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[CRITIQUE] : Selon Joy


Réalisatrice : Camille Lugan
Acteurs : Sonia Bonny, Volodymyr Zhdanov, Asia Argento, Raphaël Thiéry,...
Distributeur : The Jokers Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min.

Synopsis :
Dans une ville grise et sans passé, Joy est une jeune femme orpheline qui vit sa foi avec intensité et ne quitte presque jamais son église. Un jour, elle fait la rencontre d’Andriy, un jeune homme qui se fait agresser sous ses yeux. Elle se convainc bientôt que leurs destins sont liés...





Nous n'irons pas jusqu'à dire (allez, si...) que le cinéma hexagonal n'en a pas forcément assez dans le capot pour ce qui est de se laisser aller, parfois, à quelques paris burnés qui viendrait gentiment bousculer sa production un poil ronronnante - même si les contre-exemples commencent à pointer le bout de leur pellicule -, mais force est d'admettre qu'ils sont bien trop rares les cinéastes à aller tâter du mélange des genres dans un sombre jeu d'équilibriste où il est définitivement plus facile de se ramasser la tronche, que d'accoucher d'une œuvre cohérente.

Autant dire donc qu'une œuvre telle que Selon Joy, premier long-métrage de la wannabe cinéaste Camille Lugan, avait de quoi gentiment titiller notre intérêt quand bien même sa mise en lumière est des plus restreintes (la potentielle timidité d'une exploitation au milieu de grosses montures Hollywoodiennes, n'explique pas tout), elle qui se revendiquait comme un petit bout de cinéma certes fauché mais sincère, un drame qui flirtait langoureusement avec le polar, tout en tentant de triturer avec exigeance la notion de spiritualité au détour de figures perfectibles, baignant dans un univers où la violence est toute aussi omniprésente que corruptible.

Copyright 2025 BARNEY PRODUCTION

Plus où moins bonne pioche à l'écran, car non sans quelques maladresses d'écritures, le film déroule gentiment sa bosse, cloué aux basques des aternoiments d'une jeune femme orpheline pour qui la foi se fait le socle intime de toute son existence, son refuge comme son moteur pour avancer; une foi tellement incarnée en elle qu'elle la pousse à profondément aider son prochain, quitte à voir son - fragile - équilibre être totalement bousculé par l'amour mais aussi et surtout, par les dérives d'un monde dont elle s'était jusqu'ici préservée.

Plutôt prenant dans sa manière de brosser le portrait d'une foi religieuse à la fois vectrice de puissance intérieur tout autant qu'elle intime au déni d'une certaine réalité dans sa conviction parfois aveugle, moins dans sa mise en images (pour le coup joliment sensorielle) d'une romance impossible flanquée dans un cadre sombre et désespéré tout droit sortie d'un cauchemar d'Abel Ferrara (présence d'Asia Argento au casting en prime), Selon Joy n'en reste pas moins une étonnante expérience concise et épurée à qui l'on pardonnerait presque (la nuance est importante) tout pour son audace, pour son envie de ne jamais jouer la carte de la prévisibilité - quitte à voguer vers l'inconfort -, tout en ayant totalement conscience de ses imperfections - c'est un premier film, ne l'oublions pas.
Il faut de tels essais, pour faire naître - et connaître - les visages originaux et inspirés de demain.


Jonathan Chevrier