[CRITIQUE] : Dìdi
Réalisateur : Sean Wang
Acteurs : Izaac Wang, Joan Chen, Shirley Chen, Chang Li Hua,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h33min.
Synopsis :
Californie, été 2008. A 13 ans, Chris, alias Didi, grandit entre deux mondes. À la maison, on parle chinois, et on respecte les coutumes, sous la surveillance de Chungsing, la mère de famille ; dehors, c'est le royaume de la liberté, entre le skate, les potes et les premiers émois. Pour Chris, cet été sera celui de toutes les expériences, comme pour dire adieu à son enfance.
Et si le teen movie renaissait définitivement de ces cendres, après plus d'une décennie - voire deux - à subir les outrages d'une vague de potacherie aiguë et de dystopies adolescentes indigestes ?
Dans un genre sclérosé, comptant approximativement un chef-d'oeuvre pour quarante-douze bouses totalement consenties, l'espoir reste toujours vivace à une heure où le regretté John Hugues, dont l'œuvre commence à méchamment subir les affres du temps (certes, il faut toujours replacer les films dans le contexte de leur époque, mais cela n'excuse quand-même pas tout), ne doit pas cesser d'aligner les loopings de dépit dans sa tombe.
Depuis quelques temps cela dit, force est d'avouer que l'on aperçoit tout de même le bout du tunnel avec un enthousiasme non feint, notamment à travers des divertissements majoritairement européens (et bien de chez nous) qui tranchent avec le manque de créativité/d'audace qui a longtemps caractérisé le genre - la faute à la production nord-américaine.
Bonne nouvelle pour nos cousins ricains, Dean Wang et son sensiblement autobiographique Dìdi, vient sauver de sa torpeur la production de l'oncle Sam, et nous ramener au bon souvenir du 90s de Jonah Hill - voire du Dope de Rick Famuyiwa - avec un beau et trépidant récit initiatique d'un gamin de treize piges, à travers le prisme rare de la diaspora asio-américaine (et d'une famille gentiment dysfonctionnelle, dont une figure maternelle incroyablement touchante dans les regrets qu'elle porte sur sa vie).
D'une sincérité à fleur de peau, au plus près des affres de l'adolescence allant de ses béguins pas toujours heureux à ses liens d'amitiés loin d'être plus évidents (avec le danger de projeter une image fausse de soi-même), partagés ici entre l'essor des réseaux sociaux et la propension presque irréelle d'un ado férocement anxieux (au sens de l'humour corsé et à la timidité exacerbée, même s'il se montre capable d'en jouer) à s'auto-saborder avec une maladresse gourmande, Wang croque un portrait certes (trop) éparpillé mais authentique des angoisses comme des frustrations de la jeunesse, sans avoir à se perdre dans un prévisible arc rédempteur.
Comme le film, on aime Chris/Dìdi, aussi et surtout avec ses (maigres) défauts.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Izaac Wang, Joan Chen, Shirley Chen, Chang Li Hua,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h33min.
Synopsis :
Californie, été 2008. A 13 ans, Chris, alias Didi, grandit entre deux mondes. À la maison, on parle chinois, et on respecte les coutumes, sous la surveillance de Chungsing, la mère de famille ; dehors, c'est le royaume de la liberté, entre le skate, les potes et les premiers émois. Pour Chris, cet été sera celui de toutes les expériences, comme pour dire adieu à son enfance.
Et si le teen movie renaissait définitivement de ces cendres, après plus d'une décennie - voire deux - à subir les outrages d'une vague de potacherie aiguë et de dystopies adolescentes indigestes ?
Dans un genre sclérosé, comptant approximativement un chef-d'oeuvre pour quarante-douze bouses totalement consenties, l'espoir reste toujours vivace à une heure où le regretté John Hugues, dont l'œuvre commence à méchamment subir les affres du temps (certes, il faut toujours replacer les films dans le contexte de leur époque, mais cela n'excuse quand-même pas tout), ne doit pas cesser d'aligner les loopings de dépit dans sa tombe.
Depuis quelques temps cela dit, force est d'avouer que l'on aperçoit tout de même le bout du tunnel avec un enthousiasme non feint, notamment à travers des divertissements majoritairement européens (et bien de chez nous) qui tranchent avec le manque de créativité/d'audace qui a longtemps caractérisé le genre - la faute à la production nord-américaine.
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Copyright Focus Features |
Bonne nouvelle pour nos cousins ricains, Dean Wang et son sensiblement autobiographique Dìdi, vient sauver de sa torpeur la production de l'oncle Sam, et nous ramener au bon souvenir du 90s de Jonah Hill - voire du Dope de Rick Famuyiwa - avec un beau et trépidant récit initiatique d'un gamin de treize piges, à travers le prisme rare de la diaspora asio-américaine (et d'une famille gentiment dysfonctionnelle, dont une figure maternelle incroyablement touchante dans les regrets qu'elle porte sur sa vie).
D'une sincérité à fleur de peau, au plus près des affres de l'adolescence allant de ses béguins pas toujours heureux à ses liens d'amitiés loin d'être plus évidents (avec le danger de projeter une image fausse de soi-même), partagés ici entre l'essor des réseaux sociaux et la propension presque irréelle d'un ado férocement anxieux (au sens de l'humour corsé et à la timidité exacerbée, même s'il se montre capable d'en jouer) à s'auto-saborder avec une maladresse gourmande, Wang croque un portrait certes (trop) éparpillé mais authentique des angoisses comme des frustrations de la jeunesse, sans avoir à se perdre dans un prévisible arc rédempteur.
Comme le film, on aime Chris/Dìdi, aussi et surtout avec ses (maigres) défauts.
Jonathan Chevrier