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[CRITIQUE] : Queen and Country


Réalisateur : John Boorman
Acteurs : Callum Turner, Calleb Landry Jones, Pat Shortt, David Thewlis,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Guerre, Romance.
Nationalité : Britannique, Irlandais, Roumain, Français.
Durée : 1h55min.

Synopsis :
1952. Bill Rohan a 18 ans et l’avenir devant lui.
Pourquoi pas avec cette jolie fille qu’il aperçoit sur son vélo depuis la rivière où il nage chaque matin ?
Cette idylle naissante est bientôt contrariée lorsqu’il est appelé pour effectuer deux années de service militaire en tant qu’instructeur dans un camp d’entraînement pour jeunes soldats anglais en partance pour la Corée.
Bill se lie d’amitié à Percy, un farceur dépourvu de principes avec lequel il complote pour tenter de faire
tomber de son piédestal leur bourreau : le psychorigide Sergent Major Bradley.
Tous deux parviennent néanmoins à oublier un peu l’enfermement et la discipline à l’occasion de rares
sorties. Mais leur est-il encore possible d’y rencontrer l’âme sœur ?


Critique :

A 81 ans bien tassé, l'immense John Boorman n'a plus rien à prouver, que ce soit en tant qu'homme mais avant tout, en tant que cinéaste de talents, dont plusieurs de ses péloches (Excalibur, Delivrance, La Forêt d’Émeraude pour ne citer que) sont gentiment bien calés dans le subconscient des cinéphiles aguerris que nous sommes.

Alors, le voir prendre toujours autant de plaisir à tourner - même si son dernier long date déjà de huit ans - malgré les années qui passent, ne peut que forcer notre respect et notre envie de découvrir ce que l'un des plus grands metteur en scène british, nous aura concocté avec sa caméra.

Plus personnel que jamais, son Queen and Country, après avoir incarné l'un des moment fort de la dernière Quinzaine Cannoise, débarque donc cette semaine dans nos salles obscures, un beau et pimpant retour au source tel une suite annoncée à son tout aussi autobiographique Hope & Glory : La Guerre à Sept Ans, pondu il y a plus de vingt-sept ans maintenant.


Si Hope & Glory contait l'enfance du bonhomme dans un Londres en pleine Seconde Guerre Mondiale, l'ultime long (visiblement) du cinéaste lui s'arrête sur la fin de son adolescence et son entrée plus ou moins à la dure, dans l'âge adulte via son enrôlement dans le contingent de l'armée Britannique alors en pleine guerre contre la Corée.

Queen and Country donc ou en 1952, l'histoire de Bill Rohan qui, a 18 ans, vit une belle histoire d'amour avec une jeune fille mais cette idylle naissante est bientôt contrariée lorsqu’il est appelé pour effectuer 2 années de service militaire en tant qu’instructeur dans un camp d’entraînement particulièrement dur.
Bien vite, Bill se lie d’amitié avec Percy, un farceur dépourvu de principes avec lequel il complote pour tenter de destituer leur bourreau le sergent Bradley.

Tous deux parviennent néanmoins à oublier l’enfermement à l’occasion de rares sorties et tombent vite amoureux de jeunes femmes.
Mais comment concilier discipline et premières amours ?

Léger, nostalgique (mais dans le bon sens du terme), poignant et mué par une gaité et une joie de vivre communicative, le dernier film de John Boorman - décemment pas l'un de ses plus ambitieux sur le papier - décrit avec tendresse son passé de jeune homme cristallisant à merveille son temps et son époque.
Celle de jeunes adultes moins prude qu'ils en ont l'air, parfois follement naïf et contestataire, mais également avide de liberté et d'épanouissement, sous toute forme qu'il soit (souvent sexuelle et sentimentale pour le coup).


Le metteur en scène laisse sa caméra vagabonder au gré des souvenirs d'une vie que l'on imagine, aisément, comme très riche, de son initiation à la vie mi-figue mi-raisin en tant qu'instructeur en dactylographie, goutant aux joies et aux douleurs de l'amour, de l'amitié et du patriotisme avec plus ou moins d'infortune.

Mais ce que révèle ce Queen and Country c'est, déjà, à l'homme de la vingtaine, la passion dévorante de Boorman pour le cinéma, qu'il retranscrit à travers la fascination pour les images de Bill, son habitude de citer les grandes répliques du cinéma tout autant que de vouloir filmer tout ce qui bouge.

Pure comédie british délicieusement enlevée et irrévérencieuse, jouant malicieusement du contexte de l’apprentissage de la guerre (l'hommage à M*A*S*H n'est jamais loin) en plein milieu des 50's, à la photographie soignée et à la reconstitution appliquée et minutieuse, la péloche jouit également d'un casting aussi talentueux que rafraichissant.

Un cast dominé par un Callum Turner qui, dans la peau de Rohan/avatar de Boorman, bouffe littéralement l'écran, en idéaliste romantique et passionné, un séducteur dans le sang à qui aucune femme ne peut résister.
Difficile également de ne pas saluer la performance vacharde d'un David Thewlis encore une fois exceptionnel, en instructeur proprement cinglé.


Constamment positif, emplit de sagesse et de finesse, dénué d'amertume et de regrets mais porté par une mélancolie certaine du temps qui passe et un désir enchanteur de partager un bout de sa jeunesse avec ceux qui voudront bien la voir, Queen and Country incarne un sublime conte initiatique, un vibrant et universel témoignage biographique sur l'amitié, l'amour mais surtout la vie dans ce qu'elle a de plus belle, de plus pure et vraie.

Une charmante leçon de vie et de cinéma, simple et sincère de la part d'un cinéaste qui, décidément, prouve qu'il n'y a réellement pas d'âge pour en foutre plein les mirettes à son spectateur.


Jonathan Chevrier


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