[CRITIQUE] : Silent Voice
Réalisateur : Naoko Yamada
Acteurs : Miyu Irino, Saori Hayami, Aoi Yuki, Kensho Ono, ...
Distributeur : Art House
Budget : -
Genre : Animation, Drame, Romance
Nationalité : Japonais
Durée : 2h05min
Synopsis :
Nishimiya est une élève douce et attentionnée. Chaque jour, pourtant, elle est harcelée par Ishida, car elle est sourde. Dénoncé pour son comportement, le garçon est à son tour mis à l'écart et rejeté par ses camarades. Des années plus tard, il apprend la langue des signes... et part à la recherche de la jeune fille.
Critique :
Impossible de ne pas verser une larme à la vision de #SilentVoice, petit bijou important, traitant de sujets aussi divers que douloureux (comme le handicap, le harcèlement scolaire, le suicide et l’anxiété) avec sensibilité et réalisme (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/kikePVgHll— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 9 juillet 2018
Silent Voice, réalisé par Naoko Yamada est l’adaptation du manga éponyme de Yoshitokoi Oima, devenu un véritable phénomène lors de sa publication. Comme on le sait tous, l’adaptation de livres ou de manga à succès est toujours un exercice difficile pour le courageux ou la courageuse qui s’y colle. Très attendu, quelques chanceux (dont moi) ont pu voir en avant première ce que donne le passage du manga en film.
Dès l’introduction, Silent Voice donne le ton: le film ne parlera pas de sujet joyeux et léger. Le spectateur est prévenu. Après l’opening (avec en fond sonore le groupe anglais The Who), nous rentrons dans le vif du sujet. Le jeune Ishida traîne avec son groupe d’ami et semble heureux. Une nouvelle élève fait son apparition. C’est Nishimiya et elle est sourde. Pleine de bonne volonté, elle propose à sa nouvelle classe un cahier qui sera dédié pour lui parler (car personne ne connaît la langue des signes). Si au début, tout le monde y met du sien, cette façon de communiquer devient vite contraignante pour ces enfants qui n’ont jamais vécu ce genre de handicap. Ishida, son groupe d’amis et les filles de la classe changent donc de comportement. C’est le début du harcèlement scolaire que va vivre la jeune fille pendant toute l’année. Les scènes sont glaçantes de réalisme. Ces enfants qu’on a doucement appris à connaître, surtout Ishida, se transforment en monstre sans cœur.
Cela commence par des moqueries et du rejet, mais cela se transforme vite en maltraitance physique. Leur professeur voit bien évidemment ce qui se passe, mais ne fait rien pour l’en empêcher (encore une fois un élément bien réaliste…). Nishimiya, malgré tout ça, essaye de s’intégrer. Mais sa douceur et sa gentillesse n’empêchent pas ses camarades d’être méchant. On voit petit à petit les conséquences psychologiques de cet harcèlement. La bonne idée de l’histoire vient surtout du changement de bouc émissaire. Du jour au lendemain, après une punition, Ishida devient la cible principal du harcèlement. Une façon subtil de montrer que le harcèlement scolaire est arbitraire et que personne n’en est à l’abri. Ce changement scénaristique permet au spectateur de pardonner au jeune homme son comportement, car il se repent très vite sur ce qu’il a fait. Silent Voice montre bien les retombées psychologique sur le personnage, qui développe une phobie. Il n’arrive plus à regarder les gens dans les yeux et à faire confiance à autrui.
Mais le film va plus loin, creusant la notion du pardon. Ishida apprend la langue des signes dans le but de lui présenter ses excuses et de lui montrer qu’il a changé. Silent Voice creuse encore plus loin en parlant de l’amitié et de la solitude (sociale ou par le biais d’un handicap). Nishimiya est sourde, mais elle est merveilleusement bien entourée par sa soeur (très protectrice) et les amis qu’elle arrive à se faire grâce à sa bonne humeur et son enthousiasme.
Au contraire, Ishida se terre dans sa solitude, en évitant tout contact. Visuellement, cela se traduit par de grosses croix bleues au niveaux des yeux car il n’arrive pas à regarder quiconque en face. Entre Ishida et Nishimiya naît une amitié intense. Des séquences magnifiques traduisent leur sentiment l’un envers l’autre par le biais de la langue des signes. Car au final, les mots et les phrases dans le film sont soient maladroites, soient heurtent et font mal. Ce qui se dit sans son est beaucoup plus doux et bienveillant.
Silent Voice est un petit bijou important, traitant de sujets aussi divers que douloureux (comme le handicap, le harcèlement scolaire, le suicide et l’anxiété) avec sensiblerie et réalisme. De jolies séquences poétiques viennent ponctuer le long-métrage avec délicatesse. Impossible de ne pas verser une larme, je vous mets au défi.
Laura Enjolvy