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[FUCKING SERIES] : Mixte saison 1 : Tous les garçons et les filles de mon âge...


(Critique - avec spoilers - de la saison 1)

Si je vous dis « Amazon Prime Video » et « Production française », vous devriez vous mettre sur la défensive. Et vous avez bien raison, car entre Connectés, Je te veux, moi non plus ou la fulgurante déception Brutus VS César on commence à comprendre que la plateforme américaine n’a pas vocation à être pour le cinéma hexagonal plus qu’une vaste fosse à purin. Et pourtant, la première série de la scénariste (et présidente du syndicat de la guilde des scénaristes) Marie Roussin, est une putain de jolie surprise qu’il serait bien dommage de manquer.

Amazon Prime Video

Se déroulant en 1963 dans un petit lycée bien particulier car il va pour la première fois faire l’expérience de la mixité fille/garçon en son sein, Mixte charme par son usage des codes de la comédie lycéenne américaine transposés dans la France du début des années 60. Ça lui permet d’être rythmé, et d’immédiatement accueillir le spectateur dans un environnement familier, avec des codes qu’il comprend, néanmoins sans jamais sembler un tant soit peu anachronique. Même les choix musicaux qui sont pour le coup eux parfaitement anachroniques ne suffisent pas à casser l’illusion et sont même d’un très bel effet. Ses personnages, calés sur des archétypes du genre de la blonde virginale au beau gosse ténébreux en passant par la fille parfaite et le gentil puceau, sont admirablement bien construit et interprétés. Tous ont beaucoup de chair, existent très fort autant dans leur individualité que dans leurs relations interpersonnelles qui sont d’un naturel et d’une authenticité désarmante. Chacun à la place d’exister, de se développer, et c’est plutôt un tour de force que de réussir à construire autant de personnages attachants avec des relations si fortes dans un genre aux archétypes si difficile à transcender. C’est une série admirablement écrite et exaltante à regarder dont le postulat est quand même particulièrement malin : user du genre de la comédie lycéenne pour parler des débuts de la mixité et des enjeux des changements sociaux en France dans les années 60. Marie Roussin envisagerait d’ailleurs, dans le meilleur des mondes, d’emmener l’histoire de Mixte au fil des saisons jusqu’en Mai 68. Et c’est là tout le bien qu’on lui souhaite.

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C’est à peine dommage qu’une fois passé les premiers épisodes, le traitement des enjeux de la mixité s’estompe un peu trop facilement. On parle de plein de choses intéressantes, mais la mixité qui est tout de même le point de départ de toute la série finit vite par ne même plus être un enjeu, elle fait partie en quelques épisodes du paysage comme si elle avait toujours été là. On en arrive à oublier que les filles sont dans une minorité absolue et les résistances qui sont si bien traités dans les premiers épisodes s’estompe sans vraiment d’effort. Mais ça s’explique par le ton de la série qui se veut tout de même léger et divertissant, et par le fait que comme je viens de l’écrire c’est très bien présenté dans les premiers épisodes : on peut maintenant parler d’autres choses et ne pas tourner indéfiniment autour de cette unique question qui n’est finalement qu’une amorce pour parler de sujets bien plus larges. Alors est-ce qu’on recommande Mixte ? Absolument. En plus de montrer que pour les adolescentes françaises de 1963 et les adolescentes américaines de 2021 les enjeux sont encore bien similaire, c’est une série particulièrement bien écrite, produite, et filmée par moment avec pas mal de joliesse. Donc ouais, on peut fièrement dire au repas de famille « j’ai regardé la dernière production française d’Amazon Prime, et c’était génial ».


Kevin



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