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[CRITIQUE] : Wildlife - Une Saison Ardente


Réalisateur : Paul Dano
Acteurs : Ed Oxenbould, Carey Mulligan, Jake Gyllenhaal,...
Distributeur : ARP Selection
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min.

Synopsis :
Dans les années 60, Joe, un adolescent de 14 ans, assiste impuissant à la lente dégradation des rapports entre son père et sa mère.




Critique :




Artisan discret d'un cinéma indépendant ricain qu'il embellit avec parcimonie, en choisissant habilement ses projets autant par envie que par souci de confronter les nuances de son jeu à des cinéastes de renom, le talentueux Paul Dano saute le pas en ses dernières heures de la riche année ciné 2018, en passant pour la première fois derrière la caméra avec Wildlife - Une Saison Ardente (adaptation du roman éponyme de Richard Ford), adoubé avec enthousiasme autant par la dernière croisette cannoise que le dernier festival de Sundance.
Pas un petit pas en soi tant on sait que l'exercice du premier essai est souvent délicat - et encore plus pour les comédiens reconnus,  qui sont méchamment attendus au tournant -, même si le bonhomme s'est assuré de l'opérer avec un casting aux petits oignons, dominé par le formidable couple Carey Mulligan/Jake Gyllenhaal.


Avec son histoire infiniment douloureuse et empathique d'un jeune homme qui, durant les glorieuses 60's, voit le cocon familial et le mariage de ses parents se déliter à mesure que les aléas de la vie et la tension qu'ils instaurent, gangrènent leur union, Wildlife vise tout du long l'épure et ressemble subtilement à l'homme qui le dirige telle une peinture somptueusement modeste et délicate sur pellicule, dont chaque détail minutieusement travaillé, expose à l'écran un amour profond autant pour son histoire d'une universalité déchirante (que beaucoup jugeront d'affreusement classique, sans foncièrement avoir trop tort) que pour ses personnages réellement captivants.
Véritable récit initiatique d'un jeune homme catapulté à la dure dans l'âge adulte, spectateur (in)volontaire des désirs d'émancipation de sa mère aimante et de la chute psychologique de son père, dont le point de vue complice est épousé sans la moindre retenue - à tel point que l'on peut voir le personnage comme une extension de Dano adolescent -, le métrage rompt de manière incroyable la (supposée) malédiction des premiers films dramatique en tutoyant une justesse de ton et d'exécution quasi miraculeuse, tant le wannabe cinéaste qu'est Paul Dano, s'approprie comme un gant l'entièreté de son oeuvre pour mieux sonder les âmes perdues et blessées.


Jamais les fêlures ne sont trop surlignées, jamais la sincérité de son émotion ne sonne faux, jamais les non-dits ne sont trop alourdis par une caméra discrète et intimiste (au plus près des corps, des visages et des regards) autant que par une écriture assurée et pétrie de finesse, permettant à son brillant casting vedette (d'un Gyllenhaal tout en retenue à une Mulligan d'une douceur folle, sans oublier la révélation Ed Oxenbould), de nous cueillir avec force.
Un premier film humain, sensible, solaire et définitivement fabuleux.


Jonathan Chevrier