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[CRITIQUE] : Indes Galantes


Réalisateur : Philippe Béziat
Acteurs :  -
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire, Opéra.
Nationalité : Français.
Durée : 1h48min.

Synopsis :
C’est une première pour 30 danseurs de hip-hop, krump, break, voguing… Une première pour le metteur en scène Clément Cogitore et pour la chorégraphe Bintou Dembélé. Et une première pour l’Opéra de Paris. En faisant dialoguer danse urbaine et chant lyrique, ils réinventent ensemble le chef-d’œuvre baroque de Jean-Philippe Rameau, Les Indes Galantes. Des répétitions aux représentations publiques, c’est une aventure humaine et une rencontre aux enjeux politiques que nous suivons : une nouvelle génération d’artistes peut-elle aujourd’hui prendre la Bastille ?



Critique :



Ce qu'il y a de beau avec une salle obscure, c'est qu'elle n'est pas fondamentalement obligée d'enfiévrer son auditoire uniquement par la force du septième art, tant elle peut être le réceptacle de représentations sportives ou même scéniques; permettant ainsi à un large spectre de spectateurs de vivre de manière tout aussi immersive, des expériences qu'ils ne peuvent pas forcément vivre - pour diverses raisons - dans un stade, une salle de concert ou même un opéra.
C'est dans cet optique de mélange des arts qu'un documentaire tel que Indes Galantes de Philippe Béziat, prend toute sa splendeur, lui qui dévoile aussi bien les coulisses que la vérité des planches du formidable spectacle éponyme mis en scène par Clément Cogitore; relecture de l'oeuvre de Jean-Philippe Rameau ou il laisse la musique baroque épouser la ferveur du hip-hop (qui n'a jamais vraiment été invité à l'opéra Bastille), les chanteurs lyriques classiques se mêler aux street dancers dans une fusion artistique et humaine profondément grisante.

Copyright Pyramide Distribution

Mise en abyme enthousiaste au coeur de la création et des coulisses du spectacle (un an d'un travail titanesque, fruit de rencontres physiques, artistiques et humaines à tous les niveaux), rendant hommage à un vrai collectif s'échinant à démontrer par la force de leurs talents, que la frontière entre le monde urbain (krump, voguing, popping,...) et celui de l'opéra classique est plus fine qu'elle n'en à l'air (et que leur union peut très bien être un mariage heureux); le documentaire est autant une ode à la sensibilité et à la puissance évocatrice des corps, qu'à la créativité et à la nature vivante et effervescente de la culture, jamais aussi belle que quand elle est partagée avec amour.
D'une diversité et d'une richesse folle autant que d'une énergie électrisante (et d'un propos politique certes timide mais bien réel), Indes Galantes est une prise de la Bastille par l'art, la preuve sur pellicule que l'art et la culture sont ô combien essentiels, et qu'ils nous avaient terriblement manqués dans des salles désormais plus si obscures que cela, tant elles illuminent à nouveau nos vies, et on l'espère pour de bon...


Jonathan Chevrier