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[CRITIQUE] : Dolemite is my name


Réalisateur : Craig Bewer
Acteurs : Eddie Murphy, Wesley Snipes, Craig Robinson, Mike Epps,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Comédie, Biopic.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h58min

Synopsis :
Quand Hollywood l'a écarté dans les années 1970, le talentueux Rudy Ray Moore décide de se produire ses propres œuvres, dont le célèbre film de blaxpoitation "Dolemite".



Critique :



Le fait que l'on est tous, un peu ou beaucoup, grandit avec le vénéré Eddie Murphy, ne fait qu'accentuer la douleur de voir le bonhomme totalement boycotté par la jungle hostile et atteinte d'Alzheimer partiel, la faute à quelques choix artistiques il est vrai douteux, mais qui ne remettent pas pour autant en cause, le talent de ce qui est, sans l'ombre d'un doute, l'un des plus grands performeurs comiques de ces trente dernières années, aux côtés des regrettés Richard Pryor et Robin Williams, mais aussi du tout aussi rare - sur grand écran - Jim Carrey.
Le voir de retour avec un rôle fait sur mesure, par la plus vraiment petite porte Netflix, attisait autant notre enthousiasme que notre curiosité, tant son incarnation de Rudy Ray Moore, le remet sur le devant d'une scène populaire qu'il n'a plus vraiment trusté depuis le milieu des 90's.
Et dès les premières secondes, les louanges quant à sa performance se voit tout de suite justifiées sur quelques mots à peine, prouvant qu'il a retrouvé toute la verve de son glorieux passé ou il n'avait pas peur d'user de la vulgarité (en bien) pour déchainer les rires en masse.


En prenant à bras le corps autant le personnage de Dolemite, dédoublement populaire de Moore qui était, en public, en constante représentation - une idole incroyablement excessive et marginale -, tout en s'attachant à l'intimité même du caméléon touche-à-tout (un autodidacte qui a su transformer la pluralité de son talent de réappropriation, son égo surdimensionné et sa ténacité, en une véritable force artistique), Murphy retrouve sa verve et sa férocité d'antan, comme si elle ne s'était pas évaporé ses trente derniers, et mort dans les contours de ce rôle fait pour lui, avec une joie follement communicative (son meilleur rôle depuis Bowfinger).
Il porte à bout de bras cette célébration magnifique de l'effronterie du showbiz afro-américain des 70's, perçu à travers le portrait d'un loser moyen dont la soif de succès est trop imposante pour le peu qu'il a, et qui va mettre sur pied un thriller policier à sa propre gloire.
Du pur vaudeville burlesque, que Moore sait vendre à la perfection : en tant que lui-même, un comédien honnête, il n'est même pas remarqué par la foule, mais en tant que Dolemite (tel le Mudbone de Richard Pryor), il est un super-héros ultra-populaire, et un homme profondément unique et délirant.
Un arnaqueur jaloux mais intrépide qui sait que l'immortalité artistique passe par le grand écran, un biopic totalement insolite et délicieusement magnifié par la caméra du talentueux réalisateur de Hustle & Flow et de Black Snake Moan, Craig Bewer (qui sera à la réalisation de Coming To America 2, et dont la mise en scène tout en tempo apporte une vraie musicalité physique et rythmique au métrage), qui prend des allures follement héroïques et sociales sur un homme noir qui tentant de produire et de commercialiser un film au coeur d'un monde aux portes closes.



Véritable improvisation effrénée, parfois effrayante mais surtout très inspirante dans le fond (et pointant du doigt de vraies injustices/inégalités socio-culturelles encore d'actualité), sur tout l'univers de la blaxploitation (on peut pleinement le voir comme un Ed Wood du genre, ou comme un cousin brillant de The Disaster Artist), pétri de détails fascinants et incarné à la perfection par un casting totalement voué à sa cause, Dolemite is my name, certes un poil trop long, est un merveilleux feel good movie tout autant qu'un bel hommage à un pan fascinant du cinéma ricain.
Eddie Murphy est toujours un roi, et le giron cinéma de Netflix n'en finit plus de nous charmer.


Jonathan Chevrier