Breaking News

[CRITIQUE] : Little Zombies

Réalisateur : Makoto Nagahisa
Avec : Keita Ninomiya, Satoshi Mizuno, Mondo Okumura, Sena Nakajima, ...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Drame, Comédie musicale
Nationalité : Japonais
Durée : 2h00min

Synopsis :
Leurs parents sont morts. Ils devraient être tristes, pourtant ils ne pleurent pas. A la place, Hikari, Ikuko, Ishi and Takemura montent un groupe de rock explosif ! Ces quatre adolescents que le chagrin n’accable pas, vont trouver ensemble une nouvelle voie, celle de la musique.


Critique :


Après un court métrage remarqué au festival de Sundance en 2017, le réalisateur japonais Makoto Nagahisa revient avec son premier long métrage, au rythme effréné et au genre cinématographique dense.
Little Zombies nous propulse directement dans un melting-pot nihiliste, un film qui ne nous laisse aucun répit, du premier au dernier plan. Prévu pour le 11 novembre, il a malheureusement dû vivre, comme beaucoup (trop) d’autres films, l'épreuve du confinement et la fermeture des cinémas. Alors que son visionnage est peut-être ce qui nous faut, en ces temps moroses. Le film de Nagahisa célèbre au contraire la jeunesse, où la vie, sorte de jeu vidéo 8-bit, n’est pas si grave. Les épreuves deviennent des paliers et la musique exalte les sens jusqu’à l’overdose.

© 2019 "We are little zombies" Film partners

Qu’est-ce que Hikari, Ikuso, Ishi et Takemura ont en commun ? Ils ont tous les quatre perdu leurs parents et ne sont pas plus bouleversés que cela. Hikari, notre narrateur, nous raconte cette rencontre et ce qui l’a précédé d’un ton sarcastique, dénué d’émotions. Rien n’a de saveur pour ces quatre adolescents, déjà blasés par les épreuves de la vie. La création du groupe de rock va alors de soi. Quand plus rien n’a d’importance et que la mort est inéluctable, pourquoi ne pas chanter ? Nous comprenons vite que ces jeunes n’ont pas grandi dans des foyers heureux et aimants. Hikari en est la preuve, entouré d'objets matériels, achetés pour compenser l’absence. L’enterrement de ses parents donne un prétexte parfait au réalisateur pour donner le ton : Little Zombies sera imaginatif et rythmé, même pendant un moment si solennel. Le montage y est survitaminé, l’image saturée, créant une identité visuelle pop et fun, un tourbillon où la caméra peut se poser partout. La mort des parents devient synonyme de la perte d’une éducation stricte, la caméra peut prendre alors le point de vue qu’elle veut, l’angle qu’elle veut, il n’y a plus de règle.
Little Zombies se voit comme un voyage initiatique. Chaque membre a droit à son chapitre, pour que les spectateurs comprennent d’où ils partent et pourquoi ils décident de vivre cette aventure. Nous passons de foyer en foyer, portrait des relations familiales avant les décès successifs. Makoto Nagahisa veut donner de l’empathie à ses personnages, en racontant des bouts de leur passé. Le problème est qu’il est difficile de ressentir quoi que ce soit face à des protagonistes qui ne montrent aucun sentiment, aussi intentionnel dans le récit soit-il.
Le message reste pourtant clair : la jeunesse ne croit plus en rien. Nos quatre amis vivent alors des aventures extraordinaires pour ressentir enfin quelque chose, avoir une expérience marquante loin d’un avenir incertain. Le présent compte, le reste n’est pas important. Malgré cela, nous ressortons du film l'œil sec. La faute a un trop plein : d’idées, de mise en scène claquante, de couleur, de tout. On ne peut pas enlever au réalisateur sa créativité, mais une certaine lassitude pointe le bout de son nez, tandis que le film se déroule. À trop vouloir en faire, le cinéaste finit juste par créer un tourbillon d’ennui, jusqu’à l’écoeurement.

© 2019 "We are little zombies" Film partners

Little Zombies se vit comme une expérience, un univers follement créatif, aussi électrique et coloré qu’une borne d’arcade. Un œuvre généreuse (peut-être trop), qui célèbre la vie dans son instantanéité, se renouvelant à chaque acte. Il n’existe pas deux films comme lui.


Laura Enjolvy