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[CRITIQUE] : Skin

 

Réalisateur : Guy Nattiv
Acteurs : Jamie Bell, Danielle Macdonald, Vera Farmiga, Bill Camp,...
Distributeur : The Jokers
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h58min

Synopsis :
L'histoire vraie de Bryon “Pitbull” Widner, membre d'un gang de néo-nazis qui fera face à des conséquences mortelles lorsqu'il décidera de changer de vie...




Critique :



La séquence est lourde de sens : un homme blanc d'âge moyen se tient fièrement sur une scène en plein air, et s'adresse avec rage à un public enthousiaste, plongeant ses partisans dans une transe frénétique à chaque mots de haine qu'il prononce.
Il dit qu'il envisage de se présenter à la législature de l'État de l'Ohio et que son dénigrement des Asiatiques, des Noirs et des autres minorités (avec un langage loin d'être respectueux pour les décrire), est la pierre angulaire de son programme.
La scène a beau être extraite d'un long-métrage, elle n'en est pas moins profondément effrayante, et incarne un écho glaçant de ce que l'on entend assez librement depuis quelques années - et pas uniquement depuis l'investiture de Donald Trump -, puisque la moindre connexion sur les réseaux sociaux nous confronte directement à des déclarations insoutenables et révoltantes de la sorte.



Poussant constamment à la recontextualisation actuelle - même si elle est, peut-être, encore plus terrifiante au fond -, Skin de Guy Nattiv n'a jamais vraiment besoin de forcer le trait pour être pertinent et réaliste, lui qui s'inspire de l'histoire rocambolesque mais vraie de Bryon Widner, un jeune homme qui a osé échapper à son groupe de suprémacistes blancs et retirer ses nombreux tatouages ​​racistes, pour définitivement fuir la violence et la haine qui ont défini sa vie pendant longtemps.
L'ombre d'American History X n'est jamais loin, évidemment, tant le talentueux Jamie Bell, qui semble volontairement passé la seconde et s'attacher à des projets d'envergure (histoire de définitivement passer le tout petit cap qui lui manque, pour être l'un des comédiens les plus en vues de sa génération - ce qu'il est officieusement), offre une performance à la hauteur de celle habitée et désespérée d'Edward Norton, mais surtout parce que les deux métrages explorent d'une manière inébranlable ce que signifie porter ses croyances de manière effrontée; le facteur d'intimidation intense créé par de telles pensées et le vœu de loyauté aveugle et profondément insidieux qu'il suggère.
Concentré sur Widner et sur la façon dont son allégeance au Vinlanders Social Club, dans lequel il était une figure clé de l’autorité, a commencé à sérieusement vaciller (son histoire a déjà été le sujet du documentaire " Erasing Hate "), le film alterne habilement entre le questionnement progressif de Widner sur ses croyances et ses actes odieux (via une mise en scène plus nerveuse, avec une caméra portée), et le retrait exténuant de ses tatouages, symbole puissant d'un long processus qu’il doit suivre pour commencer sa nouvelle vie (une réalisation plus coloré et, étrangement, moins généreuse).
Entre moments au présent et flashbacks, Nattiv décortique avec fascination et profondeur la personnalité complexe de son " héros ", un homme qui en dépit de ses actes odieux, n'est pas purement méchant, tant il peut s'avérer parfois affectueux et tendre, particulièrement avec son chien bien-aimé et les trois filles de sa moitié.



Il n'est, au fond, qu'un de ses nombreux mômes paumés recrutés par des groupuscules extrêmes, qui utilisent d'une manière écoeurante la notion de famille pour les attirer, insistant même pour que leurs adeptes les appellent papa et maman (ils sont campés ici par le formidable couple diabolique Bill Camp/Vera Farmiga).
Plongée audacieuse et anxiogène dans l'univers brutal et abject des gangs d'extrême droite, Skin fait le pari culotté de nous pousser à la compassion - sans jamais excuser les actes commis -, et suggère avec optimisme, que si une personne profondément enracinée dans la haine et la violence sans bornes peut changer sa vie, tout le monde peut le faire.
Naïf peut-être, mais c'est un très beau message quand-même. 


Jonathan Chevrier


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