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[CRITIQUE] : My Pure Land


Réalisateur : Sarmad Masud
Acteurs : Suhaee Abro, Eman Malik, Razia Malik, Syed Tanveer Hussain
Distributeur : Septième Factory
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Britannique
Durée : 1h32min

Synopsis :
Dans une région isolée du Pakistan, les terres sont l’objet de toutes les convoitises et les querelles de famille se règlent les armes à la main. Quand son père est injustement emprisonné, Nazo une jeune fille de 18 ans, se retrouve seule avec sa sœur et sa mère, assiégées par des bandits armés, engagés par leur oncle pour s’approprier leur maison. Mais Nazo, comme le lui a enseigné son père, ne se soumet pas.



Critique :

My Pure Land raconte l’histoire vraie de Nazo Dharejo, une jeune femme de 18 ans qui a dû défendre sa maison avec une arme à feu. Le réalisateur voulait raconter la corruption policière de son pays, le Pakistan qui est monnaie courante. Nazo est depuis devenue une sorte de symbole dans sa région, le Sindh et le film lui rend pleinement justice.
Il nous paraît barbare à nous occidentaux de s’occuper des affaires familiaux par les armes, c’est pourtant une dure réalité au Pakistan. Le film nous le rappelle bien au début: la justice est corrompue et inutile, des millions d’affaires sur les héritages trainent et ne sont jamais résolue. La seule façon d’y venir à bout c’est de s’en occuper soi-même. Il n’est donc pas rare de le régler par une fusillade.


Après la mort de son père et de son frère aîné, Nazo, sa petite soeur Saeda et leur mère voit leur oncle arriver avec des hommes armés, soutenus par la police. En tant que femme, elles ne peuvent pas hériter des terres. Mais leur père les a entraîné à se servir d’une arme et leur a fait promettre de ne pas céder leur terre. Encerclées, elles vont se battre pour garder leur maison. My Pure Land appuie aussi sur le fait que les petites filles sont négligées au Pakistan. La plupart des parents essayent de se débarrasser de leur enfants quand ils savent que c’est une fille. Nazo et Saeda sont privilégiées car leur père les éduquent, leur apprend l’anglais. Pour le remercier, elles veulent devenir aussi forte qu’un homme pour protéger les terres, demandent à apprendre à manier un fusil, allant jusqu’à se donner un nom d’homme.


Le réalisateur a conçu son film avec des flash-back. Dès le début du film, le spectateur est plongé dans la fusillade sans comprendre les tenants et aboutissants. Les retours dans le passé permettent de développer de l’empathie pour Nazo et sa famille. Mais les flash-back s'enchaînent parfois un peu trop et pèse sur l’histoire. On peut se demander en plein milieu d’une scène à quel arc narratif il appartient (la passé, le présent ?). L’étalonnage peut aider, les scènes anciennes étant plus saturées (il faut évidemment être très attentif à cela). Sarmad Masud va jusqu’à faire juxtaposer le passé et le présent, pour représenter le poids des conséquences qu’on fait peser sur les épaules d’une si jeune fille. Mais cette déconstruction de l’histoire a un énorme défaut: elle empêche la scène centrale (la fusillade) de monter en tension, car à chaque fois qu’il se passe quelque chose nous avons droit à un flash-back.


Mais la force de My Pure Land ne vient pas de sa mise en scène ou de son montage, mais bien de son histoire. Et les flash back servent surtout à connaître ce père pour qui se battent ces femmes, un homme de valeur et qui les respecte. Le spectateur peut donc l’opposer à son frère (le méchant et cupide frère, qui évidemment est ami avec la police corrompue).
Le film met en lumière une légende du Sindh, et permet d’ouvrir les yeux sur ce qui se passe au Pakistan.

Laura Enjolvy