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[CRITIQUE] : La Grande Aventure Lego


Réalisateur : Phil Lord et Chris Miller
Acteurs : avec les voix de : Chris Pratt, Will Ferrell, Elizabeth Banks, Liam Neeson, Will Forte, Morgan Freeman,...
Distributeur : Warner Bros France
Budget : 60 000 000 $
Genre : Aventure, Animation.
Nationalité : Américain, Australien.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
Emmet est un petit personnage banal et conventionnel que l'on prend par erreur pour un être extraordinaire, capable de sauver le monde. Il se retrouve entraîné, parmi d'autres, dans un périple des plus mouvementés, dans le but de mettre hors d'état de nuire un redoutable despote. Mais le pauvre Emmet n'est absolument pas prêt à relever un tel défi !




Critique :

Depuis les prémisses de sa production, force est d'admettre que The Lego Movie nous alléchait au plus haut point, arrivant même à s'inscrire tout naturellement dans notre psyché de cinéphile endurcis, comme l'événement majeur du cinéma d'animation de 2014, ex-æquo avec le tout aussi attendu Dragons 2.

Pourtant, le génial duo Phil Lord et Chris Miller partait de très, très loin avec la licence Lego, puisque dans l'état, elle n'a aucune substance scénaristique de base, aucune intrigue préconçue par ses jouets - à la différence de Transformers ou de G.I. Joe par exemple -, et ce malgré son potentiel cinématographique et créatif infini, en admettant posséder en soi une imagination un minimum débordante.

Ou un trait de personnalité qui caractérise complétement les deux réalisateurs, vu le brio avec lequel ils ont su adapter le pourtant coton livre pour enfants jouissivement absurde et décalé Tempête de boulettes géantes, mais également la série 21 Jump Street, conservant tout ce qui en faisait le charme sur petit écran, avec une douce et piquante touche de modernité en plus.



Les mauvaises langues pourraient très simplement catégorisé La Grande Aventure Lego comme un putain de placement de produit, une grosse publicité bigger than life sur grand écran pendant plus d'une heure trente, vu que les petits personnages fait de briques jaunes sont constamment présent à l'écran, et que le projet leur est totalement voué puisqu'il va même porter le nom de leur marque.

Sauf qu'un argument de poids vient contrecarrer toute cette hypothèse : est-ce que dans le fond, la firme aurait-elle réellement besoin d'un tel coup de pub pour perdurer ?

Vu sa popularité de plus en plus croissante, son succès indéniable dans son rachat de franchises vidéoludiques, ses nombreux partenariats sans compter ses innombrables collections de jouets à thèmes reléguant son concurrent number one Playmobile, au statut de ringard des rayons de joujoux de supermarchés, il serait de pur logique de répondre non donc, et de voir tout simplement le film comme une finalité cohérente à un retour au premier plan des petits bonhommes jaunes.
Hypothèse que n'auront de cesse de confirmer Lord et Miller, en s'efforçant avec brio, de justifier de tout son long l'entreprise Lego sur grand écran, dans une aventure aussi délirante et geek que foutrement maline et émouvante.

Loin de n'être qu'une simple déclinaison ciné ou qu'une simple œuvre bassement mercantile visant à promouvoir la marque, La Grande Aventure Lego est une péloche survoltée, hilarante et techniquement éblouissante (les CGI sont bluffants, et le réalisme de l'animation des personnages, poussé jusqu'à l'extrême via la limite de leur articulation, est incroyable et fait même penser à la stop motion), soit la définition parfaite d'un divertissement à l'imaginaire débridée et follement enthousiasmant, s'autorisant tous les excès même les plus fous, dans une cohérence de ton et de traitement indécente.


Intelligent aussi bien dans son propos - habile critique du capitalisme de la société d'aujourd'hui, tout autant qu'une ode à la créativité et à l'individualisme -, que dans sa symbolique - avec l'imaginaire tout est possible, et encore plus avec une firme ou chaque objet/personnage peut se reconstruire et se recréer à volonté -, et dans son mélange malin entre humour et émotion, visuellement riche et foisonnant (tout est sublime et fabriqué de briques, même l'océan !) et salement ludique jusqu'à un final aussi bouleversant qu'inattendu, comme les jouets, The Lego movie est  intergénérationnel et parle aussi bien aux plus petits qu'aux plus grands, et même aux cinéphiles via des références impensables (notamment au Invasion Los Angeles de l'immense John Carpenter, via l'endoctrinement de la population).

Ou la preuve probante et implacable du talent de Miller et Lord, capable de se réapproprier et de transcender tous les projets dans lesquels ils s'investissent corps et âmes, tout en les inscrivant dans la droite lignée de leurs efforts précédents.

Ainsi Emmet, doux dingue en perpétuel quête de reconnaissance, rappelle clairement le Flint de Tempête de Boulettes Géantes, inventeur loufoque qui désespère d'être considéré par tous comme le grand créateur qu'il est au fond.

Même dans son traitement de ses seconds couteaux excentriques, on retrouve le même mélange d'humour et de tendresse que dans leur premier essai animé, les rendant de facto infiniment attachant.


D'un second degré et d'un sens de la dérision constant et percutant, référentiel à la folie, bourré d'idées géniales et même magnifié par un casting vocal tout simplement parfait, La Grande Aventure Lego est un film d'animation en tout point parfait, un shoot d'émerveillement purement jouissif et unique, au point même de presque tutoyer du bout de la brique la grandeur imposante de la trilogie Toy Story made in Pixar, qui justement là encore, prenait des jouets pour en faire des héros sur grand écran.

Ou quand l'avenir du cinéma d'animation appartient réellement aux cinéastes qui n'ont rien perdu de leur imaginaire d'enfant...


Jonathan Chevrier


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