[CRITIQUE] : Wildlife - Une Saison Ardente
Réalisateur : Paul Dano
Acteurs : Ed Oxenbould, Carey Mulligan, Jake Gyllenhaal,...
Distributeur : ARP Selection
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min.
Synopsis :
Dans les années 60, Joe, un adolescent de 14 ans, assiste impuissant à la lente dégradation des rapports entre son père et sa mère.
Critique :
Récit initiatique bouleversant d'un jeune homme confronté à la dureté de l'âge adulte, spectateur involontaire de la déliquescence du cocon familial, #Wildlife est un bijou de drame intime et sensible dans lequel Paul Dano sonde les âmes perdues et blessées avec une justesse rare pic.twitter.com/zNmWVSEsjd— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 7 novembre 2018
Artisan discret d'un cinéma indépendant ricain qu'il
embellit avec parcimonie, en choisissant habilement ses projets autant
par envie que par souci de confronter les nuances de son jeu à des
cinéastes de renom, le talentueux Paul Dano saute le pas en ses
dernières heures de la riche année ciné 2018, en passant pour la
première fois derrière la caméra avec Wildlife - Une Saison Ardente
(adaptation du roman éponyme de Richard Ford), adoubé avec enthousiasme
autant par la dernière croisette cannoise que le dernier festival de
Sundance.
Pas un petit pas en soi tant on sait que
l'exercice du premier essai est souvent délicat - et encore plus pour
les comédiens reconnus, qui sont méchamment attendus au tournant -,
même si le bonhomme s'est assuré de l'opérer avec un casting aux petits
oignons, dominé par le formidable couple Carey Mulligan/Jake Gyllenhaal.
Avec
son histoire infiniment douloureuse et empathique d'un jeune homme qui,
durant les glorieuses 60's, voit le cocon familial et le mariage de ses
parents se déliter à mesure que les aléas de la vie et la tension
qu'ils instaurent, gangrènent leur union, Wildlife vise tout du long
l'épure et ressemble subtilement à l'homme qui le dirige telle une
peinture somptueusement modeste et délicate sur pellicule, dont chaque
détail minutieusement travaillé, expose à l'écran un amour profond
autant pour son histoire d'une universalité déchirante (que beaucoup
jugeront d'affreusement classique, sans foncièrement avoir trop tort)
que pour ses personnages réellement captivants.
Véritable
récit initiatique d'un jeune homme catapulté à la dure dans l'âge
adulte, spectateur (in)volontaire des désirs d'émancipation de sa mère
aimante et de la chute psychologique de son père, dont le point de vue
complice est épousé sans la moindre retenue - à tel point que l'on peut
voir le personnage comme une extension de Dano adolescent -, le métrage
rompt de manière incroyable la (supposée) malédiction des premiers films
dramatique en tutoyant une justesse de ton et d'exécution quasi
miraculeuse, tant le wannabe cinéaste qu'est Paul Dano, s'approprie
comme un gant l'entièreté de son oeuvre pour mieux sonder les âmes
perdues et blessées.
Jamais
les fêlures ne sont trop surlignées, jamais la sincérité de son
émotion ne sonne faux, jamais les non-dits ne sont trop alourdis par une
caméra discrète et intimiste (au plus près des corps, des visages et des regards) autant que par une écriture assurée et
pétrie de finesse, permettant à son brillant casting vedette (d'un
Gyllenhaal tout en retenue à une Mulligan d'une douceur folle, sans
oublier la révélation Ed Oxenbould), de nous cueillir avec force.
Un premier film humain, sensible, solaire et définitivement fabuleux.
Jonathan Chevrier