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[CRITIQUE] : La Belle Époque


Réalisateur : Nicolas Bedos
Acteurs : Daniel Auteuil, Fanny Ardent, Guillaume Canet, Doria Tillier, Pierre Arditi,...
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Comédie, Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h55min.

Synopsis :
 
Le film est présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2019

Victor, un sexagénaire désabusé, voit sa vie bouleversée le jour où Antoine, un brillant entrepreneur, lui propose une attraction d’un genre nouveau : mélangeant artifices théâtraux et reconstitution historique, cette entreprise propose à ses clients de replonger dans l’époque de leur choix. Victor choisit alors de revivre la semaine la plus marquante de sa vie : celle où, 40 ans plus tôt, il rencontra le grand amour...




Critique :

Que l'on aime ou pas Nicolas Bedos, qui a hérité autant du talent que de la gouaille jouissivement gueularde de son paternel, n'en est pas moins un auteur talentueux (oui), dont la verve ne peut pleinement laisser indifférent son auditoire.
L'idée que le bonhomme, après quelques rôles plus ou moins remarquables, décidait de sauter le pas il y a de cela deux ans, en mettant en scène son premier long-métrage avec l'aide de sa compagne - ou pas, c'est compliqué à définir - la pétillante Doria Tillier au scénario, avait tout du petit évènement dans le septième art hexagonal. 



 
Bonne pioche, puisque le bonhomme surmontait sans trembler le cap du premier essai avec Monsieur et Madame Adelman, une oeuvre infiniment personnelle et fascinante.
Un est de ses premiers essais touchés par la grâce, dont la réussite naît pleinement dans la fougue et l'envie évidente de bien faire, d'un réalisateur en herbe se donnant corps et âme dans son projet.
Intelligent et sincère jusqu'au bout de la pellicule, le wannabe cinéaste déjouait les codes mielleux de la love-story conventionnelle pour conter l'histoire dans la grande histoire, sur quarante ans, d'un vrai couple mué par les hauts et les bas d'une vie loin d'être rose, porté par un amour aussi dévastateur qu'il est sans bornes.

Une oeuvre potentiellement méta, peut-être, qui appelait clairement à ce que le fils du grand Guy repasse au plus vite derrière la caméra, ce qu'il aura fait à peine deux ans plus tard donc avec La Belle Époque, pas moins ambitieux que son illustre ainé, et articulé autour d'un concept plus qu'alléchant : une attraction hors du commun permettant à ceux qui en acceptent l'invitation, de revivre l'époque de leur choix.


Quelques semaines après le formidable Mon Inconnue d'Hugo Gélin, qui usait déjà du glissement temporel pour mieux étoffer les bases d'une sensible et grisante comédie romantique, le second essai de Nicolas Bedos empreinte donc le même chemin parsemé d'embuches mais foutrement grisant, laissant le fantastique s'immiscer au sein une fresque romanesque incroyablement empathique, traitant avec gourmandise et amusement, d'une pléthore de thèmes charnières articulée autour de l'amour (perdu ou en reconquête), d'une satire sur le mythe du couple - comme Monsieur et Madame Adelman - et des affres du temps qui passe.
Chronique mélancolique aussi désabusée qu'elle est légère et piquante (les punchlines du Bedos font toujours aussi mal), entremêlant fiction et réalité fantasmée et arrangée (un faux passé casse-gueule mais joliment bien amené), centrée sur un homme revivant les premières heures de l'amour de sa vie, au sein des bouillantes et rock 'n' roll 70's, La Belle Époque, sans doute un poil trop méta et surligné dans son propos pour atteindre la sagesse/justesse de son précédent long, n'en reste pas moins d'une poésie et d'une authenticité bouleversante, qui prouve les facultés du cinéaste à dirigé avec force un casting totalement voué à sa cause.
Et si Daniel Auteuil et Guillaume Canet sont impeccables, ce sont surtout Fanny Ardant et Doria Tillier, muse assumée du cinéaste, qui emportent clairement l'adhésion.


