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[CRITIQUE] : Love, Antosha


Réalisateur : Garret Price
Acteurs : Nicolas Cage (narrateur)
Distributeur : - (Amazon Prime France)
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Américain
Durée : 1h32min

Synopsis :
Love, Antosha brosse un portrait de l'acteur Anton Yelchin, basé sur ses journaux, ses photos et sa musique, ainsi que des interviews de Chris Pine, Kristen Stewart et Jennifer Lawrence notamment, afin d'explorer ses succès et ses combats




Critique :


C'était l'histoire d'un accident aussi tragique qu'insensé (un dysfonctionnement avec sa Jeep Grand Cherokee, a fait reculer le véhicule dans son allée et l'a cloué sur un pilier et une clôture en brique) qui a coûté la vie au talentueux Anton Yelchin, le 19 juin 2016, alors qu'il n'avait que vingt-sept ans, un âge maudit tant il n'est pas le premier à nous quitter à cet anniversaire.
Comédien important d'un cinéma indépendant ricain qu'il arpentait depuis plus d'une décennie - sans pour autant boycotté les grosses majors -, il construisait gentiment mais sûrement une carrière qui aurait très bien pu en faire, l'un des talents les plus imposants de sa génération.
Love, Antosha de Garret Price (le projet était un temps porté par Drake Doremus, qui le déclina finalement parce que trop proche de l'acteur), documentaire aussi affectueux qu'impartial, prend en compte sa passion du septième art aussi bien que ses motivations et pensées contradictoires sur sa carrière, au coeur d'un récit foisonnant, bourré jusqu'à la gueule d'archives personnelles (dont de nombreux moments d'enfance, avec la permission des gardiens majeurs de sa mémoire, ses parents Irina et Viktor, qui avaient abandonnés leurs carrières professionnelles de patinage artistique en Russie pour élever Anton à Los Angeles) et de témoignages vibrants de ceux ayant eu la chance de le côtoyer (tous sincères et émouvant, voire même parfois très drôles); traçant les contours fascinants d'une introspection profonde d'un être dynamique, à la boulimie créative incroyable, et qui a du gardé secret ses maux (une fibrose kystique de plus en plus pesante au fil du temps, une dépendance sévère à la drogue) à l'abri des médias.



© Courtesy of Sundance Institute

Sans trop en faire, et bien aidé par des paroles au pluriel cimentant son étude, Price révèle l'homme derrière ces performances contrastées qui nous ont souvent conquises, en soulignant comment l'éducation cinématographique précoce de Yelchin - des films de Martin Scorsese à la Nouvelle Vague Française, en passant par les classiques du cinéma japonais -, a férocement façonné une quête presque fanatique de la pureté artistique, un désir insatiable d'apprendre et de performer face caméra.
Avec son énergie loufoque coutumière, Nicolas Cage épouse de sa voix géniale et si reconnaissable la narration, articulées autour des mots et lettres de Yelchin, transcendant l'impression que l'on a de ressentir les mots et les pensées du comédien au moment même où il les écrit.
Logiquement positif et doux - l'homme l'était - dans son hommage aimant (mais on le répète, impartial), Love, Antosha dépeint l'intimité d'une âme complexe pour mieux élargir notre compréhension d'elle, une figure profondément empathique dans son approche zélée de son métier (on voit les nombreux scripts qu'il griffonne avec enthousiasme, pour mieux appréhender ses rôles, ou la richesse et la pluralité du travail qu'il avait accomplit jusqu'ici), toujours engagé à agir et à repousser les limites de ce qu'il pourrait accomplir, autant qu'il était totalement désintéressé par le statut éphémère de la célébrité - et sa résistance accrue pour ne pas se considérer comme tel.
Un talent brut qui nous manque encore terriblement, même trois ans et demi plus tard


Jonathan Chevrier 




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