[FUCKING SERIES] : Monstre : L'histoire d'Ed Gein : (Too much) sympathy for the devil
Qu'attendre d'un show Toudoum-esque estampillé Ryan Murphy en 2025, époque où son nom ne se fait que le sous-titre fuyant de productions répétant sans recul, la même formule lessivée dont le manque d'âme n'a d'égale que le peu d'intérêt qu'elles peuvent susciter, et cela même avec des distributions souvent bardées de talents - le paradoxe du label Murphy, capable d'attirer la crème de la crème tout en concoctant la pire des popotes.
Pas grand chose est la réponse la plus évidente, merci, bonne soirée et à l'année prochaine.
Blague à part, il y avait tout de même de quoi se mettre quelque chose sous la dent et/où totalement titiller notre curiosité morbide avec Monsters : The Ed Gein Story, troisième monture de son anthologie criminelle après l'agressivement rebutante mini-série sur Jeffrey Dahmer et la romantisation irritante et abjecte des crimes des frangins Menéndez, qui condensait, sur le papier, plusieures obsessions qui irriguent l'œuvre du papa de Glee : l'exploration des arcanes du pouvoir et de ses abus brutaux, où comment les coups de sang de l'élite se voient continuellement sanctifiés dans les reliques de l'histoire moderne, à travers les lois impénétrables du pouvoir de l'argent, de l'acharnement médiatique et de l'adoration perverse du publique.
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Bonne nouvelle - où pas - cette nouvelle salve d'épisodes chapeautée par Ian Brennan et centrée sur le Boucher de Plainsfield pousse le bouchon du vulgaire et du malsain encore un peu plus loin, exploration fascinée des méandres de la psychologie brisée et brutale d'un monstre/pilleur de tombes/tueur en série dont l'isolement profond et la schizophrénie couplés à une psychosexualité réprimée et une obsession dévorante pour son autoritaire de mère, l'ont conduit sur une voie de perversité et de brutalité proprement insoutenable.
Actes abominables qui ont, au fil des décennies, déjà nourris plus que de raison diverses créativité artistiques, et encore plus les artisans du septième art (Psychose, Massacre à la Tronçonneuse, Le Silence des Agneaux,...) comme une culture populaire américaine - mais pas que - qui n'a jamais eu peur de starifier ses monstres.
Plus Dahmer que Menéndez donc, mais surtout encore plus éloignée de la réalité que pouvait l'être ses deux aînées (jusqu'à inventer des faits, ce qui rend encore plus douteux l'opportunisme évident qui caractérise depuis ses débuts cette saga anthologique), la série s'attache moins à la véracité des faits (quitte à, une fois encore, totalement délaisser ses victimes) qu'à la notion d'héritage et de fascination perverse de l'humanité pour les faits divers (quitte à presque absoudre la violence de Gein, en repoussant sa responsabilité sur ceux qui l'idolâtre et en font une icône), à travers une narration poussive qui condamne moins sa figure titre qu'elle tente excessivement de la valoriser (en affirmant même qu'il a aidé à l'arrestation de Ted Bundy), tout en se vautrant dans un sensationnalisme écoeurant qui n'amène dans l’imaginaire glauque et bordélique qu'elle concocte, qu'à la validation pure et simple de sa brutalité inhumaine, et non à une vraie réflexion sur notre propre rapport - fasciné et déviant - à la violence et aux psychopathes.
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De rationalisation à fétichisation, il n'y a qu'un pas que le show franchit sans sourciller (tout comme loucher sans subtilité sur feu la vénérée Mindhunter, dans son dernier épisode), comme ceux du voyeurisme abject et de l'interprétation loufoque, face à laquelle l'interprétation particulièrement investie de Charlie Hunnam (tout comme celles des fantastiques Laurie Metcalf et Suzanna Son) ne sert même pas de garde-fou.
Délire déglingué (Holocauste, transidentité, pop-culture : tout y passe) et complaisant, Monsters : The Ed Gein Story est plus consternant et terrifiant que captivant mais au fond, est-ce si surprenant ?
Jonathan Chevrier



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