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[CRITIQUE] : Silvio et les Autres


Réalisateur : Paolo Sorrentino
Acteurs : Toni Servillo, Elena Sofia Ricci, Riccardo Scamarcio, Lasia Smutniak,...
Distributeur : Pathé Distribution
Budget :
Genre : Biopic
Nationalité : Italien, Français.
Durée : 2h38min

Synopsis : 

De son empire médiatique à son élection à la tête du gouvernement italien, Silvio Berlusconi a marqué l’histoire italienne par son ascension fulgurante, ses fresques privées et sa capacité à renaître de ses échecs…



Critique :





Y a-t-il plus figure plus Sorrentinienne que Berlusconi ? Non, et c’est d’ailleurs pour cela que Silvio et les autres apparaît non pas comme un nouveau film du réalisateur italien, mais comme un véritable best of de son style. Il parvient à faire coexister sa nature de portraitiste à son esthétique tape-à-l’oeil tout en sondant l’Italie et donc forcément les Italiens.



Ici, le terme best of n’a rien de péjoratif, car la force de tout bons cinéastes est de parvenir à maintenir un style sans pour autant sonner comme un calque peu inspiré de précédents longs-métrages. Avec ce nouveau long-métrage, Sorrentino décuple sa nature de portraitiste en multipliant les points de vue sur ce milliardaire que tout le monde rêve d’approcher. Berlusconi se présente comme une sorte de personnage de théâtre entouré par une cour, le film prend alors des allures de labyrinthe géant ou l’on se perd (avec plaisir). Les personnages deviennent des vignettes permettant de dessiner progressivement un individu à la morale douteuse, un séducteur et un politicien raté.
Car derrière le baroque, les frasques, les exubérances, Sorrentino capte l’homme politique. Celui qui s’est rêvé et vendu comme le sauveur de l’Italie. Mais qui dans son exaltation pour la conquête du pouvoir n’a jamais était rien d’autre qu’un entrepreneur capable de vendeur son image comme certains sont capables de vendre des voitures. C’est dans ce moment-là que le cinéaste touche les failles de l’homme, son plus grand échec.




On voudrait presque croire a une rédemption, mais on la sait impossible, on connaît la fin. Lors de la seconde partie du film, Sorrentino délaisse Berlusconi pour pénétrer Silvio, l’intime, l’homme de 70 ans gagné par l’ennui, par un mariage en lambeaux, le grand-père aux expressions figées qui attend.
Le dernier plan du film résume parfaitement cela, un village italien ravagé par un tremblement de terre d’ou des ouvriers parviennent a extraire une sculpture du Christ en parfait état. Tout est là, dans cette scène, Berlusconi est increvable, il est détestable, Trumpien avant l’heure, il est ce vendeur qui n’a jamais réellement gouverné. Il est l’homme des excès, des scandales, il trahit, aime, possède, alors qu’on voudrait voir l’homme tomber, il renaît comme une figure divine. 



Sorrentino livre avec Silvio et les autres un biopic exubérant, imbibé par son sens de l’image riche et un brin kitsch, mais qui n’est jamais vide. Car, loin d’une page Wikipédia visant à nous faire un portrait lisse d’un personnage historique. Le cinéaste fait de la vie du il Cavaliere une pâte à modeler lui permettant de créer toutes les formes possibles comme pour mieux raconter la complexité de l’Italie elle-même.



Thibaut Ciavarella