[CRITIQUE] : Captive State
Réalisateur : Rupert Wyatt
Acteurs : Ashton Sanders, John Goodman, Vera Farmiga,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Science-Fiction, Thriller.
Nationalité : Américain
Durée : 1h49min
Synopsis :
Les extraterrestres ont envahi la Terre. Occupée, la ville de Chicago se divise entre les collaborateurs qui ont juré allégeance à l'envahisseur et les rebelles qui les combattent dans la clandestinité depuis dix ans.
Critique :
Film d'espionnage haletant autant qu'il est un vrai film de guerre sur la résistance, politique et follement réflexif, #CaptiveState est un vrai morceau de cinéma immersif et captivant, une bande SF oppressante, créative et intelligente qui mérite décemment son pesant de popcorn pic.twitter.com/WackLcfvOc— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 3 avril 2019
Force est d'avouer que l'on a eu tendance à un peu trop vite oublié que Rupert Wyatt était décemment l'un des cinéastes les plus talentueux et prometteurs de sa génération, sous prétexte que le bonhomme n'a pas forcément squatté nos salles obscures autant qu'il aurait dû le faire.
Un reboot brillant que personne n'a vu venir et qui a donné un coup de fraicheur totalement improbable à une franchise en bout de course depuis (très) longtemps - La Planètes des Singes : Les Origines -, un remake solide offrant à Mark Wahlberg l'un de ses plus grands rôles - The Gambler -, et une participation accrue derrière la caméra de l'un des shows les plus mésestimés et passionnant de la télévision US de ses dernières années - feu L'Exorciste -, sans compter un projet maudit qui aurait décemment pu être l'un des hits du genre super-héroïque - Gambit..., même s'il n'a pas chômé, le Rupert a prouvé plus que de raison qu'il en avait sous le pied, et son nouveau long-métrage en date, gentiment boycotté dans les salles US, n'en est qu'une preuve des plus probantes.
Thriller SF ne jouant jamais la carte du spectaculaire, Captive State, a rangé gentiment dans le panthéon des petites bombes minimalistes du genre aux côtés de District 9, a tout de l'anti-film Hollywood sur une invasion extraterrestre tant il s'amuse tout du long à déjouer tous les codes et clichés du genre, pour mieux tracer son propre chemin proprement fascinant.
Louchant judicieusement vers le thriller haletant focalisé sur une résistance intime face à l'envahisseur, le nouveau film de Wyatt a l'intelligence de capter l'horreur d'une invasion par le prisme d'un seul et unique regard, au coeur de l'action tout autant qu'il est détaché de tous les tenants de cette dite occupation (et qui ne seront au final, jamais réellement dévoilés à l'écran), plongeant l'humanité - tout comme le spectateur - aussi bien dans le chaos que dans l'inconnu.
Une épure d'effet louable tant elle installe une urgence de tous les instants, une nervosité constante qui n'est pas sans rappeler autant l'approche du genre par Spielberg (le chef-d'oeuvre La Guerre des Mondes) et Abrams, notamment via 10 Cloverfield Lane qui avait le bon goût de ménager ses effets jusqu'à un final certes un poil trop pétaradant - John Goodman figurait déjà au casting, et ce n'est pas une coïncidence.
Film d'espionnage - il en reprend tous les codes - autant qu'un vrai film sur la résistance (dont les symboles ici sont magnifiés), usant de la science-fiction pour justifier son cadre (un monde futuriste qui ne fait qu'extrapoler certaines réalités du monde contemporain) et non donner du corps à son histoire (qui tient admirablement bien la route malgré sa simplicité évidente), politique (impossible de ne pas voir les clins d'oeil à l'histoire récente de l'humanité, de la colonisation forcée à la déportation de certains peuples, surtout que les références à la seconde Guerre Mondiale sont aisément visibles) et férocement réflexif, Captive State, qui n'a pas toujours les moyens de ses ambitions - son seul réel défaut -, est un vrai morceau de cinéma immersif et captivant, une bande SF oppressante, créative et intelligente qui mérite décemment que l'on s'y intéresse.
Tout comme le cinéma de Rupert Wyatt au fond.
Jonathan Chevrier