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[CRITIQUE] : Un Médecin pour la paix


Réalisatrice : Tal Barda
Acteur : Izzeldin Abuelaish
Budget : -
Distributeur : Destiny Films
Genre : Documentaire.
Nationalité : Canadien, Français.
Durée : 1h32min

Synopsis :
Izzeldin Abuelaish, premier médecin palestinien à travailler dans un hôpital israélien, voit sa maison bombardée en 2009, tuant trois de ses filles et une nièce. Malgré cette tragédie, il trouve la force de parler d'espoir et de réconciliation. Exilé depuis au Canada, il milite sans relâche pour la paix entre Israël et la Palestine, ce qui lui vaudra d’être nominé cinq fois pour le Prix Nobel de la Paix.




À une heure où les médias choisissent une manière sournoise et partiale de couvrir l'actualité, pour quiconque n'ayant pas le réflexe de se perdre dans les méandres des réseaux sociaux où, il est vrai, tout et son contraire y est affirmé telle une vérité irréfutable; le septième art est plus que jamais un outil de prise de conscience et de connaissance essentiel, pour réaliser ce qu'il se passe réellement sur notre planète.
Pas de polissage de l'image par une quelconque rédaction obscure, pas de crainte d'un quelconque incident diplomatique : simplement montrer la réalité, en nous plaçant au plus près d'elle.

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A l'instar de No Other Land de Basel Adra, Hamdan Ballal, Rachel Szor et Yuval Abraham, où encore de From Ground Zero, le magnifique documentaire de la cinéaste franco-américaine Tal Barda, Un médecin pour la paix, nous met frontalement face à cette dure vérité dont on limite consciemment et politiquement l'écho, tout autant quelle célèbre la figure incroyablement inspirante qu'est le Dr. Izzeldin Abuelaish (nommé pour le Prix Nobel de la Paix), médecin palestinien marqué par le deuil depuis toujours (plusieurs de ses enfants ont été tués lors des bombardements israéliens de 2008, et l'extermination/génocide opérée depuis plus d'un an désormais, lui a fait perdre encore plus de proches).

En privilégiant le documentaire au simple biopic (quand bien même elle s'inspire du livre de Abuelaish, Je ne haïrai point), la cinéaste apporte une perspective humaniste encore plus imposante à son effort comme à sa volonté de moins scruter les ravages d'une souffrance séculaire, que l'on se transmet de génération en génération (quand on a encore la chance de vivre suffisamment vieux pour en hériter et/où la transmettre), que de ce concentrer sur les moyens pour se diriger vers la paix mais aussi et surtout, la justice - toutes deux, aujourd'hui, férocement chimériques.

De sa souffrance, insondable, Izzeldin Abuelaish en a fait une force motrice, le cœur vibrant d'un appel authentique et sincère à la compassion et à la coexistence pacifique, une main tendue expurgée de toute rancœur et haine de l'autre, un combat volontaire et digne d'où naîtra notamment la Fondation Daughter for Life (un programme de bourses pour les filles palestiniennes et israéliennes de Gaza).

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Résolument dense dans sa manière de retranscrire tout comme encourager sa voix (des images d'archives - professionnelles comme intimes - à des témoignages - dont un puissant et déchirant de lune de ses filles, rescapée de la tragédie de 2009 -, en passant même par un recours étonnant à l'animation), sensiblement plus courageuse et humaniste que la totalité de celles des gouvernants, dont l'aveuglement consentie ne fait qu'ajouter du sel sur des plaies à jamais ouvertes; Un médecin pour la paix se fait un effort tout autant engagé que nécessaire, dont la jolie présence en salles, comme les films précédemment cités, relève du miracle et laisse à penser que tout n'est peut-être pas perdu dans ce monde...


Jonathan Chevrier