[CRITIQUE] : Roofman
Réalisateur : Derek Cianfrance
Acteurs : Channing Tatum, Kristen Dunst, Peter Dinklage, Ben Mendelsohn, LaKeith Stanfield,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Comédie, Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h06min.
Synopsis :
L'histoire vraie de Jeffrey Manchester, le voleur de McDonald's qui a vécu dans un Toys 'R Us pendant six mois.
S'il est une évidence que toutes les histoires ne méritent pas forcément d'être raconté à travers le prisme du septième art (et encore plus au sein d'une industrie Hollywoodienne - pas la seule à pointer du bout de la pellicule, évidemment - saturée en biopics méchamment opportunistes), quand bien même sont-elles frappées par le sceau sentencieux du « inspiré d'une histoire vraie », gageons que celle que s'échine à nous conter un Derek Cianfrance sur le retour (il n'avait plus tourné depuis le très beau La vie entre deux océans, en 2017), s'avère tellement folle et absurde que même son pendant fictionnel, paraît minimiser son aspect proprement incroyable.
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| Copyright Paramount Pictures |
Soit celle de Jeffrey Manchester, braqueur pas totalement amateur qui s'était amusé à profiter de la faille structurelle des restaurants de l'enseigne McDonald's outre-Atlantique, pour braquer - sans violence - une dizaine d'établissements au début des années 2000, en s'introduisant par le toit - ce qui lui vaudra le fameux surnom de « Roofman ».
Arrêté puis condamné à pas moins de 45 ans de prison, le bonhomme, pas exempt d'une débrouillardise exceptionnelle (et d'un sens de l'observation particulièrement accru), réussira néanmoins à s'évader et de se réfugier dans un magasin Toys “R” Us où il vivra incognito pendant plusieurs mois.
Authentique mais vrai, Roofman reprend dans les grandes lignes (laissant de côté les plus déroutantes) cette odyssée criminelle rocambolesque tout en étant frappé par l'humanité débordante qui caractérise le cinéma de Cianfrance, transformant Manchester sous les traits d'un Channing Tatum plus inspiré que jamais (comme chez son ami Soderbergh, il fait preuve d'une profondeur émotionnel détonnante, qui va de pair avec un charme au naturel ravageur), en vrai héros de cinéma romantique à la fois maladroit et férocement attachant (jusque dans sa romance improbable mais poignante avec une employée de Toys “R” Us, Leigh, campé avec délicatesse par Kirsten Dunst), un robin des bois au grand coeur qui sert certes sa propre cause, mais dont la générosité - même face à l'adversité la plus totale - est impossible à remettre en cause.
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Trouvant son groove irrésistible à la frontière entre la comédie complice et la tragédie bouleversante (au-delà des aléas absurdes de Manchester, c'est dans l'intimité d'une reconstruction par l'amour de deux âmes meurtries par la vie, que la prose de Cianfrance prend tout son sens), renforcé par la partition savoureusement mélancolique et entraînante de Christopher Bear (de loin, l'un des plus doux scores de l'année), Roofman est le symbole même d'un beau et bon cinéma à l'ancienne (qui se ressent même dans la patine vintage et nostalgique de la photographie inspirée de Andrij Parekh), un brin perfectible évidemment (on pourra juger de la vulnérabilité de la narration, mais le papa de Blue Valentine n'est pas là pour remettre une pièce dans la critique d'un capitalisme galopant), mais qui vise avant tout et surtout à toucher l'âme de son auditoire - et ça marche du tonnerre.
Tu nous avais manqué Derek, terriblement même...
Jonathan Chevrier








