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[CRITIQUE] : Hotel Artemis


Réalisateur : Drew Pearce
Acteurs : Jodie Foster, Dave Bautista, Sterling K. Brown, Sofia Boutella, Jeff Goldblum, Charlie Day,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Action, Thriller, Science-fiction.
Nationalité : Britannique, Americain.
Durée : 1h35min.

Synopsis :
Dans un futur proche, une infirmière, qui dirige un hôpital regroupant les plus dangereux criminels de Los Angeles, découvre que l'un de ses patients est dans l'établissement afin d'en assassiner un autre



Critique :


S'il y a un point infiniment positif à retirer du premier - et riche - semestre ciné de 2018, c'est que la distribution annuelle aura su nous offrir bon nombres de premiers films de qualité, brassant des genres aussi larges que le rape and revenge (Revenge), la romcom inspirée (Tout le Monde Debout), la SF d'anticipation à forte tendance zombiesque et minimaliste (La Nuit à Dévoré le Monde), le teen movie irrésistible (Lady Bird), le thriller d'épouvante réellement flippant (Hérédité), le drame solaire (Katie Says Goodbye) ou encore la chronique familiale réaliste et terrifiante (Jusqu'à la Garde).
Une vérité qui est loin d'être contredire dès les premiers mètres du second virage de l'année avec le bien nommé Hotel Artemis, premier passage derrière la caméra du scénariste doué Drew Pearce, dont la campagne promotionnelle fut aussi timide que séduisante.



Thriller d'action/SF choral au casting vedette tellement talentueux et imposant que s'en est limite indécent, le film a tout de la série B hollywoodienne qui en a tellement dans le coffre qu'elle s'amuse totalement à déjouer les attentes d'un auditoire qui n'en demandait (peut-être) pas tant.
Faux film d'action bourrin (les scènes d'action se comptent sur les doigts d'une main méchamment amputée) comme teasé dans sa bande annonce, mais vrai huis clos sanglant et dramatique dans un L.A chaotique tout droit sortie de chez Kathryn Bigelow (Strange Days ❤), reprenant une idée mère vaguement usée dans John Wick (l'hôtel clandestin pour les malfrats et gangsters en tout genre), Hotel Artemis est un petit miracle sur pellicule semblant tout droit sortie des 90's - dans ses qualités comme dans ses défauts -, avec sa pluie de personnages (tous finement croqués même si pas dénués de clichés classiques) engoncés entre quatre murs et se lançant très vite dans un petit jeu de massacre ou personne ne sort réellement gagnant.
Sauf peut-être la merveilleuse Jodie Foster, formidable en infirmière combative et tourmentée, pivot majeur (et dont logiquement le mieux écrit du script) d'un petit monde qui ne tournerait pas - ou moins - rond sans elle, à laquelle se greffe quelques prestations plus que louables (Sterling K. Brown, dont le potentiel de futur next big thing du cinoche ricain est en marche, et Dave Bautista en tête).



Solidement mis en scène, étonnament fluide vu la longueur de son cahier des charges, aussi jouissif et intense qu'il est férocement nostalgique, pas dénué de quelques défauts dommageables mélangeant les genres avec une certaine maîtrise pour mieux incarner une pure oeuvre de genre racée et divertissante à l'interprétation impeccable, Hotel Artemis déroutera la majorité mais n'aura pas de mal à conquérir le coeur des aficionados de B movies qui joue avec les (fausses) apparences, au final plus proche d'un thriller à la Agatha Christie qu'un pur actionner qui dépote.
On a choisit notre camp...


Jonathan Chevrier




Si Hotel Artemis est son premier film, Drew Pearce n'est pas un inconnu chez Hollywood. Il a accompagné Shane Black à l'écriture du blockbuster Iron Man 3. Il est aussi crédité en tant que scénariste pour un petit film pas très connu du nom de Mission Impossible : Rogue Nation. Est-ce donc si surprenant de voir un casting aussi impressionnant pour un tout premier long-métrage ? Drew Pearce souhaite nous plonger dans un univers de gangster futuriste neo-noir. Pari réussi ?



Hotel Artemis est l'occasion, avant toute chose, de représenter le retour de Jodie Foster à l'écran. Depuis Elysium (en 2013, cela commence à dater), l'actrice s'est faite trop rare. C'est donc avec un immense plaisir que nous la retrouvons sous les traits d'une infirmière enfermée dans un immense « hôtel », qui est en fait un hôpital dédié à des gangsters de toute sorte (trafiquants d'arme, tueur à gage, braqueur de banque, etc...). Elle gère cette usine à gaz d'une main de maître, en faisant respecter des règles de bonne conduite à l'intérieur du bâtiment, avec un superbe sens de la répartie. On ne peut s'empêcher de penser à l'hôtel Continental des deux films John Wick. Mais pas de danger, la ressemblance s'arrête là. Car Hotel Artemis n'est pas un film d'action (les scènes de combat se comptent sur les doigts d'une seule main). Il s'approche plus, par son univers et son histoire, à un film de science fiction. Car le Los Angeles de 2028 fait partie intégrante de l'histoire, mais si la caméra sort très peu de l'hôtel.




Le spectateur voit bien le soin, limite chirurgicale, apporté à l'esthétique du film. Même si la mise en scène est très statique (mais nous pouvons facilement pardonner ce défaut pour un premier film) la lumière et les décors amènent une beauté visuelle très plaisante. Les couleurs sombres, rehaussées par le rouge et les néons donnent au film un côté sobre et une certaine classe. Drew Pearce décide de ne pas lâcher son héroïne principale, pour que le spectateur découvre petit à petit son passé. Un sentiment d'empathie se créer autour de cette infirmière névrosée, à la réplique cinglante. Et ce sentiment est le seul que nous ressentons. Quand le générique apparaît enfin, une question se pose : «tout ça pour ça ? ». À force de vouloir laisser des zones d'ombre à cet univers de gangster et vouloir à tout pris rester en presque huis-clos dans cet hôtel/clinique, Hotel Artemis ne va jamais au bout de son potentiel. Un sentiment de frustration pointe le bout de son nez.



Drew Pearce fait fort pour un premier long-métrage, une parfaite symbiose entre John Wick et Blade Runner. Réussi sur certain point, Hotel Artemis contient un énorme potentiel, gâché par sa mise en scène statique et une histoire des plus banales.


Laura Enjolvy