Breaking News

[CRITIQUE] : Le Gang des Amazones


Réalisatrice : Melissa Drigeard
Acteurs : Lyna Khoudri, Izïa Higelin, Laura Felpin, Mallory Wanecque, Kenza Fortas,...
Distributeur : Apollo Films
Budget : -
Genre : Drame, Policier.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 2h05min.

Synopsis :
Au début des années 90, cinq jeunes femmes, amies d’enfance, ont braqué sept banques dans la région d’Avignon. La presse les a surnommées “Le Gang des Amazones”. Ce film est leur histoire.





On ne peut pas réellement dire que l'on avait laissé le cinéma encore naissant de la cinéaste Melissa Drigeard, sur une note des plus enthousiasmantes avec Hawaii, wannabe comédie dramatique dans la droite lignée des Petits Mouchoirs de Guillaume Canet (de sa distribution particulièrement musclée à ses élans sentimentalo-lourdingues), qui voyait une poignée d'amis partis en vacances sur l'île, se dire ses quatre vérités en pensant que leur fin était proche - la faute à une alerte annonçant que des missiles balistiques dégainés par la Corée du Nord, se dirigent tout droit vers eux.

Une fausse alerte finalement, qui plongera tout le monde - spectateur compris - dans un cauchemar amicalo-familial peu empathique ni franchement drôle, où une rancœur générale faîte de reproches faciles autant que d'insultes épuisées avant même d'être assénées (avec même un petit relan de lutte des classes comme dessert), venaient gangrenner une amitié entre quarantenaires caricaturaux qui peinaient douloureusement à prendre vie à l'écran.
Bonne nouvelle, c'est vers une histoire plus attrayante et à la narration un chouïa plus musclée, qu'on la retrouve en ce mois de novembre particulièrement ensemble en propositions avec Le Gang des Amazones, qui marque sa première franche incursion du côté du drame.

© Marine Danaux_2024 CHEYENNE FEDERATION - FRANCE 2 CINEMA - BENUTS - FEDERATION PICTURES

Une incursion pas banale pour un sujet qui l'est tout autant : s'attacher à conter, tout en laissant planer une louable ambiguïté derrière les véritables intentions de ses anti-héroïnes titres, la véritable (et pour le coup dingue), l'histoire du dit " Gang des Amazones ", cinq jeunes femmes qui se sont rendues coupables d’une série de sept braquages dans le Vaucluse, entre janvier 1989 et juillet 1990, moins par pur esprit de gaudriole que par le désir de répondre brutalement à une adversité qui n'a eu de cesse de les bousculer - à différentes échelles, entre violences, précarité et humiliations.
Où comment dans la France d'hier - comme d'aujourd'hui -, franchir les limites de la loi devient la seule solution pour (sur)vivre avec dignité.

Joliment éloigné - et heureusement - du mémorable (pour les mauvaises raisons) Les Braqueuses de Jean-Paul Salomé, particulièrement bien documentée même s'il ne peut aborder que les grandes lignes de son fascinant sujet (tout en, paradoxalement, ne s'excluant pas quelques longueurs superflues), le film tisse sa toile entre le drame intime matiné de polar et la poignante chronique sociale célébrant de manière authentique l'élan de sororité liant ces jeunes femmes, quand bien même il se laisse miner par quelques scories hautement dommageables, d'une mise en scène un poil trop scolaire pour son bien à une caractérisation bien trop sommaire de ses personnages, heureusement relevés par la partition enlevée et chorale de sa solide distribution vedette (Lyna Khoudri et Izïa Higelin en tête).

Imparfait donc mais joliment humain.



Jonathan Chevrier