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[CRITIQUE] : Eight Eyes


Réalisateur : Austin Jennings
Acteurs : Emily Sweet, Bruno Veljanovski, Bradford Thomas, Nenad Mijatovic,...
Distributeur : Shadowz
Budget : -
Genre : Epouvante-horreur.
Nationalité : Américain, Serbe.
Durée : 1h26min.

Synopsis :
Cass et Gav ont décidé de partir en voyage dans l'ancienne Yougoslavie afin d'y rallumer la flamme de leur mariage dysfonctionnel. Ils rencontrent un mystérieux personnage se faisant appeler Saint Pierre, qui leur offre spontanément ses services en tant que guide. Le couple accepte volontiers, et Saint Pierre les emmène faire la visite des principales attractions touristiques de la région. Mais cette excursion impromptue inquiète Cass de plus en plus, puisque leur guide semble avoir une véritable fixation sur elle et sur Gav. Puis, tout bascule d'un seul coup, et nos mariés vivent une descente aux enfers digne d'un cauchemar, où des puissances surnaturelles menacent leur existence






Il est assez rare de pouvoir louer tout le catalogue d'une plateforme à une époque où la quantité prime souvent (tout le temps?) sur la qualité, à une heure où la course au contenu fait souvent produire et/où acheter n'importe quoi, voire même à le distribuer n'importe comment (cette petite crotte de nez pleine d'amour est pour toi, Prime Vidéo).

Mais force est d'admettre qu'à l'instar de Mubi, Shadowz se plie en quatre pour nous fournir en bonnes péloches horrifiques, qu'elles soient cultes, méconnues où même inédites, et mérite pleinement aussi bien l'intérêt, qu'un petit coup de projecteur à l'occasion (c'est gratuit, et ça ne mange pas de pain).
Après avoir mis les petits plats dans les grands pendant toute l'année, il était impossible que la firme se gamelle la tronche une fois le sapin rangé, à quelques mètres du verre de champagne et des petits fours - pas son genre.

Bonne - mais prévisible - nouvelle, à quelques encablures douze coups de minuit du 31, c'est un tacos cinq viandes qu'elle dégaine sans aucun risque d'indigestion : Eight Eyes, estampillé premier long-métrage du wannabe cinéaste Austin Jennings, pur morceau d'épouvante tout droit sorti des 70s (16mm poisseux, Super 8 et score " Grindhous-esque " de Morricone Youth en prime) façon plongée étouffante dans une Serbie loin d'être touristique (et dont le cadre lugubre apporte une touche de réalisme essentiel à ce cauchemar débridé et inventif), au plus près d'un couple de touristes/hipsters américains fraîchement marié, qui à la fâcheuse idée d'accorder sa confiance à un énergumène inquiétant et imprévisible, pour pimenter leur lune de miel.

Monumentale erreur donc, pour un cauchemar qui intrigue dans sa première moitié hypnotique et lugubre titillant plus où moins fièrement les courbes du torture porn à la Hostel, avant de méchamment jouer la carte d'une brutalité décomplexée comme d'une spiritualité déglinguée dans sa seconde, assumant sans complexe sa volonté d'incarner un rejeton mal luné de Massacre à la tronçonneuse (avec un doigt de giallo), avec qui il partage une dépravation familialo-grotesque joliment crue.

Tout en malaise vintage et en crasse malade, Eight Eyes, jamais écrasé par ses influences, est une petite pépite à la tension lancinante qui remet sur la table l'idée d'une horreur perverse, qui trouve sa grandeur dans sa volonté de ne jamais brosser dans le sens du poil son auditoire.
On appelle ça, par chez nous, un put*** de premier effort.


Jonathan Chevrier