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[CRITIQUE] : Ravage


Réalisateur : Gareth Evans
Acteurs : Tom Hardy, Jessie Mei Lei, Justin Cornwell, Timothy Olyphant, Forest Whitaker,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min

Synopsis :
Un détective meurtri doit se frayer un chemin dans la clandestinité criminelle après une affaire de drogue qui a mal tourné pour sauver le fils d'un politicien, tout en démêlant un réseau de corruption et de conspiration qui prend au piège toute la ville.




Il y a une certaine cohérence qui se dégage au cœur de la filmographie encore jeune mais pleine de panache, du ricain violent Gareth Evans : une envie de révolutionner de l'intérieur et avec fracas, les genres cinématographiques qui le font vibrer.


De l'actionner débridé sauce film de gangsters (The Raid mais surtout The Raid 2 : Berandal) au film d'épouvante gothique et anxiogène rappellant les belles heures de la Hammer (Apostle - Le Bon Apôtre, héritier direct du cultissime The Wicker Man de Robin Hardy), le bonhomme s'attaque cette fois-ci au sacro saint polar hard boiled - mâtiné de western urbain - cher à tous les amoureux du cinéma déviant (et surtout réac) des 70s/80s, avec Havoc aka Ravage, dont les multiples reports couplés à quelques reshoots, laissaient à penser qu'il aurait peut-être une première fausse note au sein de sa symphonie en kaboom majeur.

Que nenni, son nouvel effort est une nouvelle bête sauvage et violente, un hommage à peine masqué aux productions HK (aux incohérences et autres légères absurdités, totalement consenties) et au roi John Woo, dominé par un Tom Hardy enragé qui nous ramène au plus belles heures des héros aussi charismatiques et blasés que moralement ambiguës... un pur régal qui ne ment jamais sur la marchandise, et ne fait jamais péter ses grenades plus haut que sa pellicule.

Copyright Netflix

Flanqué à la veille de Noël (on vous voit venir, les fans de Die Hard), la narration reste tout du long collée aux basques de Walker, l'archétype même du flic corrompu au sens moral certes ambivalent (il a un vrai bagage tragique qui justifie totalement son mode de fonctionnement), mais capable de temps en temps de flirter du bon côté de la loi pour faire le bien.
Reste qu'il a tendance à braquer les pires dealers du coin autant pour renflouer les caisses que pour favoriser l'ascendant d'un politicard local, Lawrence (un Forest Whitaker dans un rôle excessivement similaire à celui qu'il avait dans le plutôt chouette Street Kings de David Ayer, qui lui aussi louchait mignon sur le hard boiled violent et à l'ancienne).


Dit politicien qui lui demande de fermer les yeux et de sauver son rejeton, qui a littéralement lancé une guerre des gangs, quand bien même toute la ville est appelé à se dresser contre lui...

Contrebalançant les facilités évidentes de sa narration (presque prétexte, avec ses sous-intrigues à peine effleurées, ses personnages taillés à la serpe,...), voire de ses effets numériques pas toujours heureux, par une action rythmée et décomplexée, assume complètement ses stéréotypes et ne pète évidemment pas dans la soie de l'originalité, lui qui préfère opérer une approche brute du polar implacable et sanglant, ne perdant jamais d'optique tout aussi bien le pessimiste comme la nature sordide de la société - à peine surréaliste - qu'il dépeint, que sa volonté d'en mettre plein la poire à son 

auditoire.


Et le bonhomme n'y va pas de main morte, lui qui lâche totalement les chevaux dans ce qui peut se voir comme un balai de la mort aussi merveilleusement chaotique qu'il est chorégraphié à l'uppercut et à la poudre de chevrotine près (toujours avec un net penchant pour privilégier quelques angles déroutants), dont l'aspect furieusement jouissif à une scène de discothèque dantesque - et déjà appelée à être une référence.


Du cinéma d'action over-the-top aussi cru que brut de décoffrage, à l'image même d'un Tom Hardy imposant, ours savoureusement mal léché dont le corps pèse sur chaque séquence, un bagarreur à l'ancienne et jusqu'au bout des ongles (un Cobra-like, sans que la familiarité avec Stallone soit poussée ni putassière), à qui répond une étonnante Jessie Mei Lei, en jeune fliquette qui tente de survivre à la nuit la plus folle et violente de son existence, tout en gardant foi en son coéquipier de fortune.

Copyright Netflix

Pur polar hard boiled sauce western urbain et crepusculaire, qui assume tout du long sa violence outrancière - mais jamais totalement gratuite -, Ravage est de ces petites bisseries (dans l'esprit, pas dans les moyens alloués, évidemment) qui marquent la rétine et nous rappelle aux bonnes heures d'un cinéma bourrin et adulte béni, que l'on aura décemment jamais fini de chérir.


On est uniquement là pour voir le tandem Gareth Evans/Tom Hardy semer le chaos le plus absolu et sanglant qui soit, et il le fond à merveille.


Jonathan Chevrier