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[CRITIQUE] : Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées


Réalisateur : Peter Jackson
Acteurs : Martin Freeman, Richard Armitage, Benedict Cumberbatch, Orlando Bloom, Luke Evans, Ian McKellen, Evangeline Lilly, Lee Pace,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Fantastique, Aventure.
Nationalité : Américain, Néo-Zélandais.
Durée : 2h24min.

Synopsis :
Atteignant enfin la Montagne Solitaire, Thorin et les Nains, aidés par Bilbon le Hobbit, ont réussi à récupérer leur royaume et leur trésor. Mais ils ont également réveillé le dragon Smaug qui déchaîne désormais sa colère sur les habitants de Lac-ville. A présent, les Nains, les Elfes, les Humains mais aussi les Wrags et les Orques menés par le Nécromancien, convoitent les richesses de la Montagne Solitaire. La bataille des cinq armées est imminente et Bilbon est le seul à pouvoir unir ses amis contre les puissances obscures de Sauron.  

 
Critique :

[ATTENTION : Nous vous prévenons à l'avance, cette critique contient bon nombre de spoilers sur l'intrigue du film de Peter Jackson, tant il est difficile pour tout critique de ne pas se laisser enivrer par la douce folie des révélations face à une péloche d'une aussi grande qualité.
Donc tous ceux qui ne veulent pas tout découvrir de ce film, devront attendre sa sortie et sa vision pour mieux apprécier notre avis ]


Voilà onze ans quasiment jour pour jour, que ce bon vieux Peter Jackson balançait en salles la dernière pierre de son édifice Tolkiennien, le monumental Retour du Roi, ultime opus de l'une des trilogies les plus remarquables et puissantes de l'histoire du septième art, Le Seigneur des Anneaux.

Couronné par dix-sept oscars - sur trente nominations - et de pas moins de trois milliards de dollars au box-office mondial, personne, même les plus hérétiques des cinéphiles, ne pouvait remettre en cause le travail magistrale abattu par le Néo-Zélandais de génie, qui avait su rendre réel le rêve de tout fan du pavé littéraire qu'incarne les tomes de J.R.R Tolkien, grâce à une volonté et une force incroyable, mais surtout, grâce à une mise en scène proche de l'état de grâce, trouvant toujours le ton, le rythme, l'image, la réplique juste.

Passé du stade de réalisateur habitué du cinéma de genre et plutôt talentueux à celui d’icône, de cinéaste extraordinaire dont chaque péloche est un rendez-vous immanquable dans les salles obscures, Jackson doit tout ou presque à sa Terre du Milieu chérie.
L'amour qui les unis est d'ailleurs tellement fort que lorsque la MGM frappera à sa porte pour pondre l’œuvre prequel des aventures de Frodon Sacquet et de l'anneau - à savoir celle de son oncle Bilbon (et également dans une moindre mesure, de l'anneau) -, celui-ci aura beaucoup de mal à répondre favorablement à l'appel.


Difficile de lui jeter la pierre en même temps, l'aventure a beau avoir été ultra-gratifiante, elle avait surtout été un véritable calvaire pour lui - certes moindre que sur son King Kong -, mais consacrer de nouveau plusieurs années de sa vie à une œuvre qui en a déjà accaparer pas mal, c'est une décision très lourde de conséquence.

Un temps uniquement producteur, les déboires de la MGM ainsi que la défection du regretté Guillermo Del Toro (rien que l'idée que son immense talent et son gout pour le gothique assumé soit associé à la franchise nous faisait bander pire que si nous nous étions enfilés comme des Smarties, une boite de viagra entière...) l'auront finalement fait revenir à la barre du projet, comme un juste retour des choses.

A tort diront beaucoup, encore agacés par l'idée du metteur en scène de copier la même structure de sa première trilogie et d'ainsi couper en trois parties une œuvre à la densité moindre qui aurait très bien pu tenir sur deux petits long métrages...

Reprenant pile-poil là ou le sympathique - mais surtout moins décevant qu'Un Voyage Inattendu -, La Désolation de Smaug s'était achevé (soit un final abrupte avec Smaug réveillé et tout vénère), La Bataille des Cinq Armées ne perd pas de temps pour discuter du bout de gras et démarre tambour battant cette dernière escapade en Terre du Milieu.


Jackson donne donc vite le ton, et si les précédents opus étaient là pour mettre en place l'histoire avec légèreté, cette suite directe est en plein cœur de l'action et prend pour objectif de ne pas lâcher d'une semelle son spectateur impliqué émotionnellement et salement accroché à son siège.

Plus épique, nerveux, rythmé et bourré jusqu'à la gueule de moments de bravoures hautement jouissif et émouvant, la péloche, via l'habile talent de conteur de son metteur en scène, nous replonge dans les aventures de Bilbon comme si l'au revoir que nous lui avions fait noël dernier n'était en fait qu'hier, la Terre du Milieu sous les affres d'une bataille sans merci paraissant encore plus belle que dans nos plus profonds souvenirs.

