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[CRITIQUE] : Nana et les Filles du Bord de Mer


Réalisatrice : Patricia Bardon
Acteurs : Sofia Manousha, Grégoire Isvarine, Heloïse Roth,...
Distributeur : Cassia's Productions
Budget : -
Genre : Comédie dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h18min.

Synopsis :
Un village au loin, en bord de mer, où Internet est arrivé. "C'est Mathieu qui a commencé" déclare Nana dans le prologue. La "déclaration" de Mathieu se révèle aussi violente que naïve. Nana part en guerre : elle décide de ne pas pleurer, de ne pas discuter, mais de faire sa guerre en allant encore plus loin que son homme dans la séduction sur les réseaux, en cherchant le pire. Sa guerre sème la zizanie dans le groupe des filles du bord de mer, et des gars. Les désirs et les amours contrariés de Nana et sa bande vont et viennent au rythme des clics comme au rythme des marées, dans des situations aussi irréalistes et farfelues que réelles et contemporaines.




Critique :



On ne le répétera jamais assez, mais cet été ciné 2020 aura été le terreau certes compliqué (le Covid-19 et les contraintes qui lui sont liées) mais surtout profondément passionnant pour la découverte d'une pluie de petites péloches venues de tous les horizons possibles ou presque, et qui n'auraient jamais eu autant d'exposition avec la présence accrue des mastodontes - majoritairement - US.
Une aubaine pour les cinéphiles et les spectateurs lambda, qui ont commencés, timidement mais sûrement, à se laisser tenter par les propositions inédites qui leur ont été offertes (si l'on en croit les derniers chiffres encourageants, sur la fréquentation des salles), et encore plus celles issues de notre bon vieux septième art hexagonal, plutôt en verve depuis le 22 juin.
Preuve en est avec Nana et les Filles du Bord de Mer, second long-métrage de la réalisatrice et actrice Patricia Bardon, sorte de bulle de légèreté estivale, qui pointe habilement du bout de sa caméra, sur les ravages d'Internet et des réseaux sociaux, sur les rapports humains et sentimentaux.



Copyright Cassias Productions

On y suit (surtout) les aléas de Nana (Sofia Manousha, excellente), dont le quotidien va vite être brusqué le jour ou elle apprend que son compagnon s'est entiché d'une autre.
Bien décidé à lui rendre la pareille, elle va partir à la conquête d’un nouveau petit ami sur les réseaux sociaux, avec pertes et fracas...
Profondément contemporain dans sa mise en images de l'importance oppressante des réseaux sociaux dans les relations entre les jeunes générations, mais surtout de la tristesse insondable qui en émane (l'incapacité des gens à pouvoir se dire les choses de face-à-face, au lieu que derrière un ordinateur ou un smartphone), pas si éloigné des fables Rohmerienne - en résolument plus légère - ou des oeuvres de Jacques Roziers, Nana et les Filles du Bord de Mer est une vraie odyssée tendre, burlesque et très libre sur la quête du bonheur et de l'amour, qui ne pêche que dans la caractérisation (trop) fragile de ses personnages, eux-mêmes maladroitement incarnés par un casting choral à la tonalité très éparse.
Des menus défauts qui ne nous font pas pour autant bouder notre plaisir face à une fantaisie estivale intime, pudique et personnelle, imbibée par la voix rocailleuse et les tubes d'Arno.


Jonathan Chevrier