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[CRITIQUE] : Les Enfants de la mer


Réalisateur : Ayumu Watanabe
Avec les voix de : Mana Ashida, Win Morisaki,...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Animation
Nationalité : Japonais
Durée : 1h50min

Synopsis :
Ruka, jeune lycéenne, vit avec sa mère. Elle se consacre à sa passion, le handball. Hélas, elle se fait injustement exclure de son équipe le premier jour des vacances. Furieuse, elle décide de rendre visite à son père à l'aquarium où il travaille. Elle y rencontre Umi, qui semble avoir le don de communiquer avec les animaux marins. Ruka est fascinée. Un soir, des événements surnaturels se produisent.



Critique :


Comme pour les romans, il existe des mangas difficile à adapter en long-métrage. Les Enfants de la mer de Daisuke Igarashi en fait partie. Mais qu’importe, le producteur Eiko Tanaka, aidé du Studio 4 °C, décide de se lancer avec Ayumu Watanabe à la barre. Pour les plus chanceux, le film (sorti au Japon le 7 juin) sera visible au Festival de Annecy. Pour les autres, l’attente ne sera pas si longue que cela, car il arrive dans nos salles pour le 10 juillet.
Les Enfants de la mer est une histoire onirique, et le film laisse le temps au spectateur de s’y plonger totalement, espérant que l’on adhère tous au propos mystique.
Ruka est une adolescente qui ne gère pas sa colère. Quand une de ses camarades la provoque pendant un match de handball, elle lui répond par une violence décuplée. Incapable de s’excuser car elle a une impression d’injustice, elle préfère s’en aller voir son père qui travaille à l’aquarium de la ville. Mais, grâce aux détails intelligemment posés pendant le début du film, nous comprenons le côté rebelle de la jeune collégienne, obligé de ranger les canettes de bière que sa mère sème un peu partout dans la maison. Elle qui est entourée par la mer sans y faire attention va rencontrer deux personnages énigmatiques et fascinants et va se lier étroitement avec l’un deux.



Umi et Sora sont deux êtres venant de la mer. Si Umi s’adapte bien à la vie terrestre, même s’il doit être plongé dans l’eau de temps en temps, Sora lui dépérit à vu d’oeil. L’univers du film, assez réaliste va petit à petit plonger dans le fantastique. Dans cet univers onirique, la mer est un tout, chaque être vivant est important, indissociable de la vie et de la mort. Les Enfants de la mer se veut donc un rite initiatique, où Ruka, qui est plutôt centrée sur sa petite vie, va se rendre compte qu’elle n’est pas seule et que ses actes comptent, dans sa propre vie mais aussi dans celles des autres. Et la force du film réside dans le fait que l’on reste du point de vue des enfants. Les adultes sont parfois de bons conseils, comme la vieille femme sur son bateau, mais sont aussi impuissants, égoïstes ou même toxiques (comme la maman de Ruka). Le film tend vers le surnaturel à la fin, presque une expérience métaphysique, où l’on a l’impression de voir un curieux mélange entre 2001 l'odyssée de l’espace et Fullmetal Alchemist, écrit par Hiromu Arakawa (le manga détient d’ailleurs une réflexion sur notre place dans l’univers proche des Enfants de la mer).
En plus d’une histoire fascinante, le film de Ayumu Watanabe est une beauté esthétique. L’animation en 2D qui s’inspire du style mange s’insert ingénieusement avec les textures des CGI. Les fonds marins fourmillent de détails et les créatures sont fluides. On regrette cependant des problèmes de décalages sur certains plans en mouvement, entre la 2D et les décors en 3D, que des yeux moins experts ne le verront pas.
Là où le film pêche un peu est dans ses dialogues. Parfois très explicatif, parfois trop mystérieux ou même carrément niais, Les Enfants de la mer ne sait pas sur quel pied danser. Trop bavard, le film ne se rend pas compte que ses images et sa mise en scène suffisent. Peut-être que l’équipe avait peur que l’histoire inventée par Daisuke Igarashi soit complexe ou incompréhensible. Pourtant, c’est ce qui fait toute la poésie du film.



Trip mystique et quasi métaphysique, Les Enfants de la mer ne laisse pas indifférent. Spectacle d’animation magnifique, le film nous propose de plonger tête la première dans les profondeurs de la mer, quitte à ne plus vouloir nous laisser remonter. On aime ou on aime pas, mais ce qui est certain, c'est qu'on n’en sort pas indemne.


Laura Enjolvy