La première, solaire, irradie l'écran autant de son talent que de sa beauté éternelle tandis que la seconde, incroyable, passe par toutes les émotions possibles (et nous fait également, passer par toutes les émotions possibles) et laisse exploser à l'écran toutes les nuances d'un jeu passionnant à suivre.
Elles sont les valeurs ajoutées indéniables de cette belle dramédie nostalgique - mais jamais amer - et d'un enthousiasme rafraichissant, qui prouve sans forcer que Nicolas Bedos est bien l'un des cinéastes les plus à suivre du moment dans l'hexagone.


Jonathan Chevrier



Nicolas m’avait surpris, étonné, emballé avec son premier film, Monsieur et Madame Adelman. Mais, il est toujours difficile de cerner si tout cela a de quoi donner une réelle carrière de cinéaste, ou si ce n’est qu’un coup de chance. Il fallait donc pour Bedos confirmer, réaffirmer, cimenter le fait qu’il peut prétendre a construire, autour de lui, une filmographie, c’est en tout cas ce que s’emploie a démontrer La Belle Époque.
Sur un pitch très high concept, une entreprise propose à ses clients de replonger dans l’époque de leur choix, Bedos livre une œuvre romanesque en diable, aussi ample qu’intime, farouchement impertinente et pourtant joliment émouvante. Vous l’aurez compris, La Belle Époque est un beau film, qui ne fait que confirmer le talent de Bedos derrière une caméra - et à l’écriture également. 



Il y a au sein de ce long-métrage cette idée aussi casse-gueule que sublime du souvenir. Recréer un souvenir. Pour Victor (Daniel Auteuil), ce sera l’année 1974, le 16 mai, le jour ou il a rencontré sa femme, Marianne (Fanny Ardent), qu’il va retrouver sous les traits de Margot (Doria Tillier), comédienne. S’enclenche alors le plongeant, celui qui ravive les sentiments enfouis, mais qui aurait pu donner lieu à un propos boursouffler, à base de « c’était mieux avant ». Une chose totalement anéantie par une réplique du personnage de Fanny Ardent n’exprimant aucune nostalgie vis à vis d’une époque ou; le viol était plus facile, l’avortement était plus difficile et où on avait l’impression de vivre dans un cendrier géant.
On retrouve au sein de cette réplique toute la plume de l’auteur-réalisateur, son art du dialogue lui permet d’éviter l’imbibation du sentimentalisme. Les punchlines ne cessent de virevolter entre impertinence orgasmique et vulgarité éruptive. Tout cela donne le rythme, le ton, injecte les coupures brutes parfois, plus poétiques à d’autres moments. Car, Bedos use du langage cinématographique tout en ayant ce décrochage dû au principe même de son film. En cela, La Belle Époque contourne les artifices irriguant son premier métrage, tout en continuant a vouloir faire de la belle image, celle purement plastique que seul le cinéma permet. 



Mais là où le film impressionne, c’est dans son scénario. Si Monsieur et Madame Adelman avait déjà en lui une audace certaine, La Belle Époque déroule un récit souvent tortueux ou se mêle et s’entremêlent réalité et fiction avec une fluidité permettant au spectateur de ne jamais perdre le fil. Tout cela s’imbrique au fur et à mesure pour donner corps à un film ample, copieux, abondant.
Derrière cette réussite, il y a aussi l’esquisse d’un auteur en plein envol. Bedos construit son cinéma quand on compare ces deux premiers films ont ne peut qu’ériger des ponts, tendre des fils, souligner des points communs. L’obsession pour le père et son rapport à lui, le temps qui passe et entraîne avec lui l’affaissement des sentiments, mais surtout, et on pourrait s’en étonner, Bedos évoque l’amour, toujours, en permanence. Celui de la passion, celui qui bouleverse, celui de la douleur. 



Ainsi, La Belle Époque confirme définitivement Nicolas Bedos comme un réalisateur à suivre, cela tombe bien sa prochaine aventure est déjà connue. Ce sera OSS117 : Alerte rouge en Afrique noire, toujours avec Jean Dujardin, toujours avec la plume de Jean-François Halin et avec l’arrivé de Pierre Niney, excitant non ?



Thibaut Ciavarella 



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