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[CRITIQUE] : Crawl


Réalisateur : Alexandre Aja
Acteurs : Kaya Scodelario, Barry Pepper, Morfyyd Clark,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget :-
Genre : Epouvante-Horreur, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h28min.

Synopsis :
Quand un violent ouragan s’abat sur sa ville natale de Floride, Hayley ignore les ordres d’évacuation pour partir à la recherche de son père porté disparu. Elle le retrouve grièvement blessé dans le sous-sol de la maison familiale et réalise qu’ils sont tous les deux menacés par une inondation progressant à une vitesse inquiétante. Alors que s’enclenche une course contre la montre pour fuir l’ouragan en marche, Haley et son père comprennent que l’inondation est loin d’être la plus terrifiante des menaces qui les attend…



Critique :


Chaque été sans son petit film de monstre destructeur, c'est un peu comme un été sans un blockbuster volontairement décérébré, sans super-héros en collant ou même sans comédie FR jamais drôle et totalement indéfendable : ça n'est pas vraiment un été, et encore moins un été cinéma.
Si l'an dernier, Jason Statham et la Warner nous avait offert un joli morceau de sushi préhistorique malheureusement un poil trop long à digérer et pas assez sanguinolant - le divertissant En Eaux Troubles -, cette année, le frenchy Alexandre Aja, pas vraiment verni par les fours successifs de tous ses films US depuis Piranhas 3D, va tenter de nous rabibocher avec le genre peu célébré du film de crocos, dont les dernières péloches hautement recommandables ont déjà plus d'une décennie (Lake Placid mais surtout le puissant Solitaire de Greg " Wolf Creek " McLean).



Sensiblement dans la droite lignée d'un Instinct de Survie, qui voyait la belle Blake Lively aux prises avec un requin pas commode, Crawl part d'un postulat de B movie hautement simpliste mais accrocheur : une jeune nageause, Haley, en froid avec un père dépressif, va pourtant braver rien de moins qu'une tempête tropicale pour aller le sortir de sa vieille bicoque floridienne.
Le hic, c'est qu'ils vont se voir encercler par des monstres à écailles plutôt féroces et affamés, bien décidés à ne pas leur faciliter cette quête de survie déjà bien compliquée à la base, au coeur de la maison familiale...
Retrouvant sensiblement une ambition mais surtout un mojo que l'on pensait perdu dans les abimes d'Hollywood, Alexandre Aja transcende les limites évidentes de son concept pour mieux revenir aux sources mêmes du film d'exploitation horrifico-bestial, entre allégeance aux modèles du genre et volonté d'apporter sa propre pierre à l'édifice du saurien sur grand écran, sans en dénaturer les codes, quitte à ne jamais vraiment jouer la carte de l'originalité.
Bien ancré sur le terrain du classicisme formel - loin d'être un défaut en soi -, le film déroule avec une maîtrise évidente les contours d'un survival puissant et claustrophobie, teinté de petites envolées façon drama familial poignant, au sens du tempo redoutable : une tension constante et une habile gestion de la peur et du suspense, couplée à une vraie consistance cinématographique où les manifestations meurtrières de ses bêtes sont magnifiées par une mise en scène férocement efficace dans l’action.



Mais ce qui prime avant toute chose, c'est la volonté du cinéaste de ne jamais prendre de haut ni son spectateur, ni ses personnages, en les catapultant dans un réalisme et un premier degré salvateur : des " monsieur et madame tout-le-monde ", pas plus surhumains que d'autres, devant faire face à un mal dont on a nul besoin de surligner la fonction primaire et hautement létale (attraper : manger).
Ne déviant jamais de sa route, quitte à logiquement s'empêcher d'atteindre la maestria de ses figures tutélaires Les Dents de la Mer et Solitaire, Crawl, entre le film de crocos mordant et le huis clos haletant/humide, est un pur B movie comme on les aime, un survival brutal et sensoriel à l'efficacité nette et sans bavure, dont la modestie n'a d'égale que l'enthousiasme non feint qu'il procure à sa vision.
Le premier Vrai film estival aura attendu la fin juillet pour débarquer dans les salles obscures... il était temps.


