[C’ÉTAIT DANS TA TV] : #15. Star Wars : Clone Wars
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Avant de devenir des cinéphiles plus ou moins en puissance, nous avons tous été biberonnés par nos chères télévisions, de loin les baby-sitter les plus fidèles que nous ayons connus (merci maman, merci papa).
Des dessins animés gentiment débiles aux mangas violents (... dixit Ségolène Royal), des teens shows cucul la praline aux dramas passionnants, en passant par les sitcoms hilarants ou encore les mini-séries occasionnelles, la Fucking Team reviendra sur tout ce qui a fait la télé pour elle, puisera dans sa nostalgie et ses souvenirs, et dégainera sa plume aussi vite que sa télécommande.
Prêts ? Zappez !!!
#15. Star Wars : Clone Wars (2003 - 2005)
La plupart des dimanches, je me réveillais sur le clic-clac bordeaux de ma grand-mère, l'odeur des viennoiseries fraîches me réveillant dans la plus grande quiétude. Avec mes parents, on avait pris l'habitude de rendre visite à ma mamie, un week-end sur deux, et on dormait chez elle. Toujours le même rituel : dès 9h, morceaux de pain au chocolat dans la bouche, je regardais la télévision, admirant les péripéties de Superman, Wonder Woman et Batman dans La Ligue des Justiciers sur la 3. Un régal. Mais passées 11h, plus grand chose à se mettre sous la dent. Et un beau jour, je zappe sur M6 Kid.
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Ma passion pour Star Wars n'est pas nouvelle : j'aime cette saga depuis que j'ai 5 ans. C'est mon rêve de gamin ultime. Même si ma maturité grandit au fur et à mesure du temps (je l'espère), ma passion pour l'épopée des Skywalker demeure intacte, au grand dam de ma petite amie qui constate année après année l'invasion de figurines Lego au-dessus de son lit. Je découvre alors Clone Wars en même temps que tout le monde, alors que je ne peux découvrir que les films sur Canal+, soit un an après leurs sorties. Habitant à la campagne à l'époque, mes parents m'emmenaient finalement peu au cinéma. La télévision a été mon kit de survie face à l'ennui, et c'est grâce à toutes les VHS qu'a accumulé mon père que j'ai pu me construire une cinéphilie (et je suis sûr que j'en ai vu plus que lui).
Je suis absolument captivé par cette série télé, ébahi dans la cuisine de mamie dès les premières secondes. Son rythme frénétique et son animation ambitieuse, hommage aux animes japonais, me tapent tout de suite dans l'oeil. Chaque épisode ne dure que trois minutes ? On a l'impression d'en avoir vécues quarante. La quantité d'informations dans chaque plan et la qualité de découpage de ce show télévisé font partie des éléments qui compose la meilleure œuvre Star Wars de la décennie 2000. Et franchement, la concurrence n'a pas été rude (oui c'est toi qui est visé Amour, Gloire et Jedi... euh pardon, L'Attaque des Clones). Les scènes d'action n'ont jamais aussi intenses, et si seulement il n'y avait que ça...
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Genndy Tartakovsky, génie de l'animation originaire de Russie, responsable du Laboratoire de Dexter et des Super Nanas, est à la fois capable d'installer un nouveau langage cinématographique dans cette saga, tout en comprenant les codes de la licence, comme les tourments que peut vivre un jeune homme comme Anakin Skywalker par exemple. Et ça, mieux que George Lucas lui-même. Chapeau l'artiste. Dès le premier épisode, Tartakovsky parvient en seulement deux plans et un regard, sans la moindre parole, à dépeindre l'imminence de la guerre, par conséquent la séparation (provisoire?) d'un couple fragile et interdit, ainsi que la mélancolie poignante des drames futurs qui vont suivre. L'impact émotionnel est en l'espace de quelques secondes, plus frappant que dans les films en live action. Cette série, en plus d'être frénétique, est parfois silencieuse, prend généreusement son temps. Le meilleur exemple que j'ai à donner est le première apparition du Général Grievous. L'ambiance installée lors de cette scène est digne d'un film d'horreur. La moindre goutte de sueur sur le crâne d'un Jedi nous permet de nous identifier à ces figures comme jamais. C'est aussi ça qui est important : percevoir les faiblesses de ces êtres mythologiques qui en deviennent humains, trop humains. C'est ce que cette série a réussit, et c'est ce que Lucas a tenté de refaire dans La Revanche des Sith.
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Cette série est anti-lucasienne : jamais trop bavarde, rythmée et lente quand il le faut, ne tournant jamais autour du pot. Ca peut paraître bête, mais toutes les questions que pouvaient se poser les fans de Star Wars vis-à-vis des origines de la saga se trouvent dans Clone Wars, même sans voir les films d'avant (comment la République a chuté, comment se passe l'adoubement d'un Jedi, comment fabriquer son sabre laser, un Jedi a-t-il une valeur sans arme, de quelle manière Anakin succombe au Côté Obscur...). Et ces questions, je pouvais en débattre avec ma poignée de copains (ceux-là au moins ne parlaient pas tuning), ceux qui d'habitude avaient toujours un train d'avance sur moi avec les films qu'ils couraient voir en salles. A chaque marathon avec mes amis, j'insiste davantage sur le fait de regarder cette série plutôt que la Prélogie, même si on ne passe jamais à côté des « gags » de Jar Jar Binks. Grâce à son identité visuelle et dramatique, Clone Wars a, en plus d'avoir l'odeur des pains choc' du Dimanche, le goût des plus grands Star Wars.
Florian
Florian