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[CRITIQUE] : Hotel by The River


Réalisateur : Hong Sang-Soo
Acteurs : Avec Ki Joo-bong, Kim Min-Hee, Song Seon-mi,...
Distributeur : Les Acacias
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Sud-Coréen.
Durée : 1h36min.

Synopsis :
Un vieux poète, qui loge dans un hôtel au bord d’une rivière, fait venir ses deux fils, pensant que sa fin est proche. Lieu de retrouvailles familiales, l’hôtel est aussi celui d’un désespoir amoureux : une jeune femme trahie par l’homme avec qui elle vivait vient y trouver refuge et demande à une amie de la rejoindre…




Critique :



On pourrait presque dire que les nombreux personnages qui émaillent la dense et passionnante filmographie du grand poète impressionniste - et follement prolifique - Hang Song-soo, sont des pantins maladroits, insensibles et désenchantés de vies rythmées par les opportunités manquées et les répétitions oniriques.
En ce sens, les héros de son merveilleux Hotel By The River, et encore plus le personnage titre Ko Young-hwan - plus âgé mais pas forcément plus mature -, ne dénotent absolument pas de cette verdure scénaristique et visuelle (les castings sont souvent composés des mêmes visages) si familière.



Copyright 2018 Jeonwonsa Film Co

Comme souvent chez le cinéaste, Hotel By The River se moque avec mordant des faiblesses du semi-célèbre (les interactions douloureusement inconfortables avec les fans, l'embarras d'être reconnu ou de se voir demander un autographe,...), à ceci près ici que cette ironie se plaque sur les aléas d'un poète triste vieillissant et caustique; un être frustré qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, et qui n'a même pas conscience de sa propre situation (un écrivain dans un hôtel face à la mer, ou l'impermanence artificielle et métaphorique face à l'éternel, puissant et naturel).
Faussement désinvolte et sans prétention, mais d'une perspicacité psychologique et d'une maîtrise formelle sans pareille (entre un noir et blanc élégant et une mise en scène souvent à l'épaule, qui permet un dynamisme étonnant qui rompt avec l'aspect jusqu'ici traditionnel de son cinéma), la péloche est une formidable errance ou les temporalités se mélangent comme les non-dits épousent l'amertume (avec parfois l'impression de se retrouver à la lisière d'une belle étude de moeurs Rohmerienne), dans un balai des sens aussi minimaliste et intime que peut l'être son cadre hypnotique.
Pièce maîtresse d'une oeuvre évolutive, autoréférentielle et qui n'a de cesse de se répondre dans ses thèmes (la confusion sentimentale ou affective, la mauvaise communication, les conflits familiaux/sentimentaux, les malaises souvent exprimés dans les compliments et les courtoisies,...) ou ses sujets (les personnages volontairement imparfaits et errants qui ne sont jamais complètement à l'aise aussi bien avec les autres que dans leur propre peau), Hotel by The River est un petit bijou contemplatif qui trouve un équilibre improbable entre le quotidien et le surréaliste, pliant la réalité et le temps autour d'histoires qui se déroulent au jour le jour.

Copyright 2018 Jeonwonsa Film Co

Mais comme dit plus haut, le dernier film du cinéaste, qui ne trahit jamais sa part de symétries hong-iennes (personnages et situations doublées,...), gagne en singularité autant dans l'écriture de son personnage-titre, que dans sa manière plus littérale d'aborder la rêverie et l'imaginaire, de pointer du bout de la pellicule une vérité essentielle - et encore plus dans le septième art - : la frontière entre la réalité et le rêve, est plus infime que l'esprit veut bien l'entendre.


Jonathan Chevrier