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[CRITIQUE] : Frankie

 

Réalisatrice : Ira Sachs
Acteurs :  Isabelle Huppert, Brendan Gleeson, Marisa Tomei,...
Distributeur : SBS Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain, Français, Portugais.
Durée : 1h38min

Synopsis :
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2019

Frankie, célèbre actrice française, se sait gravement malade. Elle décide de passer ses dernières vacances entourée de ses proches, à Sintra au Portugal.



Critique :


Figure silencieuse mais furieusement importante d'un cinéma indépendant ricain qu'il a su sublimer avec des bandes aussi délicates et humaines qu'elles sont franchement ancrées dans une réalité sociale salvatrice (Keep the Lights On, Love is Strange ou encore Brooklyn Village), Ira Sachs continue gentiment mais sûrement son petit bonhomme de chemin, se voyant offrir cette fois les honneurs d'une sélection cannoise avec son dernier essai, Frankie, sorte de règlement entre amis chorale, âpre et savoureux au coeur d'une petite cité portugaise - le premier film européen du cinéaste -, pour laquelle il a convoqué un casting vedette en tout point exceptionnel : Isabelle Huppert, Brendan Gleeson, la (toujours) sublime Marisa Tomei, Jérémie Renier, Pascal Greggory et Greg Kinnear.


Flanqué dans un véritable paradis sur terre, coupé du monde - ou presque - et au statut de carte postale totalement assumé par le cinéaste (Sintra est autant un cadre qu'un acteur du métrage), Sachs fait ce qu'il sait faire avec Frankie : décortiquer avec justesse les relations humaines autant que la banalité du quotidien, tout en lançant avec parcimonie de gros clins d'oeil à sa figure tutélaire Woody Allen, dont l'ombre plane jamais très loin de ses histoires.
Le hic, c'est que cette fois la mayonnaise ne prend pas, et l'on peine sensiblement à se passionner pour les déambulations d'un ultime séjour en famille, où une mère qui se sait malade (Isabelle Huppert, appliquée) se déchire, se rabiboche et s'amourache avec une pléthore de proches.
Ne transcendant jamais son sujet ni ses émotions, pourtant universels, ni même la nature fonctionnelle de ses personnages peu empathiques (aucun ne se démarque réellement), le Sachs nouveau, pas ambitieux pour un sou (un peu de folie et d'humour mieux sentie n'aurait pas été du luxe), reste constamment en surface, déroule tranquillement sa mécanique mal huilée jusque dans sa mise en scène amorphe, jusqu'au coup de sifflet final - superbe plan final justement.


Reste un cadre magnifique donc, et les partitions d'un Brendan Gleeson impeccable et d'une Marisa Tomei craquante (dont on use pas du timing comique... shame), c'est maigre pour la compétition officielle, trop maigre...


Jonathan Chevrier