre la belle et tragique (mais aussi transgressive, puisqu'à l'initiative de la femme) rencontre de deux solitudes, Mahin (extraordinaire Lili Farhadpour) et Faramarz (poignant Esmail Mehrab), aussi fièrement septuagénaires que leur histoire personnelle est intimement liée à celle de leur pays, lors d'une nuit inoubliable faite de maladresses, de pudeur et de cocasserie.
Une véritable élégie tragi-comique et pétri d'amertume où les allégories sexuelles qui vont crescendo (le vin gardé en réserve, le gâteau,...), prennent une puissance évocatrice toute particulière à l'heure où la matinée glaciale (la mort, symbole à la fois d'un orgasme manqué comme d'une liberté avortée, et qui n'arrivera sans doute plus jamais) vient rompre la chaleur d'une nuit nostalgique au cœur d'une maison faussement confortable, une prison tout en souvenirs mélancoliques qui enterre définitivement toute idée d'un avenir meilleur.
La brutalité injuste de l'histoire se répète, quoiqu'on y fasse...
Jonathan Chevrier
Acteurs : Lili Farhadpour, Esmaeel Mehrabi, Mansoore Ilkhani, Soraya Orang,...
Distributeur : Arizona Distribution
Genre : Comédie Dramatique, Drame, Romance.
Nationalité : Iranien, Suédois, Français, Allemand.
Durée : 1h36min
Synopsis :
Mahin a 70 ans et vit seule à Téhéran. Bravant tous les interdits, elle décide de réveiller sa vie amoureuse et provoque une rencontre avec Faramarz, chauffeur de taxi. Leur soirée sera inoubliable.
Critique :
#MonGâteauPréféré où une merveilleuse élégie tragi-comique à l'amertume douloureuse, vissée sur les aternoiements tout en pudeur de deux solitudes à l'aube du crépuscule, qui s'offrent une nuit inoubliable faite de maladresses, de souvenirs mélancoliques et de douces cocasserie. pic.twitter.com/pvmiVG2IZw
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 5, 2025
Quand bien même il est assez facile de l'étiquetter comme tel, le cinéma iranien n'est pourtant pas uniquement articulé autour des réponses, souvent implacables, de nombreux cinéastes engagés (des papes que sont Jafar Panahi, Mohammad Rasoulof où encore Asgar Farhadi, aux jeunes loups tels que Saeed Roustaee, Ali Asgari, Massoud Bakhshi où même Majid Majidi) envers les violences et les injustices sociales qui caractérisent la politique en place : il lui arrive parfois d'atteindre nos salles obscures avec des œuvres plus délicates, moins frontales et radicales dans leurs discours politiques (ce qui ne les empêche pas pour autant d'être infiniment pertinentes, évidemment), toutes rappelant sensiblement le désespoir sourd et paradoxalement solaire à fois, du cinéma de feu Abbas Kiarostami.
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C'est totalement dans cette dynamique que s'inscrit le très beau Mon gâteau préféré du tandem Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha, petit miracle de douceur et d'humanité pas si éloigné au fond du magnifique Mémoires d'un corps brûlant de la cinéaste costaricienne Antonella Sudasassi Furniss, qui questionnait elle aussi l'idée même de séduire passé un certain âge, un plafond de verre façon date de péremption qui équivaudrait à une retraite avant même la retraite.
À ceci près que la nuance - de taille - qu'apporte les deux cinéastes est de traiter ce sujet tabou (symbole même d'un puritanisme risible et bas du front), au cœur même d'une société iranienne tout en rigidité et en répression, où la condition des femmes est toujours marquée par un archaïsme et une misogynie sans nom.
Vissé sur l'espoir, chimérique, de penser la vieillesse non plus comme une longue errance en solitaire, mais bien comme la porte ouverte - même fugace - d'une seconde vie au sein même de son crépuscule, le film narre la belle et tragique (mais aussi transgressive, puisqu'à l'initiative de la femme) rencontre de deux solitudes, Mahin (extraordinaire Lili Farhadpour) et Faramarz (poignant Esmail Mehrab), aussi fièrement septuagénaires que leur histoire personnelle est intimement liée à celle de leur pays, lors d'une nuit inoubliable faite de maladresses, de pudeur et de cocasserie.
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Une véritable élégie tragi-comique et pétri d'amertume où les allégories sexuelles qui vont crescendo (le vin gardé en réserve, le gâteau,...), prennent une puissance évocatrice toute particulière à l'heure où la matinée glaciale (la mort, symbole à la fois d'un orgasme manqué comme d'une liberté avortée, et qui n'arrivera sans doute plus jamais) vient rompre la chaleur d'une nuit nostalgique au cœur d'une maison faussement confortable, une prison tout en souvenirs mélancoliques qui enterre définitivement toute idée d'un avenir meilleur.
La brutalité injuste de l'histoire se répète, quoiqu'on y fasse...
Jonathan Chevrier