[CRITIQUE] : L'Affaire SK1
Réalisateur : Frédéric Tellier
Acteurs : Raphaël Personnaz, Olivier Gourmet, Nathalie Baye, Michel Vuillermoz,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Drame, Policier.
Nationalité : Français.
Durée : 2h00min.
Synopsis :
Paris, 1991. Franck Magne, un jeune inspecteur fait ses premiers pas à la Police Judiciaire, 36 quai des Orfèvres, Brigade Criminelle. Sa première enquête porte sur l’assassinat d’une jeune fille. Son travail l’amène à étudier des dossiers similaires qu’il est le seul à connecter ensemble. Il est vite confronté à la réalité du travail d’enquêteur : le manque de moyens, les longs horaires, la bureaucratie… Pendant 8 ans, obsédé par cette enquête, il traquera ce tueur en série auquel personne ne croit. Au fil d’une décennie, les victimes se multiplient. Les pistes se brouillent. Les meurtres sauvages se rapprochent. Franck Magne traque le monstre qui se dessine pour le stopper. Le policier de la Brigade Criminelle devient l’architecte de l’enquête la plus complexe et la plus vaste qu’ait jamais connu la police judiciaire française. Il va croiser la route de Frédérique Pons, une avocate passionnée, décidée à comprendre le destin de l’homme qui se cache derrière cet assassin sans pitié. Une plongée au cœur de 10 ans d’enquête, au milieu de policiers opiniâtres, de juges déterminés, de policiers scientifiques consciencieux, d’avocats ardents qui, tous, resteront marqués par cette affaire devenue retentissante : « l’affaire Guy Georges, le tueur de l’est parisien
Critique :
#LAffaireSK1 ou un thriller haletant, sombre et captivant, un brillant tour de force porté par un Raphaël Personnaz magistral @SNDfilms
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) January 4, 2015
Force est d'admettre que depuis quelques mois, si la comédie hexagonal se porte étonnement bien, le polar made in France se paye lui aussi, une belle cure de jouvence.
De Guerre Lasse, Colt 45, La Prochaine Fois je viserai le Cœur et La French, les cinéastes français musclent leurs jeux pour mieux concurrencer les péloches venues du froid et d'outre-Atlantique, ou encore histoire de faire oublier les moments sombres d'un genre - outre quelques fulgurances - complétement enfermé par sa Marchalisation depuis près d'une décennie maintenant (de l'efficace 36, Quai des Orfèvres au très palot MR73, sans oublier le moyen Gangsters et la série Braquo, pour ne citer qu'eux).
Du bon et beau renouveau quoi, et c'est franchement loin de nous déplaire.
D’où notre furieuse impatience de voir débouler dans les salles obscures le nouveau long porté par le génial et très demandé Raphaël Personnaz, l'ambitieux L'Affaire SK1, ou le premier passage derrière la caméra de Frédéric Tellier qui prend pour histoire la fascinante et périlleuse traque du " tueur de l'Est Parisien ", Guy Georges, qui défraya la chronique et qui aura terrorisée le tout Paris au milieu des années 90.
Après l'exercice de style Scorcesien qu'incarnait La French, place donc au nouvel exercice de style Fincherien d'un wannabe cinéaste made in France, soit un potentiel bon gros morceau de pellicule pour démarrer l'année ciné 2015 de la meilleure des manières, au même titre que l'Invincible de Angie Jolie et le Captives d'Atom Egoyan.
Prenant place dans le Paris de l'année 1991, L'Affaire SK1 suit l'histoire vraie de Franck Magne, un jeune inspecteur qui fait ses premiers pas à la Police Judiciaire, 36 quai des Orfèvres, Brigade Criminelle.
Son premier dossier porte sur l’assassinat d’une jeune fille.
Son enquête l’amène à étudier des dossiers similaires qu’il est le seul à connecter ensemble, et il sera très vite confronté à la réalité du travail d’enquêteur : le manque de moyens, la bureaucratie...
Pendant 8 ans, obsédé par cette enquête, il traquera ce tueur en série auquel personne ne croit.
Surprenant, captivant mais surtout foutrement malsain et réaliste (Paris, ténébreuse et électrisante, est comme suspendue entre la Terre et l'Enfer, et le 36 Quai des Orfèvres lui, n'a jamais aussi paru aussi fiévreux à l'écran), L'Affaire SK1 suit pas à pas l'épopée au sein de la noirceur de l'âme humaine de Frank Magne, un inspecteur fraichement recruté par le 36 et à la réputation de fin limier, un ordinary guy dont la tâche est de porter sur ses larges épaules l'affaire de sa vie, la traque la plus imposante de la criminalité made in France.
Pas mince comme affaire, aussi bien pour l'homme obnubilé dont cette histoire (vraie) est tirée, que pour Raphaël Personnaz - tout simplement magistral - qui le joue, et Frédéric Tellier - à la délicatesse salvatrice - qui le met en scène.
Très bien documenté, fidèle et dénué de tout voyeurisme ou de fictionnalisation putassière (on est loin de Faites Entrer l'Accusé donc, fort heureusement), le premier long du cinéaste déjà passé par la case télé - Les Hommes de l'Ombre notamment -, relate avec minutie et sans grande liberté (pas un petit tour de force, on est d'accord) les tenants et aboutissants de cette affaire sordide, allant constamment à l'essentiel via un montage joliment tendu et rythmé, follement efficace que ce soit au cœur de l'action avec les flics de la PJ ou lors des scènes de procès (le procès et l'interrogatoire de Georges sont d'ailleurs les deux séquences les plus puissantes du métrage).
Alors certes, Tellier se prend un poil les pieds dans le tapis en voulant lorgner sur tous les tableaux, l'enquête, l'intimité de ses protagonistes et le procès, mais sa péloche est tellement muée par une sincérité et une volonté de bien faire, que l'on oublie volontairement très vite ses nombreux petits travers (son traitement tout public, l'interprétation approximative de quelques personnages secondaires clés, la facture très téléfilm de luxe, quelques longueurs et des dialogues parfois redondants), pour en épouser toutes ses grandes qualités, notamment la performance impressionnante d'Adama Niane, terrifiant de justesse dans la peau du monstre Georges.
Porté par une distribution remarquable (comment ne pas cité l'inestimable Olivier Gourmet) et une précision du détail méchamment obsessionnel - comme son personnage titre -, L'Affaire SK1 est un thriller intensément tragique, haletant, bouillant et tout autant sombre que lumineux puisque profondément humain dans sa propension à vouloir constamment placer le facteur individu et l'émotion au premier plan.
Du beau cinéma audacieux, racé et intelligent, qui se place bien haut au panthéon des meilleurs adaptations de faits divers célèbres de l'histoire du crime français (aux côtés des puissants Omar m'a Tuée et Présumé Coupable, entre autres).
Bref, si le cinéma français avait terminé en trombe l'année 2014, il commence sous les meilleurs auspices une année 2015 ou la concurrence n'aura jamais paru aussi imposante...
Jonathan Chevrier