Breaking News

[CRITIQUE] : En Garde


Réalisatrice : Nelicia Low
Acteurs : Tsao Yu-Ning, Hsiu-Fu Liu, Ning Ding, Lin Tsu-Heng,...
Distributeur : Outplay Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Singapourien, Taiwanais, Polonais.
Durée : 1h43min.

Synopsis :
Jie, un jeune talent prometteur de l’escrime, renoue avec son frère aîné Han, récemment libéré après sept ans de prison pour la mort accidentelle d’un adversaire lors d’une compétition. En secret, Han soutient Jie dans son entraînement, l’aidant à viser une qualification aux championnats nationaux. Mais une dispute éclate, et Jie commence à douter de l’innocence de son frère.





Pas forcément l'industrie la plus prompte à trouver son chemin au cœur de nos salles obscures (ses légères incursions dans les girons du fantastique notamment, sont quasiment intégralement réservées aux rayons DTV/SVOD), dans ses productions comme dans ses co-productions, le cinéma singapourien pointe néanmoins de manière marquée le bout de ses pellicules, en cette année ciné 2025 qui nous aura gâtés jusqu'à ses ultimes heures d'exploitation (pensez Stranger Eyes de Yeo Siew-hua, où encore des co-prods telles que les excellents Renoir de Chie Hayakawa et Fantôme Utile de Ratchapoom Boonbunchachoke).

Estampillé premier long-métrage écrit et mis en scène par la wannabe cinéaste (et ancienne escrimeuse professionnelle, pas un détail anodin ici) singapourienne Nelicia Low, En Garde, drame psychologiquo-familial à la tension marquée, qui se revendique autant comme une plongée immersive au coeur d'un univers sportif jusqu'ici peut arpenté par le septième art - l'escrime -, qu'une exploration des vulnérabilités béantes d'une relation fraternelle troublée en quête d'une normalité impossible.

Copyright Outplay

Soit celle qui unit Jie, un jeune lycéen de Taipei et talent prometteur de l’escrime, qui renoue avec son frère aîné Han, fraîchement libéré après sept ans de prison pour la mort accidentelle d’un adversaire lors d’une compétition, pour lequel Jie croit fermement en son innocent.
Et si celui-ci l'aide secrètement, loin du regard désapprobateur de leur chanteuse de matriarche, pour viser une qualification aux championnats nationaux, le plus jeune commence lentement mais sûrement à voir son soutien indéfectible pour son frère, se fissurer.

Un poil cousu de fil blanc (voire frustrant dans sa manière redondante de jongler sur l'ambiguïté entre les notions du bien et du mal, de l'innocence et de la culpabilité, de la justice et de l'injustice) mais embaumé dans une atmosphère de suspicion particulièrement prenante, En Garde, mis en scène avec une assurance et une élégance assez rare pour un premier effort (on pense, assez logiquement, au détour de ses longs plans-séquences parfois pesants, au magnifique cinéma d'Edward Yang), n'en reste pas moins un solide récit initiatique et psychanalytique au rythme volontairement lancinant, dont la douceur des accents queer tranche avec l'ombre menaçante d'une brutalité contenue qui ne demande qu'à tout faire imploser.

Un beau premier effort plein de promesses donc.


Jonathan Chevrier