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[CRITIQUE] : Malavita


Réalisateur : Luc Besson
Acteurs : Robert De Niro, Michelle Pfeiffer, Tommy Lee Jones, John D'Leo, Diana Agron,...

Distributeur : EuropaCorp
Budget : 30 000 000 $
Genre :  Comédie, Action.
Nationalité : Américain et Français.
Durée : 1h51min.

Synopsis :
Fred Blake alias Giovanni Manzoni, repenti de la mafia new-yorkaise sous protection du FBI, s’installe avec sa famille dans un petit village de Normandie.
Malgré d’incontestables efforts d’intégration, les bonnes vieilles habitudes vont vite reprendre le dessus quand il s’agira de régler les petits soucis du quotidien…


 Critique :

On le sait tous, ce bon vieux Luc Besson aurait dut mettre un terme à sa carrière après Angel-A, et s'amuser à compter durant sa (longue) retraite, toute la masse de pépettes que les franchises rarement (bon, jamais) bien senties de sa boite de production Europa Corp, lui auront fait gagnés, a nez et à la barbe de spectateurs loin d'être toujours futé.

Mais le bonhomme avait finalement décidé de continuer sa romance - pas toujours heureuse -, avec le septième art, et vu la piètre qualité de sa collaboration avec Jamel Debbouze, on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas vouloir finir sur une aussi mauvaise note.

Sauf que voilà, mis à part le très joli et intime The Lady (avec la lumineuse Michelle Yeoh), se revirement n'a pas réellement apporté de belles lignes à la filmo du frenchy.

Pire même, il aura salement entaché sa carrière et cruellement démontré par la même occasion, son incapacité flagrante à retrouver ses facultés de réalisateur racé et intelligent, prenant le meilleur partie de ses nombreuses références.


N'ayant plus rien cornaqué de bon depuis Le Cinquième Élément (qui a dix-huit ans cette année !), le voilà donc de retour cette année avec Malavita, une bande catalysant autant d'espoirs que de craintes pour le cinéphile que je suis, biberonné depuis tout petit aux cultes Le Grand Bleu, Léon, Nikita et Subway.

Adapté d'un des bouquins du malheureux -mais talentueux - écrivain Tonino Benacquista (malheureux, puisque son œuvre à lourdement été souillée par le cinéma hexagonal, des Morsures de L'Aube à L'Outremangeur en passant par La Boite Noire), le film conte tout simplement l'histoire d'une famille mafieuse de Brooklyn dans toute sa splendeur, poussé en planque par le FBI, dans un petit village (fictif) de la campagne normande.

Un film de gangster doublé d'une comédie noire et incarné par un casting monstrueux, Malavita avait donc tout pour (me, et nous) plaire sauf qu'au final, après vision, le résultat est nettement moins enthousiasmant que l'affiche qu'il vend.

Loin d'être innovant (ça encore, ça passe tu me diras) malgré un pitch accrocheur, plombé par un script limité, bourrés de références pas toujours utiles (l'hommage, foutrement maladroit, à Scorcese via Les Affranchis - influence majeur du film -, pique les yeux) et de clichés à la limite du consternant (que les normands parlent tous un anglais parfait, ok, vu que Cholong-sur-Avre est fictif, mais que Besson, frenchy pur souche, offre une caricature pitoyable du français moyen : avare, bavard et raciste; là ça vire à l'insolence), le tout enrobé d'une violence jouissif mais rarement justifiée et un humour un chouia subversif, qui ne fait pas toujours mouche, la cuvée Besson 2013 fait presque peine à voir quand on se remet à penser, nostalgiquement, à la grandeur et à l'inventivité de son glorieux savoir-faire passé.


Mais presque seulement, car sous ses attraits de réalisation autant luxueuse que pantouflarde, aux raccourcis et à la caricature des personnages aussi gros que le popotin des frangines Kardashian, Malavita reste un divertissement un minimum efficace et distrayant, porté par ce " je-ne-sais-quoi " qui nous fait toujours tenir jusqu'au générique de fin des prods Europa Corp, mais surtout par la présence majestueuse de monstres sacrés du septième art américain, qui rendent infiniment attachant le destin drôlatique et violent, de cette famille bigger than life.

Principal véhicule sympathie du métrage, Tommy Lee Jones (solide, même si il parait parfois un peu perdu), Michelle Pfeiffer (merveilleuse en matriarche aimante, mais lassée de sa condition) et Robert De Niro (immense, et se jouant de son image avec un certain plaisir non-feint), sauvent la bande du chaos via des partitions maitrisées et remarquables, compte tenu de la profondeur assez légère qui caractérisent leurs rôles.
Même les performances de Diana " Glee " Agron (étonnante) et John D'Leo (très sympathique), à l'alchimie convaincante quand ils partagent l'écran, sont assez rafraichissantes pour être mentionnés.


Complétement inégal des causes d'un manque flagrant de rigueur d'écriture et une (trop) forte tendance aux recours abusifs de facilités scénaristiques, hommage aveuglé au cinéma de Scorcese - mais ne pouvant jamais une seule seconde, prétendre à l'égaler -, Malavita est un plaisir coupable drôle, assez noir et divertissant, tirant (un peu) le cinéma de genre français vers le haut avec son casting international, même si il aurait pu prétendre à un statut nettement plus reluisant avec un petit peu moins de paresse.


Mélange de genre pas très habille, ponctué de scènes parfois cool (De Niro qui tabasse du plombier à coups de batte de baseball, ou encore Pfeiffer qui cherche la rédemption dans une confession délirante), et au final assez violent, le film n'est pas encore celui qui réconciliera Besson et les cinéphiles pur et dur.

Dommage, car il avait l'air d'avoir pris un sacré plaisir en tournant avec son casting quatre étoiles.

Bien plus bandant que sa trilogie Arthur et les Minimoys (normal en même temps), on va donc attendre - comme d'habitude -, son prochain long pour savoir si oui ou non, le cinéaste retrouvera un jour son mojo de réalisateur de série B classieuse, jouissive et ambitieuse.

Son futur Lucy, tout comme Malavita, a déjà, au moins, pour lui, un casting alléchant (la sublime Scarlett Johansson et l'immense Morgan Freeman), et un pitch original...



Jonathan Chevrier


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