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[CRITIQUE] : Project Power


Réalisateurs : Ariel Schulman et Henry Joost
Acteurs : Jamie Foxx, Joseph Gordon-Levitt, Dominique Fishback, Rodrigo Santoro, Courtney B. Vance, Machine Gun Kelly,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Action, Science-Fiction, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h51min.

Synopsis :
Qu'êtes-vous prêt à risquer pour cinq minutes de pouvoirs extraordinaires ?
Dans les rues de La Nouvelle-Orléans, la rumeur commence à circuler à propos d'une pilule mystérieuse qui libère des super-pouvoirs différents selon chaque personne. Le problème ? Impossible de savoir ce qui va se passer avant de l'avaler. Si certains se voient armés d'une peau à l'épreuve des balles, deviennent invisibles ou reçoivent une force surhumaine, d'autres subissent une réaction mortelle. Mais lorsque la pilule fait dangereusement exploser le crime en ville, un flic  s'associe avec une jeune dealeuse et un ancien soldat motivé par une vengeance secrète pour combattre le pouvoir par le pouvoir, espérant que la pilule leur permettra de traquer et d'arrêter ceux qui l'ont inventée.




Critique :



On pourra dire ce que l'on veut de Netflix et de ses productions dites " consommables ", mais en cette période assez pauvre en divertissements volontairement régressifs et/ou spectaculaires (Greenland fait gentiment le job en attendant le gros mastodonte Tenet), leur catalogue de films originaux sont là pour contenter la partie sombre (comprendre peu exigeante) de notre cinéphilie, et certains vont même un poil plus loin que le simple statut de péloche popcorn aussi vite vu qu'oubliée.
Porté par l'un des pitchs les plus barrés et accrocheurs du moment, semblant tout droit sortie d'un comic book (sauf que... non, il s'agit d'un scénario original de Mattson Tomlin, qui travaille actuellement avec Matt Reeves sur The Batman), Project Power du tandem Ariel Schulman et Henry Joost (Catfish, mais aussi Paranormal Activity 4 et Nerve...) est de ces petits thrillers d'action louchant gentiment vers le genre super-héroïque, qui est aussi attachant dans ses faiblesses que furieusement enthousiasmant dans le déchaînement dynamique et burné de sa folie pure, très vidéoludique.

Copyright SKIP BOLEN/NETFLIX

Plus solide qu'un Bright qui, lui aussi, titillait fougueusement les amoureux de séries B old school et décomplexées - avec une furieuse tendance à loucher lui aussi, vers le polar hard boiled -, sans pour autant être capable de s'imposer comme une potentielle référence, la faute à une écriture plus ou moins alambiqué et manquant de substance, (intrigues et sous-intrigues simples et floues à la fois, menant vers un gros ventre mou passé une excellente ouverture et la première demi-heure, des personnages qui ne progressent jamais vraiment au-delà des caricatures qu'ils incarnent,...), Project Power réussit la prouesse maline d'épouser le genre tout en contournant la surabondance des films de super-héros, en trouvant une histoire impliquant des super pouvoirs qui ne s'attarde justement pas... sur les super-héros.
Soit Power, une drogue atypique qui gangrène les rues d'une Nouvelle-Orléans déjà au plus mal depuis plus d'une décennie, et qui se présente sous la forme d'une petite capsule (sorte d'ampoule miniature et lumineuse) qui, une fois ingérée, restructure temporairement votre ADN et vous accorde cinq précieuses minutes de capacité surhumaine, évidemment différente selon les personnes.

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Articulé autour de trois personnalités directement liés au médicament, l'histoire suit à la fois Art (Jamie Foxx, en mode Baby Driver) un ancien soldat qui doit remonter les échelons de la chaîne d'approvisionnement de ce cartel de la drogue, pour retrouver sa fille kidnappée; mais aussi Frank (Joseph Gordon-Levitt, excellent même si peu crédible en flic badass), flic de la rue décidé à uniformiser (soit prendre lui aussi la pilule magique) les règles du jeu pour combattre les criminels, et Robin (Dominique Fishback, la révélation du métrage et son appuie comique absolument génial), jeune dealeuse et wannabe rappeuse, qui va croiser leurs routes... et être elle aussi la cible de Biggie (Rodrigo Santoro, en mode minimum syndical), le gros revendeur local.
En substance, Project Power a tout du film de popcorn dans sa forme la plus pure : turbo-régressivo-débile, l'intrigue est suffisament amusante et entraînante pour masquer son manque de sens (le rythme effréné et entraînant d'un complot médical sur deux heures, qui mène plus ou moins nulle part), aucun besoin de s'investir ou d'avoir une quelconque empathie pour les personnages, et l'action est savamment jouissive, bien aidé par des effets visuels inventifs (mettant brillamment en évidence les utilisations multiples de la pilule Power, aussi bien de manière spectaculaire que fantastiquement grotesque).

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Ce qui en fait le divertissement estival léger et burné parfait... sauf qu'il laisse malheureusement une petite impression frustrante en bouche, celle d'une bande qui en avait résolument plus dans les tripes et qui rêvait d'être plus puissante et fun qu'elle ne l'est, qui ne s'est jamais totalement donné les moyens de l'être et d'épouser au maximum son concept (imaginez un Royal Rumble tout droit sortie de la WWE, avec une pluie de personnes ayant ingéré les pilules), avec des bastons homériques en veux-tu, en voilà.
Une séance savoureusement flashy et furieuse bien ancrée dans son époque quelques remarques bien senties sur les contraintes sociétales imposées aux personnes de couleur et aux femmes, couplées d'un regard féroce sur comment le peuple de la Nouvelle-Orléans n'a pas oublié ou pardonné à l'establishment politique, ses erreurs honteuses post-Katrina), mais qui est trop générique pour réellement épouser sa part d'ombre (et, peut-être, voguer gentiment vers une violence encore plus assumée).

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On peut donc prendre son pied comme un dingue à la vue rafraîchissante de Project Power, tout comme avoir une petite envie de bouder son plaisir face au potentiel un chouïa gâché du délire, une définition qui correspond à une bonne majorité des productions Netflix depuis que la plateforme s'est lancée dans la production de films.
Mais toutes ne sont pas aussi fun et n'ont pas les géniaux Jamie Foxx et Joseph Gordon-Levitt en rôles-titres, et cela fait toute la différence ici...


Jonathan Chevrier