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[CRITIQUE] : Skincare


Réalisateur : Austin Peters
Acteurs : Elizabeth Banks, Lewis Pullman, Luis Gerardo Méndez, MJ Rodriguez, Nathan Fillion,...
Budget : -
Distributeur : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Américain, Italien.
Durée : 1h34min

Synopsis :
L'esthéticienne Hope Goldman lance sa propre ligne de soins. Sa rivale, la visagiste Angel Vergara, ouvre également une boutique juste en face de son studio. Elle commence à soupçonner que quelqu'un essaie de saboter sa réputation et son affaire...




C'est moins une forme d'opportunisme involontaire qu'une plutôt belle coïncidence, que de voir débarquer en catimini dans la case VOD, un étonnant et maîtrisé petit bout de cinéma tel que Skincare, premier passage derrière la caméra du clipeur Austin Peters, au moment même où The Substance se taille une place de choix dans les bacs.

Non pas que les deux films boxent dans la même catégorie (contrairement au bijou de Coralie Fargeat, Peters vogue bien plus du côté du thriller ironico-psychologique à l'ancienne, d'autant qu'il se pare d'une vague caution " inspirée de faits réels " censée accentuer son souci de réalisme), mais force est d'admettre que leur complémentarité évidente aurait mérité un peu plus de considération par les distributeurs hexagonaux (où une Universal Pictures qui semblent avoir consciemment oublié nos salles obscures, dans son échiquier d'exploitation), tant une double séance avec les deux efforts valait décemment son pesant de pop-corn.

Copyright IFC

Tous les deux flanqués dans une Cité des anges sordide, aussi obsédée par l'image qu'elle brise les rêves et dévore les âmes (ici en 2013, même si quelques accents 80s semblent embrumer parfois l'écran), Skincare s'attache lui aux basques de la brillante et ambitieuse Hope Goldman (une excellente - comme souvent - Elizabeth Banks), esthéticienne reconnue d'Hollywood sur le point de lancer sa propre gamme de soins pour la peau (même si elle a du retard dans le paiement de son loyer et que son activité tourne au ralenti), dont la réputation comme la prospérité se voient totalement remis en cause à l'arrivée d'un nouvel esthéticien à West Hollywood, qui installe sa boutique à quelques encablures de la sienne.

Un concurrent faussement bienveillant vantant que ses produits peuvent inverser les effets du vieillissement, et qui semble enchaîner les coups - vraiment - bas (une bonne vague de catfishing bien gracieuse) pour mieux s'accaparer la clientèle de Hope (à moins que ce ne soit une petite flopée de personnages bien louches qui commencent à popper dans son existence...) et souiller sa réputation.
Un enchainement de catastrophes musclées qui la plonge dans un état d'anxiété et de désespoir profond qu'elle peinera de plus en plus à dissimuler, jusqu'à ce que sa colère ne la conduise à un point de non-retour, pour retrouver un semblant de contrôle sur sa vie et ses rêves...

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Un brin logé entre Fargo et Sunset Boulevard - toute propension gardée, évidemment - avec une bonne louche de paranoïa et d'absurdités plus où moins consenties, Skincare se fait une sympathique et singulière (comme la jolie B.O. signée Fatima Al Qadiri) fable californienne qui fait fit de sa prévisibilité comme de son rythme en dents de scie, pour mieux s'emballer dans son exploration aussi bien d'une L.A. férocement dirty (renforcé par la jolie photographie de Christopher Ripley), que de la laideur collée aux basques de l'envers du décors de l'American Dream (prenant ici les contours du business peu reluisant de la beauté), à laquelle une femme confiante et ambitieuse va être confrontée de plein fouet.

Citons le grand philosophe (ironie) Boxer Santaros/Jericho Cane : si les belles/beaux gosses ne se suicident pas, ils sont quand-même capable de faire des trucs vraiment moches...


Jonathan Chevrier