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[CRITIQUE] : Trois Visages


Réalisateur : Jafar Panahi
Acteurs : Behnaz Jafari, Jafar Panahi,...
Distributeur : Memento Films Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Iranien.
Durée : 1h40min.

Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2018

Synopsis :
Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice... Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.



Critique :

On avait laissé le talentueux Jafar Panahi en 2015, avec rien de moins que l'un de ses plus beaux longs-métrages : Taxi Téhéran, vrai/faux documentaire façon fable urbaine drôle et puissante dressant un portrait sans nuances d'une société iranienne tyrannisé.
Une oeuvre généreuse et nécessaire, une envie viscérale de cinéma porté par un cinéaste dans l'impossibilité de quitter son propre pays pendant vingt ans, et qui brave illégalement la loi pour réaliser ses films.
De retour sur la Croisette Cannoise cette année avec Trois Visages, d'où il n'est d'ailleurs pas reparti les mains vides (le jury de Cate Blanchett lui a décerné ex-aequo le Prix du Scénario), le cinéaste démontre qu'il n'a décemment rien perdu de sa fibre intensément politique.


Road trip patient, jamais démagogique ni égocentrique (même s'il reste toujours le sujet de son propre cinéma) où le cinéaste est accompagné de la célèbre comédienne iranienne Behnaz Jafari, sorte d'enquête mystérieuse mais infiniment passionnante (visant à déterminer le suicide ou non d'une jeune femme qu'on empêche de devenir actrice), contant avec force les dérives conservatrices d'une société iranienne profonde engoncée dans ses traditions et sa méfiance envers la population urbaine (contrebalancée par une gentillesse et une hospitalité non feinte), un témoignage - souvent - absurde par la fiction dans lequel s'extrait un puissant crie du coeur d'artistes (ou de wannabe artistes) désirant coûte que coûte vivre de leur passion; Trois Visages est un sommet de cinéma malicieux, métaphorique et mélancolique, définitivement moins radical que les précédents essais de Panahi.


Avec peu ou presque, Jafar Panahi concocte un plaidoyer autant vibrant qu'amer pour les artistes iraniens, ainsi qu'un plus subtil pour les femmes iraniennes, écrasées par la prédominance masculine.
Pas son meilleur poème sur pellicule, mais définitivement l'un de ses plus justes.


Jonathan Chevrier


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