Fort d'une ouverture époustouflante, ou un Smaug passablement énervé fout littéralement en feu les pauvres maisons des habitants de Lac-ville, La Bataille des Cinq Armées à la différence de ses deux ainés, ne souffre nullement d'une longueur excessive tant les deux heures trente qu'il incarne passent presque à la vitesse de la lumière.

Un grand huit visuel et émotionnel sans temps mort jusqu'à un final dantesque, ou une bataille - orgie est le mot le plus juste - bigger than life prend place autour d'Erebor, la montagne solitaire tandis que le majestueux et terrifiant Smaug (à la présence relativement courte cela dit, tout comme Bilbon) crache ses dernières flammes flamboyantes et destructrices.


Un affrontement proprement démesuré de près d'une heure - ou la tactique est vite délaissée au profit des moments de bravoure de chaque héros -, presque à la hauteur de la bataille du Gouffre de Helm (avec un bestiaire démentiel, Aigles compris), ou les nains défendent vaillamment leur or contre la convoitise des elfes, des wrags, des hommes et des orques, et ou Thorin, rongé par son avidité - qui tourne à l'obsession - et son ambition de pouvoir, déchire aussi bien son peuple que la Terre du Milieu.

Dans cette Bataille des Cinq Armées, dénuée de toute sous-intrigue parallèle ralentissant le ryhtme, le maestro Jackson alterne encore une fois avec minutie et savoir faire les séquences émotionnelles et les batailles super fluides, sans oublier d'offrir à son œuvre LA liaison parfaite avec les trois films du Seigneur des Anneaux (avec la l'intrigue de Dol Guldur et la confrontation entre Galadriel et le Nécromancien qui deviendra plus tard Sauron), mettant lumineusement en image la quête majeur des six films réunis, soit celle d'un one man mission, Gandalf sa lutte pour empêcher le retour de Sauron.

Mieux, dans ce meilleur volet de la trilogie du Hobbit, il aligne les scènes d'anthologies à la pelle (Galadriel et le Nécromancien donc, mais aussi l'affrontement final de Thorin contre le chef des orques, sommet de mise en scène et de beauté) et relègue nettement moins au second plan son traitement des personnages et de leurs interactions (notamment Thorin encore une fois, et son amitié avec Bilbon, celle entre Gandalf et Galadriel ou encore l’amour entre Tauriel et Kíli ).

Un ultime film d'une trilogie qui pourrait, d'une certaine manière, se résumer dans le portrait croisé de Bilbon et de Thorin, deux êtres en apparence opposés, l'un héros et l'autre témoin/conteur, mais dont les obsessions pour le pouvoir (l'anneau) et la richesse (l'or des nains), sont un terreau des plus fertile pour creuser le sillon de thèmes universels tel que la corruption, la convoitise et l'avidité qui fascinent le cinéaste, et qui avaient déjà été initiés via les tentations de Frodon - mais pas que - dans la première trilogie.


Une façon certainement pour lui de finir sur une note remarquable une trilogie (trop) facilement critiquable et critiquée (dispensable pour certain, complétement raté pour d'autres), résolument beaucoup plus légère, moins épique et aux enjeux dramatiques moins imposant que la sombre trilogie du Seigneur des Anneaux - dès son pitch, la différence est flagrante -, dont toute comparaison, inutile et surtout illogique, ne peut qu'être qu'en sa défaveur.

Mais, toujours conscient de son manque de relief narratif, de son histoire enfantine et sans grande surprise, Peter Jackson n'aura eu de cesse en trois métrage, que de pousser jusqu'à son paroxysme son inventivité et son génie, offrant même des séquences faisant date dans l'histoire du cinéma de ces dernières années (la course-poursuite souterraine du Voyage Inattendu, la scène de la rivière dévalée en tonneau dans La Désolation).

Impressionnant esthétiquement, dense et cohérent scénaristiquement (même si on le répète, le manque d'enjeux dramatique se ressent toujours autant), parfaitement interprété, jouissant d'une mise en scène alerte et inspiré et magnifié par une 3D joliment immersive, Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées est un spectacle de tous les instants maitrisé, touchant et vibrant, une aventure furieusement intense et sincère doublée d'une conclusion mémorable et proche de la perfection, à une histoire d'amour de treize ans.

Une love story passionnée, bouleversante, intense et magique entre un cinéaste talentueux et le texte de Tolkien qu'il aura sublimé sur grand écran de bout en bout.
Difficile pour tout fan de la franchise de ne pas finir la projection le cœur lourd, gagné par la nostalgie d'un monde que l'on aura aimé suivre pendant plus d'une décennie, avec une passion de cinéphiles presque sans égal.


Nous allons donc être de ceux qui vont prier, sagement - tout en attendant furieusement le director's cut -, pour que la Warner mais surtout le papa de Braindead, lorgne un brin du côté des Contes et Légendes Inachevés ou du Silmarillion, ne serait-ce que pour prolonger un tout petit peu ce doux rêve éveillé d'une saga incroyable, d'une fresque grandiose sans nul pareil.

D'ici là, longue vie au roi Peter Jackson et qu'il prenne, aux côtés de Bilbon et Frodon, un paisible et mérité repos à Fondcombe...


Jonathan Chevrier

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