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[CRITIQUE] : 13 jours, 13 nuits


Réalisateur : Martin Bourboulon
Avec : Roschdy Zem, Lyna Khoudri, Sidse Babett Knudsen, Christophe Montenez,...
Distributeur : Pathé Films
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h52min

Synopsis :
Kaboul, 15 août 2021. Alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le territoire, les Talibans prennent d’assaut la capitale et s’emparent du pouvoir. Au milieu du chaos, des milliers d’afghans tentent de se réfugier dans le dernier lieu encore protégé : l’Ambassade de France. Seuls, le commandant Mohamed Bida et ses hommes en assurent la sécurité. Pris au piège, il décide de négocier avec les Talibans pour organiser un convoi de la dernière chance avec l’aide d’Eva, une jeune humanitaire franco-afghane. Commence alors une course contre la montre pour évacuer les réfugiés jusqu’à l’aéroport et fuir l’enfer de Kaboul avant qu’il ne soit trop tard.

D'après l'incroyable histoire vraie du Commandant Mohamed Bida (d'après le roman éponyme aux Editions Denoêl).




Curieuse trajectoire - mais pas inintéressante malgré tout - prise au fil du temps par la carrière de Martin Bourboulon, lui qui est passé de deux comédies potacho-familiales vraiment réussies (enfin, surtout Papa et Maman premier du nom) à un biopic historico-romancé à la production problématique (Eiffel), avant de chapeauter sans trop d'envie ni d'ambition, l'adaptation sensiblement opportuniste d'un pavé littéraire à la popularité plus qu'éprouvée (le ronflant diptyque Les Trois Mousquetaires).

Son nouvel effort derrière la caméra impose encore un peu plus d'étirement à ce que l'on peut comme un grand écart JCVD-esque : 13 jours, 13 nuits, une nouvelle adaptation d'un ouvrage non plus écrit par Alexandre Dumas mais bien par le commandant Mohamed Bida, anciennement en poste à l’Ambassade de France à Kaboul - 13 jours, 13 nuits dans l’enfer de Kaboul.

Copyright Jérôme Prébois

Soit une péloche qui se revendique comme une mise en images tout aussi grave que sérieuse des treize jours - tout est dans le titre, Sherlock - qui ont suivi la prise de la capitale par les talibans, après le retrait des troupes américaines, à travers l'opération d'exfiltration complexe des réfugiés afghans cachés au cœur de l'Ambassade de France - alors ultime lieu sécurisé de la ville.
On est loin de la guéguerre que pouvait se livrer deux parents pour ne pas avoir la garde de leur progéniture donc - et le mot est faible - pour ce qui se rêve en simili-cousin fleurant bon le frometon des hauts faits de Queen Kathryn Bigelow, mais qui est avant tout et surtout frappé par la subtilité et la délicatesse fuyante du Argo de tonton Ben Affleck.

La pellicule coincée entre le film de guerre - plus ou moins - sous tension et le film de siege intimiste, Bourboulon, dont on ne pourra pas reprocher de savoir distiller une ambiance particulièrement oppressante et efficace, voit néanmoins se diluer toutes ses bonnes intentions sous le poids écrasante d'une écriture amorphe et dénué de substance comme de nuances, à l'image de personnages croqués à la pioche ébréchée, dont la caractérisation est sacrifiée sur l'autel d'un contexte certes assez bien détaillé, mais qui ne sert que trop peu une narration poussive et à la mécanique redondante (voire risible, quels dialogues...), que ne vient jamais totalement relevé un montage pourtant assez dynamique (et Bigelow-esque, encore une fois), ni une mise en scène solide (dont quelques plans-séquences et autres gros plans plutôt bien amenés, jamais totalement plombés par une photographie au filtre jaune absolument dégueulasse).

Copyright Jérôme Prébois

Expurgé d'un certain sensationnalisme putassier tout en étant, dans le même mouvement, cousu de fil blanc et exempt de toute réflexion géopolitique, 13 jours, 13 nuits, qui fait tapis sur l'action musclée tout en misant assez finement sur l'abattage investi de sa jolie distribution (Roschdy Zem, Lyna Khoudri et Sidse Babett Knudsen, des valeurs sûres), réussit étonnamment à divertir au détour d'une expérience singulièrement didactique qui, ironiquement, se soucie à coups de cartons sur la condition du peuple afghan, sans jamais se borner à lui donner la parole à l'écran.

On n'est pas aussi éloigné de nos cousins ricains qu'on le pensait, finalement...


Jonathan Chevrier