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[CRITIQUE] : La bonne étoile


Réalisateur : Pascal Elbé
Acteurs : Benoît Poelvoorde, Pascal Elbé, Audrey Lamy, Zabou Breitman,...
Distributeur : UGC Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
France 1940, Jean Chevalin et sa famille vivent dans la misère après que ce dernier a jugé bon de… déserter ! La situation n’est plus tenable. Convaincu que « certains » s’en sortent mieux, Chevalin a une brillante idée : se faire passer pour juifs afin de bénéficier de l’aide des passeurs pour accéder à la zone libre. De malentendus en révélations, il va entrainer sa famille dans ce grand périple qui déconstruira ses préjugés un à un...




On avait laissé pendant réalisateur de l'excellent Pascal Elbé sur une note toute aussi tendre que personnelle, la comédie romantique On est fait pour s'entendre, fable feel good humble et touchante qui offrait un regard juste sur le handicap (il traitait avec pudeur - mais sans trop de profondeur, certes - de la perte de l'audition, avec un vrai travail sur le son), une oeuvre un tantinet naïve (dans le bon sens du terme), mais porté par un capital sympathie énorme et des personnages gentiment empathiques (tous croqués avec amour et incarnés avec malice par une distribution totalement vouée à sa cause, la complicité du duo Kiberlain/Elbé en tête).

Avec son nouvel effort, La Bonne étoile, le comédien et cinéaste tente de s'adresser avec résolument plus d'audace à son auditoire, au détour d'une comédie dramatique funambule à l'entreprise sensiblement plus complexe : faire rire autant qu'émouvoir le spectateur, dans une France en pleine occupation allemande et avec une histoire vissée aux aternoiments d'un déserteur sensiblement antisémite, se faisant volontairement passer pour un juif pour avoir un " avenir meilleur ".
Monumentale erreur hein...

Copyright UGC Distribution

Un pari hautement casse-gueule voire même franchement douteux sur le papier (encore plus dans le contexte social et géo-politique actuel) et qui, inéluctablement, croule de toute sa pellicule sous le poids de la maladresse voire de la niaiserie glucosée la plus totale (pensez La vie est belle de Roberto Benigni), au détour d'une narration jouant férocement avec la suspension d'incrédulité comme avec les stéréotypes d'époque, sorte de leçon d'histoire à la morale universaliste qui a néanmoins le bon ton de placer la majorité de son humour sur l'idée de rire de la bêtise de son personnage titre (un Benoît Poelvoorde savamment en roue libre, et qui sauve comme il le peut les meubles), à l'évolution expéditive.

Dégainant de jolies pistes (la résistance du point de vue féminin, le choc des cultures sous le prisme d'une violence implacable) sans jamais véritablement chercher à les approfondir, prêchant l'humour sans le rendre suffisamment incisif (quelques sourires, et encore), La Bonne étoile n'est, justement, pas assez né sous la bonne - et encore moins sous celle d'un montage éclairé -, et incarne une comédie dramatique aux intentions potentiellement louables, mais à l'exécution malheureusement à l'opposée.


Jonathan Chevrier