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[CRITIQUE] : I Live Here Now


Réalisatrice : Julie Pacino
Acteurs : Madeline Brewer, Lucy Fry, Sheryl Lee, Matt Rife, Cara Seymour,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame, Thriller, Épouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h25min.

Synopsis :
Hantée par les réminiscences d’un trauma d’enfance, Rose, une jeune actrice enceinte, se retrouve coincée dans un hôtel isolé dont les occupantes ont des comportements inexplicables.



Force est d'admettre que le principal attrait entourant la vision d'un film tel que I live here now, résidait dans la curiosité - plus ou moins malsaine, restons honnête - de voir si Julie Pacino, fille du grand Al, allait commencer à suivre les glorieux pas de son illustre père au cœur de la Jungle Hollywoodienne (plus très glorieux aujourd'hui certes, mais là n'est pas le sujet et le bonhomme n'a strictement plus rien à prouver), ou ceux définitivement plus sombre de la pluie de nepo babies aux talents fuyants, comme l'industrie contemporaine les compte par dizaine (quand bien même on les retrouve plus devant que derrière la caméra).
Après tout, les pommes ne tombent jamais très loin du pommier, non ?

Une piste de réponse résidait presque dans le choix de la wannabe cinéaste de continuer à s'inscrire dans la veine d'un fantastique résolument dense et aux antipodes du ciné de son cher padre, à la différence d'une Ishana Night Shyamalan qui, pour son premier effort, décidait de se placer dans les chaussons tout en velours de son père (Les Guetteurs, dont la fantaisie folklorique et celtique citait sensiblement l'excellent Le Village), au point de jamais montrer une once de sa personnalité.

© PUNCH ONCE PRODUCTIONS /  Tiny Apples

Bonne pioche, tant elle impressionne (tout comme pour ses excellents courts-métrages Abracadabra, Nowhere to Go où encore Hard Work) gentiment dans sa manière de jongler avec ses différences références/influences (le polar Hitchcockien, le giallo,...) à travers un joli trip surréaliste et psychologique vissée sur une actrice brisée et en pleine crise existentielle - excellente et trop rare Lucy Fry - dont l'intrigue, volontairement minimaliste et linéaire (mais aussi et surtout méchamment alambiquée), scrute le moindre recoin sombre alors qu'elle fuit un compagnon égocentrico-toxique, et qu'elle se refugie dans un hôtel miteux (dont l'aspect labyrinthique se fait le reflet direct de sa psyché instable) après avoir appris être enceinte - alors qu'elle se pensait stérile.

Fable onirique et macabre aux décors kafkaïens en diable et à la structure gentiment elliptique, façonnée par une cinéaste fascinée par les fractures et les cicatrices intimes de personnages désorientés, I live here now assume tout du long son ambivalence, même dans ses travers, et incarne un premier long-métrage audacieux et cauchemardesque comme on en voit peu.
La naissance, peut-être, d'une nouvelle filmographie Pacino-esque à suivre de très, très près.


Jonathan Chevrier