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[CRITIQUE] : Gravity


Réalisateur : Alfonso Cuaron
Acteurs :
Sandra Bullock, George Clooney, doublages : Ed Harris, Eric Michels et Amy Warren.
Distributeur : Warner Bros France
Budget : 100 000 000 $
Genre :  Drame, Science-Fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Pour sa première expédition à bord d'une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu'il s'agit apparemment d'une banale sortie dans l'espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l'univers. Le silence assourdissant autour d'eux leur indique qu'ils ont perdu tout contact avec la Terre - et la moindre chance d'être sauvés. Peu à peu, ils cèdent à la panique, d'autant plus qu'à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d'oxygène qu'il leur reste.
Mais c'est peut-être en s'enfonçant plus loin encore dans l'immensité terrifiante de l'espace qu'ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre...


Critique :

Dire que le nouveau film d'Alfonso Cuaron était ardemment attendu dans les salles obscures est un doux euphémisme, tant l'attente suscitée par Gravity depuis plus de trois ans, fut purement et simplement indécente.

Mais tout autant qu'un Avatar en son temps, Gravity est de ces films incroyables, à la croisée des genres, qui réussissent non seulement la prouesse de répondre à toutes les attentes et promesses possibles à son sujet, mais également de se payer le luxe d'offrir une belle et grosse claque derrière la nuque d'un spectateur qui dans le fond, n'en espérait pas autant.

C'est dire donc, si tous les superlatifs entourant la bande, sont à des années lumières d'être usurpés, tant celle-ci incarne indiscutablement, une date des plus importantes dans l'histoire du septième art.
En l'espace d'une toute petite heure et demie seulement, Cuaron va, avec une maestria implacable, chambouler toutes nos certitudes de cinéphiles et de presque repousser au banc de simples expériences cinématographiques (façon de dire hein, loin de moi l'idée de rabaisser la qualité de ses nombreux films cultes), les chef d’œuvres imposants 2001, Odyssée de L'Espace, La Guerre des Étoiles et Avatar.

Plus qu'un simple trip sensitif sans nul pareil, la bande est une proposition immanquable, un putain de ticket pour l'espace, pour le simple prix d'un billet de cinéma.


Dès le départ, le cinéaste mexicain cherchera à créer l'immersion sensorielle la plus complète et totale.

En s'ouvrant sur un plan-séquence absolument dantesque (proche des dix-sept minutes), qui nous tiendra en haleine de tout son long et qui nous obligera de facto, à retenir notre souffle, tant la panique causée par une pluie de débris y est fortement éprouvante, Cuaron et son fils Jonàs, happe le spectateur via une intrigue certes simpliste, mais à la fluidité remarquable.

Épuré de toute futilité (une base simple : deux personnages qui n'ont qu'un seul but, survivre), rythmé sans temps mort tout en s'amusant continuellement à se faire succéder les morceaux de bravoures et les émotions fortes à une vitesse folle, Gravity est une mécanique de précision calibré au détail près, ou chaque détail à une importance crucial - tout comme chaque décision de ses personnages, dont la moindre erreur peut être fatale -, et ou le contexte de l'espace sert habilement de cadre idéal pour enrichir une dramaturgie déjà pourtant bien costaud, et enchainer les allusions philosophiques et métaphoriques, comme ce fut également le cas dans l'immense Les Fils de l'Homme.

Via un mise en scène naturaliste, et qui sans cesse se renouvelle (plans-séquences surréalistes, plans subjectifs voir même tourbillonnants étouffants, plans larges époustouflants; c'est simple, sa caméra est d'une liberté désarmante), Cuaron et fils nous pousse sans cesse vers la sensation d'être bringuebalé dans l'espace et le néant, avec un réalisme si prégnant et oppressant que la bande incarne souvent, une expérience salement flippante et tétanisante, bien plus d'ailleurs que ce que la production horrifique à pu nous offrir ces dernières années.


Une peur constante, viscérale et physique, qui font de Gravity une expérience bien plus d'un Apollo 13 que d'un Sunshine, un drame humain dénué de fantastique (même si la bande est bien SF vu qu'elle repose sur des supputations scientifiques) et ancré dans le réel, surtout qu'elle s'efforcera toujours, judicieusement, à coller à une certaine réalité scientifique.

On le sait, il n'y a pas de son dans l'espace, et cette réalité terrifiante, le film la souligne constamment, car seul quelques bruits accompagnent notre aventure, une absence totale de repère sonore épaulé par un score convainquant d'un Steven Price inspiré.

Un voyage sourd et anxiogène mais incontestablement magnifique, tant la beauté indescriptible des plans de Cuaron (surtout ceux de la Terre) est d'une élégance rare, magnifié par une 3D techniquement complète, subliment et crédibilisant - elle n'est plus qu'un simple gadget, la première fois qu'elle sert véritablement une mise en scène depuis Avatar -, le (très) lourd travail abattu sur les effets spéciaux et la photographie exceptionnel d'Emmanuel Lubeski.

Mais il est vrai que tout cet abatage technique démentiel, ses scènes d'actions vibrantes et saisissantes, ne serait pourtant rien sans l'humanité débordante qui dégouline de tous les pores de la péloche, appuyé à la perfection par un duo d'acteurs merveilleux.


Que ce soit de part l’interprétation habitée d'une Sandra Bullock rarement aussi convaincante, dans la peau de Ryan Stone, mère abimée par la vie et nourrit par la solitude, ou par la prestation rassurante d'un George Clooney authentique, les personnages n'auront de cesse d'incarner des avatars parfaits nous bouleverser dans leur quête acharnée, de survie, et sont à coups surs, l'une des plus grandes réussites de l'ambitieuse entreprise cinématographique qu'incarne la bande.


Brillant, intelligent (Hyper documenté, Cuaron déconstruit l'espace pour lui rendre toute sa beauté abyssale et hostile), immersif, beau à en crever, Gravity est de ces chefs d’œuvres instantanés que l'on se doit tous, au moins une fois, avoir mirer dans une salle obscure.

Unique, d'une subtilité bouleversante (rares sont les films traitant avec autant de nuance, de la solitude, de la vie et de son rapport à la mort), Cuaron nous invite à flotter dans l'espace via une œuvre universelle, flirtant autant entre les genres (la science-fiction, le drame humain, le survival, l'horreur...), qu'avec nos peurs les plus primaires.


Une expérience jubilatoire et bigger than life qui n'arrive qu'une seule fois (ou presque) dans une vie de cinéphile, un pur moment de cinéma qui nous scotche à nos sièges et ne nous demande en échange, que de simplement se laisser abandonner face à sa magie majestueuse.

Un ride tellement puissant - et dont on a souvent du mal à distinguer les prises de vues réelles et virtuelles -, que l'on ne retouchera plus terre de si tôt.

Houston c'est officiel, nous n'avons plus aucun problème...


Jonathan Chevrier 

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