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[CRITIQUE] : Vita & Virginia

 

Réalisateur : Chanya Button
Acteurs : Gemma Arterton, Elizabeth Debicki, Isabella Rosselini,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Romance.
Nationalité : Britannique, Irlandais.
Durée : 1h50min

Synopsis :
Virginia Woolf et Vita Sackville-West se rencontrent en 1922. La première est une femme de lettres révolutionnaire, la deuxième une aristocrate mondaine. Quand leurs chemins se croisent, l'irrésistible Vita jette son dévolu sur la brillante et fragile Virginia. Commence une relation passionnelle qui fait fi des conventions sociales et de leurs mariages respectifs. La fascination que Virginia ressent pour Vita, l'abîme entre sa vie d’artiste et le faste de l'excentrique aristocrate donneront naissance à Orlando, une de ses œuvres maîtresses, bouleversante réflexion sur le genre et sur l’art.



Critique :



Au-delà d'incarner l'un des auteurs modernistes les plus importants du XXème siècle, Virginia Woolf est aussi et surtout une femme fascinante et emblématique, dont la vie riche et douloureuse semble ne pas pouvoir être simplement conté par le prisme d'un seul et unique film.
Si le formidable The Hours avait mis l’accent sur les rôles sociaux restrictifs que les femmes ont toujours été forcées de jouer, et sur une Virginia luttant de plus en plus contre la folie qui la guettait - avec l'écriture de Mme Dolloway en toile de fond -, le bien nommé Vita & Virginia de Chanya Button lui, s'attache à offrir une exploration fascinante des dix années de liaison entre Woolf (Elizabeth Debicki) et la romancière mondaine et socialiste Vita Sackville-West (Gemma Arterton).
Une love story autour de laquelle s'organise librement l'écriture de Orlando, fortement inspiré par Sackville-West et croquant le changement de sexe spontané d'un homme dans la trentaine.



Avec une minutie et un souci du détail profondément littéraire (Button et sa scénariste Eileen Atkins, dont le film s'inspire justement de l'une de ses pièces datée de 1993, s'inspirent pleinement des lettres qu'elles se sont écrites), Vita & Virginia ne se veut pas comme un portrait définitif ni même comme un effort théâtrale suprême, mais bien comme une envolée légère et passionnante, entre convention et bohémisme, d'une histoire d'amour - pour l'époque - scandaleuse mais infiniment intriguante.
Conté du point de vue du papillon agressif Vita, le film suit la séduction musclée (elle désire profondément d'être aimée et admirée par Woolf) de l'énigmatique Virginia par celle-ci, bien plus dans son rapport physique (l'éveil de la sexualité endormie de Sackville-West) que romantique (quelques extraits de leurs correspondances serviront à exprimer quelques déclarations sentimentales), deux héroïnes iconoclastes et mariées, pour qui le mariage est clairement une prison pour femmes.
Entre dédain et frénésie passionnelle, Button ne s'intéresse pas à la question, pourtant intéressante, du " pourquoi deux personnes aussi différentes s'aiment-elles ", mais épouse avec application la cour sauvage et dangereuse qu'elles se feront, et qui accouchera de la période heureuse et excitée de la vie de l’écrivain.
Une période où le fruit de ses écrits incarnera l'une de ses oeuvres les plus importantes, preuve probante de la victoire de Virginie sur l'adversité romantique, capturant sur papier l'amour pour son amante dans un chic littéraire révolutionnaire, sur un personnage à la fois homme et femme.



Même s'il peut parfois paraître un poil prétentieux dans son discours, Vita & Virginia n'en est pas moins un beau moment de cinéma captivant, dominé par une application technique incroyable (des tonalités crémeuses et fraîches de la photographie de Carlos De Carvalho à la partition mélodique d'Isobel Waller-Bridge), et une prestation habitée de deux comédiennes littéralement au sommet de leur art (Elizabeth Debicki et Gemma Arterton, parfaites et impliquées).
Un drame historique baroque et lesbien, frappé par l'esprit enivrant de la liberté. 


Jonathan Chevrier


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