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[CRITIQUE] : Little Woods


Réalisatrice : Nia DaCosta
Acteurs : Tessa Thompson, Lily James, Luke Kirby, James Badge Dale,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame, Policier.
Nationalité : Américain
Durée : 1h45min

Synopsis :
Little Woods, Dakota du Nord. Il reste encore quelques jours de probation à respecter pour Ollie, prise en flagrant délit d'importation de médicaments à la frontière canadienne. Peu de temps après, sa mère décède. Ollie est donc placée chez sa soeur Deb, enceinte d'un enfant non-désiré, et harcélée par son ex-compagnon, un homme violent. Les deux soeurs ont une semaine pour régler l'hypothèque de la maison de leur mère avant que celle-ci ne soit saisie. Au fur et à mesure que les factures et la pression montent, les filles doivent faire un choix : continuer leur mode de vie actuel ou améliorer leur quotidien quitte à devenir des hors-la-loi.




Critique :



Alors que l'on attend avec une impatience non feinte, ce que va donner son remake/reboot du formidable et macabre Candyman de Bernard Rose, avec la présence tutélaire de Jordan Peele à la production; c'est donc une bonne chose de pouvoir enfin découvrir le premier passage derrière la caméra, de la cinéaste Nia DaCosta - également derrière le scénario -, histoire de peut-être, déjà, y déceler une patte séduisante voire potentiellement familière.
Sobrement intitulé Little Woods, et porté par un casting vedette impressionnant pour un premier essai (Tessa Thompson, Lily James, James Badge Dale,...), la péloche croque un regard rare - parce que doublement féminin - et perspicace sur le quotidien âpre de la classe ouvrière du fin fond de l'Amérique moderne, tant elle capture les difficultés de la dépression économique d'une manière qui reflète subtilement la situation actuelle du pays de l'Oncle Sam.

© Courtesy of Tribeca Film Festival

Une vision empathique, dénuée de tout glamour et de misérabilisme, totalement vissé sur ses âmes prises au piège dans un système qui ne leur laisse que peu de choix pour survivre.
On y suit donc les aléas, à Little Woods - tout est dans le titre - dans le Dakota du Nord, d'Ollie, une jeune femme en probation après avoir été arrêtée pour avoir ramené illégalement des médicaments du Canada, pour aider à la fois sa mère mourante et les hommes opprimés, battus par l'essor de la fracturation sociale.
Si son officier de probation la supplie de rester du bon côté de la loi, sa situation chaotique pour tenter de joindre les deux bouts, va l'obliger à retrouver le chemin sombre de la contrebande, pour aider sa soeur enceinte et son neveu, mais aussi la maison familial au bord de la saisie.
Mais son retour dans le business, va la placer dans le collimateur aussi bien de la police que du dealer local, mais également du père alcoolique et violent de son neveu...
Puissant réquisitoire contre les institutions américaines (son système de santé, son économie, l'avortement,...), autant qu'une représentation authentique et bouleversante du désespoir, Nia DaCosta nous place dans l'intimité instable (à tous les niveaux) de femmes acculées (un aperçu honnête et sans fioritures de la sororité) sans la moindre option dans presque tous les aspects de leur vie, avec un sens du cadre urgent, et une atmosphère de western dramatique savoureusement moderne; tant la focalisation de la cinéaste sur le combats de femmes pour survivre (financièrement et physiquement), apporte une nouvelle profondeur inédite au genre.

© Courtesy of Tribeca Film Festival

Émotionnellement chargé - dans le bon sens du terme -, visuellement renversant (brillante photographie de Matt Mitchell, qui retranscrit avec naturel et inventivité le paysage rugueux de l'ouest américain) et proche du bouillant Hell or High Water de David Mackenzie, avec une anti-héroïne consciente de sa culpabilité mais jamais jugée par la caméra; Little Woods ne fait peut-être pas dans la subtilité, mais il incarne un solide drame juste, intense et politique, aux performances éblouissantes (Tessa Thompson en tête, sublimant son personnage par une performance subtile que l'écriture ne semble pas toujours contenir avec justesse).
Un premier film coup de poing qui sensibilise avec puissance son auditoire sur les défis douloureux qui assaillent les femmes dans les régions rurales des États-Unis (où les hommes sont deux fois plus nombreux), autant que sur l'impact social dévastateur d'un système de santé brisé (et plus directement, de la guerre menée par les différents États, contre les femmes et leurs droits reproductifs); ou fou mais vrai, le dealer local apparaît comme la seule personne capable de s'occuper efficacement des malades d'une petite ville.

© Courtesy of Tribeca Film Festival

À la lisière des genres (entre le western, le polar noir et le drame familial), Nia DaCosta nous raconte une petite histoire dans la grande, distillé une tension sourde et nous captive tout du long par la vérité qu'elle dégage.
C'est dire si maintenant, on attend avec une impatience non feinte, sa relecture de Candyman, tant elle semble déjà gérer les artifices du suspens et de la terreur, avec une maîtrise incroyable.


Jonathan Chevrier


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