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[CRITIQUE] : Red Sparrow


Réalisateur : Francis Lawrence
Acteurs : Jennifer Lawrence, Joel Edgerton, Matthias Schoenaerts, Jeremy Irons, Charlotte Rampling,..
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Thriller, Espionnage.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h21min.

Synopsis :
Une jeune ballerine, dont la carrière est brisée nette après une chute, est recrutée contre sa volonté par les services secrets russes. Entraînée à utiliser ses charmes et son corps comme des armes, elle découvre l’ampleur de son nouveau pouvoir et devient rapidement l’un de leurs meilleurs agents.
Sa première cible est un agent infiltré de la CIA en Russie. Entre manipulation et séduction, un jeu dangereux s’installe entre eux.




Critique :

On avait laissé Jennifer Lawrence sensiblement éprouvée (pour être poli) dans le formidable mais conspué Mother ! de Darren Aronofsky, de loin sa partition la plus impliquée, douloureuse et déroutante de sa carrière, qui n'aurait décemment pas démérité une petite carrière dans la dernière course aux récompenses.

Pas démotivé pour autant, la voilà de retour devant la caméra de Francis Lawrence, trois ans après la fin de la saga Hunger Games, pour Red Sparrow, thriller d'espionnage dans la plus pure tradition du genre et un brin accouché dans la douleur (le projet était longtemps porté par... Darren Aronofsky), où l'actrice joue une ancienne ballerine du Bolchoï transformée de force en agent des services secrets russes à la beauté subtilement létale.


Immense jeu de dupes convoquant tous les fantômes de la Guerre Froide au sein d'une intrigue joliment ficelée et limpide, Red Sparrow prend son temps pour habilement déployer sa toile d'araignée et happer son auditoire sur un tout petit peu plus de deux heures (et un climax aussi solide que salvateur), et ce dès une introduction coup de poing croisant les destinées des deux (anti)héros pour mieux les faire se rejoindre dans une accumulation de rebondissements et de fausses pistes rythmée et accrocheuse; où les envolées violentes agissent comme des électrochocs grisants à défaut de l'action (peu présente).
Vraie péloche d'espionnage à l'ancienne (donc très manichéen et américain, avec une image peu reluisante de Mother Russia par un pays de l'Oncle Sam ayant encore en travers de la gorge la chute du mur de Berlin), respectant au pied de la lettre les codes du genre tout en étant porté par une ambiance aussi austère que férocement rétro et un casting totalement voué à sa cause (les compositions nuancées de Jennifer Lawrence et Matthias Schoenaerts en tête, lui qui est parfait en agent secret " Poutiniesque " à souhait); le nouveau long-métrage de Francis Lawrence, étonnement appliqué derrière la caméra (sa mise en scène est aussi soignée qu'énergique), est un sommet de guerre psychologique entre Moscou, Budapest et Londres, où la manipulation est aussi commune que la paranoïa et la méfiance de l'autre.



Captivant, déstabilisant, pas toujours crédible (historiquement parlant mais aussi dans les accents pas toujours défendables des comédiens vedettes) ni dénué de gros clichés, Red Sparrow ne renouvelle décemment pas le giron du thriller, mais incarne un jeu du chat et de la souris suffisamment tendu et sensuel pour convaincre.
On en demandait décemment pas plus.


Jonathan Chevrier




Après nous avoir laissé sur notre faim (la franchise Hunger Games…) la team Lawrence/Lawrence revient en ce début de printemps entre les gros blockbusters et autres comédies familiales parées pour les vacances, avec l’intriguant Red Sparrow, quatrième collaboration entre Jennifer Lawrence et Francis Lawrence. Où l'adaptation du roman éponyme de Jason Matthews (ex-agent de la CIA) publié en 2014, qui réunit un casting international de 5 étoiles (Jennifer Lawrence, Matthias Shoenaerts, Joel Edgerton, Charlotte Rampling,...) et un brillant réalisateur papa de films marquants (Je suis une légende, Constantine).
Bref une péloche qui donne envie et qui dénote un peu de la sempiternelle saga James Bond, car les films d’espions sont trop rares à mon gout. 



Red Sparrow s'inscrit dans la parfaite dynamique classique des films d’espions : froid, sanglant et très sexy avec une Jennifer Lawrence au top de son sex-appeal. Dans la forme, l’œuvre est puissante, l'image est cliniquement froide avec de sublime plan très américain et des décors somptueux. Mieux, même le casting convoqué est impeccable. Dommage alors que dans le fond, l’histoire s'avère creuse, plombée par ses facilités et son aspect très manichéen.
Le film n'est qu'un long enchaînement de scènes de violence gratuite portée par une sexualisation à outrance, pas aidé non plus par cruel manque d’empathie pour les personnages, leur volonté paraissant assez floue durant de longues heures dont on pense qu'elles ne finiront jamais.

Pire, l’alchimie entre les acteurs laisse à désirer et ne transparaît jamais vraiment à l'écran tant cette séduction à travers le corps et les paroles - points importants pour arriver à leurs fins - peut paraître parfois intéressante mais peine au final à convaincre.
Et comment prendre au sérieux la crédibilité des acteurs avec un va-et-vient entre dialogue russe et anglais... entre compatriotes russes !




La mise à nu - littéralement - de Jennifer Lawrence (qui fait encore un choix intéressant dans sa carrière après le controversé Mother !) offre une image malsaine de la femme, capable de tout pour arriver à ses fins, une hyper sexualisation de son corps qui la rend autant de toute beauté, que réduite à être détruite dans la torture.
Mais les scènes les plus dérangeantes sont celles à la Sparrow school dirigée par une Charlotte Rampling aussi glaciale que le paysage russe est enneigé. Des scènes qui servent le propos, qui montre l’envers du décor du " sexpionnage ", une initiation à la dure où règne une cruauté violente constante pour mieux leur faire assimiler l'idée que leur corps ne leur appartient plus mais au pays, tout autant que celui-ci reste  une force, un pouvoir qu'elles peuvent manipuler pour leur propre cause et celle du gouvernement russe.
Red Sparrow, véritable pétard mouillé scénaristique alors que tout le reste est au final plutôt bon, n’est que le début d’une fructueuse collaboration entre Lawrence et Lawrence qui nous prépare dans les tuyaux The Dive l'histoire vraie du plongeur Francisco " Pipin " Ferraras et de sa femme Audrey Mestre.


Alyssa Adjaoui