Jonathan Chevrier






Après avoir eu l’année dernière en guise de film estivale d’animaux aquatiques mangeurs d’homme le très sympathique En Eaux Troubles, qui nous proposait entre autre de voir Jason Statham se battre à main nue contre un Megalodon (et ça, ça n’a pas de prix), cette année c’est au français Alexandre Aja qu’incombe la tâche de nous prendre par la main pour nous emmener avec lui dans le merveilleux monde des bestioles aux dents acérés qui nous prennent, nous pauvres humains, pour d’appétissants sandwichs thon/mayonnaise. Et c’est à nouveau extrêmement sympathique, rafraichissant, et pas avare en terme de boulottage gratuit de gens qui m’avaient pourtant l’air, ma foi, d’être de bonnes âmes. 


Le film ne tente pas d’œuvrer dans le domaine de l’horreur ludique : pas de gore outrancier, pas même une petite vanne pour faire sortir le spectateur du film et relâcher la pression. Bien au contraire il s’attache à construire un huis-clos claustrophobe du meilleur effet, au sein duquel se joue un drama familial classique mais raisonnablement prenant. Il est intéressant de noter le choix plutôt pertinent et l’utilisation plutôt efficace du décor. La maison délabrée dans laquelle se déroule le gros du film est d’une part un symbole très puissant de ce que nos personnages ont perdu, à savoir l’unité familiale depuis la séparation des parents. C’est un lieu empli de souvenirs, de vécu, d’un amour aujourd’hui disparu ou bien gangréné par la rancœur. C’est un lieu aux couleurs ternes, où tout est vieux, vétuste, un lieu auquel s’accroche pathologiquement le père dans son refus d’avancer. 
Mais c’est aussi un décor de rêve pour construire ce genre d’intrigue basé sur des reptiles belliqueux qui veulent bouffer de l’humain. Une vieille bâtisse sinistre pleine de trous, qui prends l’eau de toute part, la menace est prégnante et peut venir de partout. Et nos personnages devront se débattre dans cet espace symbolique infernal entre les fantômes du passé et les alligators du présent, accepté qu’il soit mis à mal, voir même qu’il disparaisse, pour finalement, peut-être, réussir sortir la tête de l’eau, littéralement et métaphoriquement. C’est somme-toute assez classique, mais plutôt intelligemment fait. Toutes les séries B d’horreur animalière n’ont pas cette richesse-là, et ça donne au film une vraie consistance cinématographique, une base plus que solide pour développer son crescendo d’intensité qui a le mérite de ne jamais se précipiter. C’est très agréable de voir un film avancer aussi sûr de la fiabilité de ses fondations, et prendre son temps pour faire monter la mayonnaise.



Une bonne partie de la réussite du film passe aussi par le travail du son. Il baigne tout entier dans l’ambiance sonore de l’ouragan, un son violent, agressif, oppressant... Mais qui se fera oublier, pour n’être là qu’en toile de fond et agir comme un support supplémentaire à l’intrigue, sans jamais se faire trop présent ou pas assez. C’est ce genre d’ambiance sonore géniale dont on ne se rend compte de l’importance que lorsqu’elle disparait. 
Si le film déçoit un tantinet, ce n’est que par le déni total et absolu dont il fait preuve vis à vis des nombreuses blessures subit par les protagonistes. Il vous faudra donc accepter qu’en dépit de moult morsures infligées parfois à des endroits plutôt handicapants, les personnages n’éprouveront jamais la moindre difficulté à se mouvoir, nager, ou effectuer n’importe quelle tâche physique. Bon. Soit. C’est regrettable puisque ça va à l’encontre du parti pris assez réaliste du film, mais ne gâche pas le plaisir ressenti devant le métrage. Je dirais même que ça y contribue. Car si le film est un efficace survival claustrophobe, il n’oublie pas d’où il vient et ce qu’on vient chercher avec lui : une certaine saveur « B » qui passent par des déchiquetage d’âmes purs pour le plaisir, et par ce genre d’incohérences qui s’avèrent au final plus divertissantes qu’autre chose.  

Kevin

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